Trimaran SVR Lazatigue | Arkea Ultim Challenge
Tom Laperche déclare son abandon : "Au vu des dégâts, on doit se résoudre à l’arrêt de la course"
lundi 29 janvier 2024 –
La sortie de l’eau du Trimaran SVR-Lazartigue en escale dans le port du Cap (Afrique du Sud) a confirmé l’étendue des dégâts suite à l’avarie subie il y a dix jours. La réparation dans un délai raisonnable étant impossible, l’ARKEA ULTIM CHALLENGE - Brest (course autour du monde en solitaire) s’achève prématurément. Même si la déception est grande, le skipper Tom Laperche et toute l’équipe du bateau se projettent déjà vers les prochaines échéances, à commencer par le Trophée Jules Verne, record du tour du monde en équipage.
Toute l’équipe du Trimaran SVR-Lazartigue avait voulu y croire. Croire à cet infime espoir de poursuivre l’aventure de l’ARKEA ULTIM CHALLENGE - Brest, croire que leur détermination pourrait soulever une autre montagne après avoir déjà réussi la prouesse de pouvoir être au départ le 7 janvier malgré un problème structurel détecté à la fin de la Transat Jacques Vabre en novembre. L’espoir était bien là. Celui de n’avoir besoin que de deux ou trois semaines de chantier pour réparer les dégâts consécutifs à l’avarie subie dans la nuit du jeudi 18 janvier. Nuit maudite quand le bateau heurtait un objet ou un animal non identifié, dans l’Atlantique sud. Mais après avoir enfin pu sortir le bateau de l’eau ce dimanche, dans le port du Cap (Afrique du Sud) où Tom Laperche avait réussi à ramener son bateau en début de semaine, la décision est apparue comme une évidence. Les dégâts sont bien trop importants pour imaginer un délai raisonnable pour repartir dans la course et se lancer dans l’océan Indien puis le Pacifique. Le tour du monde en solitaire du Trimaran SVR - Lazartigue et de Tom Laperche se termine au Cap. Beaucoup de déception bien évidemment mais déjà le regard tourné vers les prochains objectifs. Aux avant-postes pendant toute la première partie de la course avant cette avarie, le bateau a montré son exceptionnel potentiel.
Fin mars, il devrait rejoindre les ateliers de MerConcept dans son port d’attache à Concarneau. Un chantier estimé à trois mois par Cécile Andrieu (team manager) (voir par ailleurs) laisse imaginer une remise à l’eau au début de l’été avec en ligne de mire le Trophée Jules Verne, record du tour du monde en équipage, à partir de la fin octobre. Un rêve s’achève, mais d’autres vont très vite s’épanouir.
Tom Laperche : « J’avais envie d’y croire mais ce n’était malheureusement pas réaliste »
Tom, quelle est la conclusion de l’analyse des dégâts de ce dimanche ?
« Au vu des dégâts et des délais de réparation, on doit se résoudre à l’arrêt de la course. La décision est claire. Tout le monde la partage, l’équipe, le groupe Kresk et moi-même. C’est forcément difficile à accepter car c’est la fin de ce tour du monde que je portais au fond de moi. J’avais envie de me battre pour aller au bout de la course, j’avais l’objectif de le finir. Ce n’est donc pas évident .
Le choix de l’abandon est-il apparu comme une évidence ?
Depuis que j’ai vu l’ampleur des dégâts, je savais que cela allait être compliqué de repartir. Mais j’avais envie d’y croire, d’espérer qu’on pouvait réparer rapidement en étudiant toutes les possibilités. Ce n’était malheureusement pas réaliste. Je remercie l’équipe qui a été super. Elle a su me récupérer, me soutenir. Tout le monde est déçu mais reste concentré pour inspecter le bateau, le démonter, faire toutes les choses nécessaires pour la suite, et être déjà dans la projection de la réparation.
Comment vous sentez-vous ?
C’est la première fois que j’abandonne sur une course, la première fois que j’ai une grosse avarie sur un bateau. C’est dur. Même si on fait tout pour l’éviter, il y en aura sûrement d’autres. Cela reste un sport mécanique, on ne maîtrise pas tout. Dans leur carrière sportive, peu, voire aucun marin, n’a jamais connu d’avarie ou d’abandon. C’est dur mais ça fait aussi partie de la beauté de ces courses. Je reste convaincu que naviguer en solitaire sur ces trimarans à l’échelle de la planète est extraordinaire et passionnant.
Quel est l’avenir ?
Dans les prochains mois nous allons continuer à fiabiliser et améliorer le Trimaran SVR-Lazartigue. J’ai évidemment envie de renaviguer le plus vite possible mais les travaux sont conséquents. J’espère que la remise à l’eau sera possible à la fin du printemps, début de l’été. Ce qui m’aide le plus aujourd’hui, ce qui me ramène de l’envie et la motivation, c’est de penser à la suite, d’imaginer ce qu’on peut faire sur le bateau et penser au programme. Se projeter sur le fait de pouvoir naviguer à nouveau sur ce magnifique bateau. C’est tellement incroyable. »
Cécile Andrieu (Team manager) : « La meilleure façon de regarder devant, c’est de se projeter sur la prochaine grande course : le Trophée Jules Verne »
Obligée de composer avec la vie portuaire locale, fortement impactée par la crise en mer rouge qui augmente considérablement le nombre de navires présents au Cap, l’équipe de MerConcept a enfin pu, ce dimanche, sortir le Trimaran SVR - Lazartigue de l’eau. Cécile Andrieu dresse le bilan de cette opération, confirme le choix de l’abandon et définit les prochaines étapes pour le Trimaran.
Le constat et la décision
« En sortant le bateau, on a pu constater l’ampleur des dégâts. Au vu de la taille de l’ouverture dans le fond de coque, on estime qu’il n’est pas envisageable de pouvoir repartir en course. Cela nécessiterait des travaux lourds, très longs et nous n’avons pas forcément la capacité de les faire ici. Nous nous dirigeons donc vers un abandon. »
Les projets
« Cet abandon est évidemment une déception pour toute l’équipe qui a bossé dur depuis cinq mois. La meilleure façon de regarder devant, au-delà de réfléchir à comment on ramène le bateau, c’est de se projeter sur la prochaine grande course qui sera le Trophée Jules Verne (le record du tour du monde en équipage) dont le stand by commencera fin octobre 2024. Cette échéance va guider nos prochaines semaines, comme une petite lumière au bout du tunnel. »
Dans l’immédiat
« Maintenant que le bateau est au sec, nous allons pousser l’inspection et réfléchir aux différentes étapes de sa réparation. La raison pour laquelle nous l’avons sorti de l’eau est double : éviter que l’eau s’infiltre davantage dans le reste des tissus qui composent le bateau et éviter ainsi de l’endommager davantage et puis, évidemment, terminer les vérifications pour commencer à réfléchir aux réparations des prochains mois. Aujourd’hui, quelle que soit l’option retenue, un retour cargo ou en convoyage, l’arrivée à Concarneau est estimée la deuxième quinzaine de mars. Le chantier devrait ensuite durer 3 mois pour une remise à l’eau l’été prochain. »