Bilan course
37e America’s Cup : le gagnant et les perdants de la Louis Vuitton Cup 2024
samedi 5 octobre 2024 –
Comment dit-on « there is no second » en italien ? La sélection du Challenger qui affrontera les Néo-Zélandais dans quelques jour pour la 37e édition du plus vieux trophée sportif du monde est terminée. Et ce sont les surprenants Anglais qui se sont imposés au terme d’une Louis Vuitton Cup pour laquelle il n’y a qu’un vainqueur. Les Italiens qui avaient participé à la dernière Coupe de l’America en 2021 sont tombés. Mais ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour les Néo-Zélandais qui ont pu voir exploser le niveau de leurs concurrents.
Gagnant : Ineos Britannia
Un peu aidés par des Italiens qui ont connu des problèmes techniques et ainsi offert de précieux points lors de la finale, l’équipe de Ben Ainslie a pas ou peu tremblé. Même lors du match final et alors que Luna Rossa parvenait à revenir dans son tableau arrière après la mi-parcours, Ineos Britannia est parvenu a conserver la maîtrise du match en conservant sa position entre la bouée et l’adversaire. Au final, les Anglais s’imposent 7 à 4. Leur bateau a montré qu’il était plus rapide et plus manoeuvrant que le concurrent italien. Les statistiques officielles présentées lors du dernier match montraient même une vitesse moyenne supérieure d’un noeud à celle du bateau gris. Plus rapides, plus agressifs, sans souci technique, les Anglais ont finalement logiquement gagné. Un Challenger anglais affrontera donc le Defender pour la première fois depuis 1964 et la défaite de Sovereign, un 12 MJI. Un autre temps. Au vu des performances de Britannia et de son équipage, les Anglais qui ont énormément progressé depuis le début des régates à Barcelone semblent à portée de l’exploit : ramener pour la première fois la coupe sans fond au pays…
Perdant : Luna Rossa Prada Pirelli
Lors des premières régates en Espagne, les Italiens semblaient être le tandem bateau - équipage le plus performant des challengers. Le bateau était beau, rapide ; Francesco Bruni et ses hommes semblaient les mieux préparés. Dans le petit temps, Luna Rossa se montrait au-dessus du lot, mais les conditions ont changé avec une finale de la Louis Vuitton Cup disputée dans la brise (entre 15 et 20 noeuds) et parfois dans une mer chaotique. Du coup, le beau bateau volant n’as pas été à la hauteur et laissé filé de précieux points. Bruni et Spithill n’affronteront pas les Néo-Zélandais sur la Coupe de l’America. La Cup se jouera entre Anglo-Saxons. Un bon point gagnant quand même pour les Italiens qui se sont imposés sur la Youth America’s Cup : la relève est déjà prête. Cela tombe bien, l’ère des bateaux volants à 50 noeuds ne fait que commencer.
Perdant : NYYC American Magic
Battus par les Italiens en demi-finale de la Louis Vuitton Cup, les Américains n’auront donc pas grand chose à se reprocher. La barre était bien trop haute. Et c’est une grosse désillusion pour la nation qui a tant dominé la Coupe de l’America. Le bateau était original mais il parait que la position de ses cyclistes lui aura été préjudiciable. Les navigateurs et armateurs du New York Yacht Club n’ont plus qu’à regarder la finale sur leurs écrans entre leurs deux concurrents historiques de l’ère primaire (les Anglais) et de l’ère moderne (les Kiwis) de la Cup.
Perdant : Alinghi Red Bull Racing Team
On aurait pu s’attendre à mieux de l’équipe qui a autrefois remporté le trophée. Ils s’étaient pourtant bien préparés en achetant un ancien bateau pour apprendre à maitriser ces magiques monocoques volants, puis en s’associant à l’équipe championne du monde de Formule 1 automobile pour concevoir leur bateau neuf. Mais l’énorme tableau arrière n’accueillera pas de coupes pour fêter de grandes victoires. Pire, alors que les meilleurs se disputaient la place de choix face aux Néo-zélandais, les Suisses ont chaviré à l’entrainement. Mais ils préparent déjà la prochaine édition. Un atout quand on voit que l’expérience a fait la différence à Barcelone.
Perdant : Orient Express Racing Team
Non qualifiée pour les demi-finales, l’équipe tricolore pouvait espérer de bons résultats sur la Youth America’s Cup. Mais ils sont enchainé les problèmes techniques sur l’AC40. La faute à l’organisation qui préparait les bateaux… Pourtant, les jeunes Espagnols ont utilisé le même bateau et enchainé les victoires. Espérons que l’équipage féminin fera mieux et que tout ce beau monde restera soudé à Lorient pour préparer la prochaine édition.
Perdant : Canal+
Vous avez regardé les régates sur la chaine française ? Pour ma part j’ai lâché (alors que je suis abonné) pour voir les régates en direct ou différé sur la chaine Youtube de l’organisation. Les images étaient parfaites même s’ils manque encore des infos : j’aurais aimé plus de données de navigation comme la VMG (même si les réalisateurs ont progressé sur ce point) et le cap des bateaux. Les prévisions de route étaient en général ratées. En tout cas, c’est un succès pour l’organisateur qui a mis ces images à la disposition de tout le monde.
Perdant : Emirates Team New Zealand
Pendant que les challengers s’écharpaient sur le plan d’eau barcelonais, les détenteurs de la Coupe ont pu observer et étudier leur futur adversaire. Mais comme a dit James Spithill après sa défaite face aux Anglais : « ce sera dur. Aucune simulation n’est à la hauteur de ce que nous avons vécu en finale ». Une finale de la Louis Vuitton Cup qui a été très serrée avec des départs engagés et du véritable match-race sur les parcours. Face à un bateau anglais très performant dans la brise et un team motivé comme jamais, comment vont se comporter les Kiwis ? Ils avaient tapé l’incruste sur la Preliminary Race et les premiers Round Robin pour tater la concurrence. Mais celle-ci a énormément évolué au fil des régates. Le Defender sera-il à la hauteur ? Réponse dans quelques jours…
C.G.