#MothWorlds
Benoit Marie : "je finis ce championnat du monde [de Moth à foils] en Australie 17e/122"
jeudi 19 décembre 2019 –
17 ème / 122 concurrents et 2 ème Européen, ce sont les résultats de Benoît après cinq jours de courses acharnées sur le plan d’eau de Swan River à Perth en Australie. Entre vent fort, concurrence très rude et affûtée, chaleur et plan d’eau instable, ce championnat aura donné du fil à retordre à notre skipper volant. Il raconte :
Benoît, peux-tu nous faire un récapitulatif de ta semaine ?
"Une première journée mitigée, avec une chute à 30 sec du départ et un sac plastique coincé dans mon foil sur un bord et donc un dessalage obligatoire pour m’en tirer, je termine 15-6 et 13e.
Sur le deuxième jour de course, je pense avoir fait un mauvais choix de foil, je n’étais pas très rapide au portant avec mon grand foil sur les deux premières manches, j’ai tout de même réussi à accrocher deux manches de 11e, puis une dernière de 38e à cause de la rupture de mon écoute, j’étais 5e et le temps de réparer j’ai perdu un nombre incalculable de places. J’ai réussi toutefois à assurer ma place dans le rond or et croyez moi ça ne rigolait pas du tout.
Tout le monde était rapide et faisait peu d’erreurs, les premiers étaient intouchables… Au portant il fallait descendre avec les pressions et les risées très marquées tout en évitant les vagues des ferries. Sur le troisième jour j’ai continué à me battre malgré du vent forcissant et je rentre des manches de 27 -17 - 18 dans une météo plus que sportive et où mon poids léger ne m’avantage pas vraiment.
Sur l’avant dernière journée, je suis remonté à la 18e place du classement après les résultats suivants : 20 - 17 - 13 - 23. Ce fût une journée de guerrier avec de la brise forte, et des grosses instabilités surtout en haut du parcours où les rafales descendaient comme des coups de poings. Il fallait travailler sans relâche les appuis, l’écoute et la barre, pour passer à travers les molles à environ 10 noeuds donc en recherche d’appui.
Et enfin, une belle cinquième et dernière journée avec des conditions faibles (8-11 nds) qui me vont particulièrement bien, mon bateau était rapide dans ces conditions avec mon grand foil. Je suis incroyablement content d’avoir fait le premier tour de la première manche en tête de la flotte avec 18 secondes d’avance sur le deuxième à la marque sous le vent. Sur le second bord de près malheureusement, je suis tombé dans une zone avec un peu moins de vent que les autres mais je finis tout de même 4e de la première manche !
Deuxième manche, j’ai bien tiré dans les sangles ces derniers jours et sur ce cinquième jour de course la fatigue commence à se faire vraiment sentir. Difficultés sur le départ et premier bord de près pas facile, il me manquait sans doute un peu de lucidité à cause de ces jours à tirer sur le bonhomme et j’ai loupé mes deux premiers virements de bord, je passe environ à la 30e position à la première marque au vent. Puis je me suis re-concentré, j’allais vraiment très très vite dans ces conditions, et j’ai remonté toute la flotte pour finir en 6e position un tour et demi plus tard.
Je suis vraiment content parce que sur ces deux manches j’étais vraiment dans un bon état d’esprit malgré la fatigue qui se faisait bien ressentir sur chacune des manoeuvres, mais c’était le cas pour tout le monde. "
Quelles sont tes impressions sur ce championnat ?
"Un niveau un cran plus élevé que ce à quoi je m’attendais, les Australiens sont clairement très très forts dans de la brise. Cependant, je finis ce championnat du monde d’Australie sur une superbe note, je gagne une place au classement général seulement pour finir 17e/122, je suis globalement super content de ce championnat même si dans ma tête j’aurais aimé faire mieux que ça.
Avec du recul et sur un championnat de brise et avec un bateau pas forcément hyper adapté à la brise, et bien je suis quand même assez content. Je suis un des plus léger devant, et les 10 premiers sont allés aux JO et d’autres se préparent à la coupe de l’America, ou la Volvo Ocean Race, donc d’être juste derrière eux c’est quand même vachement bien."
Quelles étaient les conditions météo sur place ?
"Il faisait très très chaud, en moyenne 40° chaque jour, cela nous demandais une grande prudence au niveau de l’hydratation. On a toujours eu entre 14 et 24 noeuds de vent, donc des conditions de vent plutôt soutenues. Sauf sur la dernière journée où on a eu des conditions marginales de vent : 8 à 11 noeuds."
Les difficultés que tu as rencontrées ?
"Mis à part mon gabarit (poids un peu léger pour la force de vent rencontrée), ma plus grande difficulté à été l’endurance. Cinq jours au rappel, avec une flotte d’acharné, si je loupais un virement je perdais 10 place en deux secondes, si je loupais une layline c’était 15 places. Au moindre truc que je lâchai je pouvais compter deux bateaux par seconde à passer devant moi, donc c’était hyper dur mais tellement formateur, car la j’ai côtoyé le plus haut niveau du monde et c’est quand même pas tous les jours."
Quelles ont été tes réussites ?
"Je suis assez content de ma tactique, en fait c’était un plan d’eau où tout se passait à gauche. C’est à dire qu’au près, quasiment tous les bords étaient à gauche ce qui rendait le jeu moins ouvert tactiquement parlant. Par contre, il y avait quand même le placement des manoeuvres à passer au près et au portant et le mode de navigation à choisir, c’est à dire rapide et bas en angle ou lent et haut en faisant du cap. C’est le gros point intéressant de ce bateau, de pouvoir choisir son mode de navigation pour pouvoir faire des gros gains en fonction de l’évolution du vent.
Je trouve que je m’en suis globalement pas mal sorti malgré le fait que je ne sois pas très rapide, j’ai quand même gagné pas mal de terrain en tactique. Une petite victoire pour moi. Sans parler de mes deux dernières manches sur ce championnat où je termine à la 4e et 6e place."
As-tu une anecdote à nous partager ?
"Oui, une anecdote un peu chaude, avant le départ de la première manche du quatrième jour. Je lance un virement de bord et j’entends un grand cri derrière moi, je me retourne et vois un bateau en train de foncer sur moi, on s’est évités à 15cm, j’ai tiré la barre et je me suis planté. C’était un peu chaud mais ça résume bien le niveau de la flotte, c’est à dire que c’est hyper compact et on navigue à touche-touche. La réactivité étant le maître mot sur le plan d’eau."
Un petit mot de la fin ?
"C’est la dernière fois que je naviguai sur ce bateau là, et ça fait toujours un petit pincement au coeur, de dire merci à mon bateau en tirant le dernier bord vers le retour au port…J’y suis beaucoup attaché car il m’a beaucoup apporté, donc un grand merci à ma « Jess ».
Je souhaite aussi adresser un très grand bravo à Tom Slingsby qui gagne le championnat un jour avant la fin en ayant raflé la première place sur quasiment toutes les manches, bravo aussi à Kyle Langford pour sa deuxième place, et à Tom Burton pour sa 3 ème place.
Un immense bravo à David Campbell Jones, le comité de course, qui a été exceptionnel comme d’habitude, c’était un immense plaisir de l’avoir pour nous cette semaine."
– Communiqué Aurélie Fercot / www.benoitmarie.com