Bilan course
The Transat CIC : les gagnants et les perdants de la Transat Anglaise catégorie Imoca
mardi 28 mai 2024 –
Quarante-huit skippers ont pris le départ, fin avril, d’une revenante, la fameuse Transat Anglaise. Celle que l’on appelait « la reine des transats » avait lancé la course au large en solitaire avec sa première édition en 1960. Mais que reste-t-il de cette course légendaire ? Un épreuve de qualification pour le Vendée Globe ? Un événement pour réseaux sociaux ? Voici les vainqueurs et les perdants de cette édition 2024 de The Transat CIC dans la catégorie Imoca.
Gagnant : Yoann Richomme
Mais qu’est-ce qui peut arrêter Yoann Richomme ? Dans quelques mois, le skipper du monocoque Paprec-Arkéa sera un des bizuts du Vendée Globe et pourtant il en sera clairement un des grands favoris. Après Retour à la Base en 2023, le voici titré sur The Transat. Le skipper comme le bateau semblent intouchables, sachant attendre leur moment et laisser les concurrents casser ou craquer avant d’accélérer puis gagner. C’est la stratégie idéale pour un tour du monde en solitaire qui n’est pas une course d’énervé.e.s qui tirent sur la machine dès le départ.
Perdants : les multicoques
Où étaient les multicoques sur cette transatlantique en solitaire dont ils ont écrit la légende grâce à Pen Duick IV, Moxie, Umupro Jardin V… Fujicolor, Géant jusqu’à Macif ? Pas au départ ! Les Ultim sont en chantier après leur tour du monde. Les « Fifty » ont fait sécession. Dommage pour l’histoire et pour la compétition. En effet, si les Imoca, les monocoques du Vendée Globe, ont assuré le spectacle, c’est parce que les règles de qualification pour le tour du monde les y ont obligés. Les Class40 étaient quant à eux séparés en deux flottes égales. La moitié des skippers ayant préféré l’autre transatlantique, en équipage et dans les alizés.
Gagnante : Clarisse Crémer
Depuis 1960, aucune femme n’a eu le droit aux « honneurs de la ligne » comme aiment dire les Anglais. Ce n’est pas passé loin cette année avec la troisième place de Samantha Davies qui a montré qu’avec sa nouvelle paire de foils, il faudra compter sur elle lors du prochain Vendée Globe. En ce qui concerne la « skippeuse populaire », sa dernière place en catégorie Imoca est une belle victoire. Contrainte de faire demi-tour aux Açores pour réparer une cloison déchirée, elle a pu reprendre la mer et terminer dans les temps pour assurer sa qualification pour le Vendée Globe. De retour en Europe, elle devrait avoir assez de milles pour être dans les 40 et ne pas avoir besoin d’invitation pour être aux Sables d’Olonne. Affaires dans le sillage et qualification en poche, la skipper de L’Occitane peut enfin se concentrer sur son prochain tour du monde.
Perdant : le qualificatif « anglaise »
Que reste-t-il d’anglaise à The Transat ? Son départ a été donné de Lorient, cité de Bretagne sud (en Morbihan et pas en Finistère pour les commentateurs de L’Équipe TV) dont l’histoire et les fortifications du littoral rappellent plutôt l’antagonisme avec les voisins d’outre-Manche. Du côté des concurrents, c’est la désertion avec seulement 2 skippers : James Harayda et Sam Davies. La Transat Anglaise, c’était aussi l’esprit amateur avec sa catégorie « corinthian », terme né en 1885 pour définir un « wealthy amateur sportsman ». D’ailleurs, la Transat Anglaise n’est pas totalement morte et c’est dans cet esprit qu’elle survie au Royal Western Yacht Club of England. Le départ de l’édition 2024 de l’OSTAR devait être donné le 5 mai dernier…
Gagnante : la statue de la Liberté
Vous aussi vous avez des amis qui ne sont pas des pros de la course au large mais qui ont suivi la course… et qui vous ont demandé : « ils sont arrivés ? » ; « il n’y a pas d’images de l’arrivée ? » ; « ils ne devaient pas arriver à New York ? ». Réponse embarrassée : « hé bien, comment dire… si, ils ont arrivés… mais sur une marque au large. Même nous, les journalistes, on a du se contenter de copie d’écran de live vidéo. » Mais est-ce surprenant à une époque où les services de communication d’organisateurs d’événements privilégient les réseaux sociaux à l’information presse ? Cette Transat CIC en est un bel exemple avec ses superbes images de voiliers et skippers navigant les bras levés devant la flamme de la Statue de La Liberté… le lendemain de l’arrivée. Un carton sur les réseaux sociaux.
Perdants : les absents et les « demi-tour-dumondistes »
Ils étaient 33 skippers de monocoques de la classe Imoca au départ de cette transatlantique en solitaire qualificative pour le Vendée Globe. Alors que cela fait des mois, des années, que l’on nous fait monter la pression sur le fait qu’il n’y aura que 40 places pour l’édition 2024-2025 du tour du monde et qu’il n’y aurait pas de place pour tout le monde. Ils n’étaient donc que 33 au départ ? The Transat CIC n’était-elle pas La course de l’année ? Pire, certains concurrents avaient, semblé-t-il, anticipé un demi-tour. En effet, les règles de qualifications qui privilégient les bateaux neufs n’imposait que de prendre le départ d’une course en 2024 pour se qualifier. Si on a déjà assez de milles au compteur. On peut comprendre, du coup, que certains dont les budgets sont très restreints aient préféré rentrer au port et économiser le bateau et les voiles. D’autres en ont profité pour prolonger le chantier de préparation. On peut donc espérer que la classe Imoca et le Vendée Globe trouveront une solution de qualification plus claire pour le tour 2028 afin de nous éviter les psychodrames et faire revenir l’esprit de compétition dans les épreuves d’avant grande boucle.
Ch.Guigueno