Les huit concurrents de la Regata Rubicón ont eu le droit à une mise en jambe des plus agréables. Vent léger – parfois trop ! – et mer calme ont permis aux quarante équipiers de s’amariner en douceur. Les choses sérieuses ont débuté ce dimanche après-midi, avec les prémices (vent de sud) de la dépression qui les attend au Cap Finisterre. Une dépression annoncée à plus de 40 nœuds, et qui pourrait se « contenter » de 30 nœuds au passage du Cap Finisterre.

En tête depuis la bouée de dégagement, l’équipage franco-italien de Tiscali Global Challenge se réjouit des modifications apportées aux bateaux (nouveau mât, nouvelle quille, voiles neuves). « L’ambiance est sereine et sympathique, raconte Laurent Cordelle. On est parti un peu à la bourre, mais tout s’enchaîne bien depuis le départ. Mais nous avons eu des conditions faciles jusqu’à présent. »

Les trois premiers bateaux (Tiscali Global Challenge, Sill Plein Fruit et Bobst Group-Armor Lux) naviguent à vue depuis le départ. Pas beaucoup d’options possibles d’après eux jusqu’à maintenant. Ils ont serré le vent d’ouest en restant tribord amure toute la nuit pour se rapprocher au maximum de la route du Cap Finisterre, et ont quasiment viré de bord en même temps, lors de la bascule de vent au sud. Pourtant, un bateau a déjà pris une option bien différente. A bord de Virbac, Jean-Pierre Dick a prolongé son bord vers le sud plus longtemps que les autres. Résultat immédiat, il se retrouve à la 6^e place à plus de 33 milles des leaders. « On pense que le vent sera moins fort que prévu initialement, déclare Jean-Pierre Dick. On joue une option vers les côtes espagnoles. » C’est au passage du cap Finisterre qu’on saura si l’option de Virbac est la bonne.

En quatrième position, un peu en retrait du trio de tête, Kingfisher assure une position stratégique. Un petit problème d’embouts de lattes les a contraint à affaler la grand-voile un quart d’heure, le temps de réparer. Autre avarie du côté d’Adecco-Etoile Horizon, le seul 50 pieds de la course. Une erreur de manœuvre a entraîné l’arrachement du premier chariot de grand-voile. Pour réparer, l’équipage de Bob Escoffier n’avait pas d’autre choix que de prendre deux ris dans la grand-voile pendant plus de deux heures.

Au jeu Jeu #jeu du chat et de la souris Sill Plein Fruit et Bobst Group-Armor Lux s’en donnent à cœur joie. Ils s’échangent la deuxième place depuis le départ de la course, et naviguaient dimanche midi à moins d’une centaine de mètres l’un de l’autre. Joint par téléphone, Christophe Lebas, équipier de Bobst Group-Armor Lux ne s’en étonnait guère. « Les performances des bateaux sont très proches les unes des autres. Il faut bien régater et bien gérer les machines jusqu’au bout. Après le cap Finisterre, le choix sera important. Il ne va pas falloir se tromper. »

Pointé en 5^e position, l’équipage de Temenos a pris un départ prudent. « On a eu quelques averses de pluie (la nuit dernière), des grains qui nous ont obligés à manœuvrer souvent, déclarait Dominique Wavre.

On a pris le rythme, l’équipage tourne bien. » L’Héautontimorouménos ferme la marche des 60 pieds, avec déjà plus de 40 milles de retard sur le bateau italien. En dehors de quelques problèmes de communications satellites, tout va bien à bord. Pour ce jeune équipage qui débute en 60 pieds, le décryptage du mode d’emploi de ces bateaux complexes ne fait que commencer.

Point météo : le vent modéré d’ouest (10-15 nœuds) du départ a laissé la place à un vent plus établi orienté sud (15-20 nœuds). La dépression située au large du Cap Finisterre semble se décaler au nord, et se prolonger par un thalweg (équivalent d’une dorsale anticyclonique pour une dépression) vers les côtes portugaises, générant un vent moins fort que prévu (30 nœuds au lieu de 40-45).

Ils ont dit :

Roland Jourdain (Sill Plein Fruit) : « Le cap Finisterre est une des régions les moins drôles du monde. Pas confortable. Tu n’y fais pas le malin. C’est comme aller chez le dentiste pour se faire arracher une grosse molaire. » « L’avenir est devant, mais pas tout tracé. Il y a une barrière devant nous. Le long de l’Espagne et du Portugal, beaucoup de choses peuvent encore se passer. »

Jean-Pierre Dick (Virbac) : « On observe et on note un maximum de choses pour apprendre. Cette nuit, la mer risque d’être agitée, mais le bateau a déjà connu ce type de conditions. »

Christophe Lebas (Bobst Group-Armor Lux) : « Pas de souci, on s’est reposé. On profite des dernières heures tranquilles , mais on ne s’attend pas à des conditions météo trop difficiles. »

Laurent Cordelle (Tiscali Global Challenge) : « Tout s’enchaîne bien depuis le départ. Quand le bateau va très bien, cela rend intelligent ! On a mis le bateau en configuration pour affronter le coup de vent de la nuit prochaine. »

Loïc Le Bras