Imoca Groupe Dubreuil • Vendée Globe
Sébastien Simon : "C’est bon de se réveiller et de découvrir qu’on est en tête "
mercredi 18 décembre 2024 –
Le Vendéen de 34 ans s’est emparé de la première place du Vendée Globe au classement de 19h mardi 17 décembre, après 37 jours de course. 10 jours après la casse de son foil tribord, le skipper a fait preuve d’une combativité sans faille qui lui a permis de compenser le déficit de vitesse de son monocoque Groupe Dubreuil. À 3h ce mercredi matin, Sébastien Simon pointe toujours en tête devant Charlie Dalin et Yoann Richomme. Et il ne boude pas son plaisir !
« Wouhooooouuuu !!!! C’est bon de se réveiller et de découvrir qu’on est en tête », se réjouissait Sébastien Simon ce mardi soir. « C’est assez fou, j’ai eu du vent, je pense un petit peu par derrière, qui m’a permis de rattraper les deux premiers et ensuite je pense que j’ai une trajectoire beaucoup plus tendue que mes concurrents. En tout cas ça fait du bien au moral. » Le skipper Groupe Dubreuil a de quoi se réjouir ! Avec un bateau asymétrique qui a perdu environ 30% de son potentiel de vitesse en bâbord amures - depuis qu’il a perdu son foil tribord le 7 décembre alors qu’il naviguait en bordure de la zone des glaces, entre les îles Kerguelen et le sud-ouest de l’Australie -, il avait réussi à se maintenir en deuxième position jusqu’à la nuit du 14 au 15 décembre.
« Ce n’est pas fini ! »
Tout juste entré dans l’océan Pacifique (le 13 décembre), « la lumière devant mon étrave », qu’il espérait tant après un Indien particulièrement rude, Sébastien Simon a ensuite littéralement vu son concurrent Yoann Richomme le doubler entre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande. Les deux compères se sont retrouvés bord à bord après 12000 milles (22224 kilomètres) parcourus en 35 jours de course… « Ce n’est pas ce qu’il y a de plus agréable de se faire doubler comme ça, c’est un peu injuste mais ça fait partie du jeu », avoue-t-il avec un flegme incroyable dans une vidéo envoyée du bord, où on le voit regarder l’IMOCA Paprec Arkéa - plus toilé car moins gîté - inévitablement plus rapide que son Groupe Dubreuil. « Sans foil, je ne peux pas faire grand-chose. Mais ce n’est pas fini, encore 80 milles bâbord puis nous serons tribord amures pendant 2000 milles », rassure Seb’ qui n’a rien perdu de sa motivation.
Le schéma météo lui permet heureusement d’envisager de jouer à nouveau avec un bateau à 100% de son potentiel grâce à un long bord tribord qui doit mener le trio de tête jusqu’au milieu de l’océan Pacifique, direction le ’point Nemo’. « Je garde espoir. Il y a sûrement quelque chose de sympa à faire donc je reste accroché. De toute façon, mon objectif était de finir le Vendée Globe donc il faut que je garde ça en tête. »
Depuis le début de ce tour du monde en solitaire « d’une intensité incroyable » qui « est passé hyper vite », le Vendéen fait sa trajectoire, sa course. Il y a toujours quelque chose à faire, la fatigue qui se fait sentir, le manque de temps pour soi, la difficulté à s’alimenter, le rythme difficile à trouver avec plus de 12 heures de décalage horaire. Mais le moral reste bon. « C’est ça que j’étais venu chercher, donc je suis plutôt content. Les routages font sourire car ils nous feraient passer le cap Horn aux alentours du 26 décembre. Ce qui serait un peu en avance sur le temps d’Armel (Le Cléac’h) et un joli cadeau de Noël », se réjouit le skipper qui aimerait avoir du soleil et un peu de temps calme « mais pas trop quand même, juste de quoi sortir du cockpit prendre l’air après avoir passé des jours et des jours enfermé dans l’humidité ».
Tout schuss vers les Sables d’Olonne
« C’est sûr, maintenant la maison est plus proche de l’étrave que du tableau arrière », s’est-il réconforté en ce début de semaine après avoir passé l’antiméridien. Dans ce début de chevauchée pacifique en troisième position, la progression vers l’est à haute vitesse n’a d’abord pas été facile avec « un vent très instable, la mer courte, le bateau qui a tendance à planter, c’est très dur de garder une bonne vitesse moyenne. » Puis le soleil est revenu et avec lui « des conditions qui rappellent l’Atlantique ». « C’est parti à bord de Groupe Dubreuil, on file à 26 nœuds dans le Pacifique ! C’est cool d’être tribord amures, j’en profite au maximum parce que là j’ai mon foil bâbord et je peux exploiter 100% du potentiel du bateau. J’y prends beaucoup de plaisir. La mer s’est bien rangée. Ça fait du bien aussi quand ça s’arrête un peu », profite-t-il lors d’une accalmie.
« J’ai ma place dans ce Vendée Globe »
Quand on lui demande s’il garde un œil sur le groupe des poursuivants, désormais à plus de 550 milles d’écart (plus de 1000 kilomètres), Sébastien redoute le moment où il va se retrouver bâbord amures mais préfère « profiter de l’instant présent. C’est incroyable ce qu’il se passe, je suis à nouveau - pour la 5e ou 6e fois - en tête du Vendée Globe. Vraiment ça fait plaisir. J’étais venu là pour finir un Vendée Globe et en fait mes ambitions sont toutes autres aujourd’hui. Avec la casse d’un foil ça va être beaucoup plus compliqué, mais je garde espoir et j’ai envie de me donner à fond. Aujourd’hui ça conforte le fait que j’ai ma place dans ce Vendée Globe. »
– Communiqué Cécile Gutierrez / www.groupedubreuilsailingteam.com