Bilan course
37e America’s Cup : le gagnant et les perdants de la Coupe de l’America
mercredi 23 octobre 2024 –
Le plus vieux trophée sportif du monde ne déroge pas à sa maxime établie il y a plus de 170 ans, « il n’y a pas de second ». Et donc, qu’un seul vainqueur. Ce vainqueur étant, pour la 3e fois consécutive - la 5e au total - le Royal New Zealand Yacht Squadron. Le club et son équipe, Emirates Team New Zealand, sont les grands gagnants de cette 37e édition de la Cup. A eux (encore) de définir les termes de la prochaine édition pour laquelle les perdants vont devoir élever leur niveau de jeu.
Gagnant : Emirates Team New Zealand
La performance d’Ineos Britannia lors de la Louis Vuitton Cup pouvait laisser croire que le meilleur des challengers serait au niveau du Defender pour tenter de lui ravir l’aiguière d’argent. Il n’en a rien été. Il y avait un détail pourtant suspect lors des régates qu’avait disputées le bateau kiwi avant la sélection du Challenger : cette façon de mener le monocoque volant à la contre-gîte. Méthode qu’aucun autre adversaire ne parvenait à réaliser. Lors des 9 matches disputés sur la Coupe, de 7 à plus de 15 noeuds, les Kiwis ont montré qu’ils maitrisaient avec art cette technique en naviguaient ainsi avec 1 à 3 noeuds de vitesse en plus et des VMG de folie. Au portant dans la brise, pourtant point fort de Britannia, le foiler néo-zélandais a été capable de tracer une route digne d’un windfoiler. Impressionnant. La domination des Néo-Zélandais s’est même accrue au fil des régates. Les victoires n°5 et 6 se bouclées avec un kilomètre d’avance. Où était le second ? La dernière victoire qui se joue en 3 allers-retours montre un relâchement lors du 2e tour. Les Anglais reviennent puis se font déposer lors du dernier tour. Il n’y a pas eu de second. Ni de seconds (au pluriel) !
Perdante : la selection du Challenger
S’il n’y a pas eu de second sur la Coupe de l’America, c’est que la sélection du Challenger a été un échec. Le niveau de préparation des candidats était quasi « amateur ». Que les Français arrivent en observateurs à Barcelone, cela se comprend. Ils visent la prochaine édition (si les sponsors les suivent). Même s’ils avaient un beau bateau dont les plans étaient fournis par les Kiwis, ils n’avaient que 10 jours d’entraînement à bord. C’était donc déjà un exploit d’être présent en Espagne. Mais que penser de la performance des Suisses qui ont disposé d’un bateau d’occasion et fait construire un bateau neuf ? Des Américains, moins ridicules que lors de la précédente éditions mais loins d’être au niveau des finalistes. Les Italiens ? Sortis en finale de la Louis Vuitton Cup à cause de problèmes matériels et de crashs. Enfin, les Anglais, lents dans le petit temps, rapides dans la brise (ce qui leur a réussi lors de la finale de la LVCup), mais loins du compte face aux Kiwis ? La faute à ces team ? Ou au règlement qui limite les entrainements et a bien bloqué la préparation des challengers. Espérons que la prochaine édition permettra aux équipes d’être bien plus performantes et qu’elles arrivent sur la LVCup au sommet de leur art.
Perdant : Ben Ainslie
Le plus grand régatier anglais n’a pas réussi le hold-up. Il n’a pas ramené la Cup en son pays pour la première fois depuis 1851. La victoire dans la Louis Vuitton Cup de son équipe et du bateau qu’il co-barrait avec Dylan Fletcher pouvait lui faire espérer entrer dans la légende de l’histoire anglaise du nautisme. Ce ne sera pas pour cette fois. Mais avec la sélection d’Ineos Britannia sur la Coupe et 2 matchs de remportés face aux Kiwis, il permet quand même de venger 60 ans d’absence d’un team anglais sur la Coupe et 90 ans sans gagner le moindre match. Douze ans après avoir monter son équipe en vue de participer à la Coupe de l’America, Sir Ben Ainslie a pu frôler son rêve. Ce sera peut-être pour la prochaine fois puisque le Royal Yacht Squadron est déjà confirmé comme Challenger of Record de l’AC38.
Perdante : la ville de Barcelone
Le plan d’eau de Barcelone a été parfait. Des Preliminary Races à la Coupe de l’America en passant par les régates en AC40, la Méditerranée a offert du vent quasiment tous les jours et des conditions changeantes, parfaites pour régater près des côtes. Mais les Espagnols se sont-ils vraiment intéressés à ces régates des Formule 1 des mers ? L’organisateur annonce 2 millions et demi de visiteurs en un mois sur le village de Barcelone. Le village du Vendée Globe, c’est sont 300 à 400.000 visiteurs par semaine avant le départ… en 2016. Soit deux fois moins seulement pour un départ unique. Coupe de l’America et Vendée Globe sont sans doute les deux plus grands événements nautique au monde. Il faudra attendre les bilans du Vendée Globe 2024 pour comparer et voir si les Barcelonais sont aussi passionnés de voile que les Vendéens. Les plans sur les directs vidéo qui montraient le public qui sirotait sa bière face à l’écran géant pouvait être trompeur. Il s’agissait principalement des familles et des invités des teams. Et autour du bateaux, on était loin des masses présentes à Auckland lors de la précédente édition. La prochaine quant à elle aura-t-elle lieu à Barcelone ? Dans le dernier communiqué d’Emirates Team New Zealand, Grant Dalton annonce déjà que Barcelone n’a pas assez de place pour accueillir d’autres bases alors qu’il s’attend déjà à voir de nouveaux challengers s’annoncer.
Perdant : le live vidéo et les retombées média des régates
Il a été fantastique de suivre les retransmissions en direct ou en replay sur le site de la Coupe via Youtube. On est loin de la Coupe organisée par les Américains avec des exclusivités réservées aux partenaires média. L’organisation a mis les moyens pour nous faire vivre ces régates au jour le jour. Personnellement, je n’en ai raté aucune, que ce soit en AC75 ou sur les turbulents AC40. Mais quand on regarde la page Youtube de cette édition de la Coupe, ont voit que ces lives font entre 300.000 et 400.000 points d’audience. La chaîne @americascup comptabilise 306.000 abonnés contre 107.000 pour celle du Vendée Globe et 180.000 pour celle de The Ocean Race. Le live du départ du Vendée Globe 2020 compte près de 500.000 vues pour sa version française (autant pour la version anglaise). Alors 300.000 vues pour les lives quotidiens de la Coupe, est-ce bien ? C’est 30 fois plus qu’un live de départ d’étape d’une Solitaire du Figaro 2024 qui n’est plus à ses sommets médiatiques. Donc, cela ne semble pas extraordinaire pour un événement international de cette ampleur. Grant Dalton annonce quand même une hausse de 50% des retombées média par rapport à la 36e édition. Il y a pourtant encore du boulot pour rendre la Coupe plus médiatique.
Ch.Guigueno