Sur ces deux premières étapes, le bateau franco-chinois, basé à Lorient a assuré deux superbes courses et a joué les premiers rôles. Destiné en premier lieu à former des marins asiatiques, Dongfeng Race Team confirme qu’il est bien plus qu’un navire d’apprentissage et qu’il a toutes les capacités pour jouer avec les meilleurs. Ces dernières heures, Charles Caudrelier et ses hommes sont même parvenus à prendre la tête de la flotte mais Team Brunel – plus véloce – a repris sa place de leader ce matin.

Pendant la plus grande partie de cette étape qui a duré 23 jours, Dongfeng Race Team et Team Brunel ont navigué au coude à coude - souvent avec moins de 10 milles d’écart. Cette proximité leur a non seulement permis de tirer le meilleur de leurs machines mais elle a été l’occasion d’en apprendre encore plus sur ces Volvo 65’. On saluera la performance de l’équipage de Dongfeng Race Team qui a connu une sérieuse avarie avec le décollement du rail de grand voile avant l’île Maurice. Les sino-français ont touché du bout du doigt une victoire qui leur échappe finalement quelques heures avant la ligne mouillée devant Abu Dhabi. Charles Caudrelier avouait sa déception même s’il soulignait aussi une grande fierté vis-à-vis de cet équipage qui partage maintenant le fauteuil des favoris avec des bateaux comme Team Brunel ou Abu Dhabi Ocean Racing.

Alors que Ian Walker est en approche de la ligne, le classement général provisoire est établi et, comme prévu, il est très serré avec trois bateaux en situation de quasi égalité. Il faut donc regarder les victoires d’étapes pour faire la différence et c’est Team Brunel qui prend l’avantage devant Abu Dhabi Ocean Racing. Dongfeng Race Team occupe donc la troisième place théorique du général mais on peut difficilement imaginer une situation plus serrée après seulement deux étapes.

Charles Caudrelier : « Nous avons eu un duel avec Team Brunel. Nous étions passés devant la nuit dernière mais ils sont revenus ce matin. Nous sommes un peu déçus car nous avons fait du bon travail mais ils ont touché du vent et ils vont vite.

Nous ne sommes pas si contents. Nous pouvions gagner. Cela dit, c’est une bonne nouvelle pour Dongfeng car nous devenons des favoris. Nous avons une grande équipe et nous pouvons faire de grandes choses. Nous avons eu un peu de chance. Nous pouvons jouer pour le meilleur. Les Chinois ont été très impressionnants. Black nous avait lâché après la première navigation offshore en entraînement et maintenant, il se sent très bien. C’est un sacré compétiteur. Ce n’est pas un voyageur, il est en permanence sur les réglages. »

Bouwe Bekking, skipper de Team Brunel : « C’est un super sentiment ! J’ai toujours dit que c’était mieux d’être chanceux que bon mais nous avons été très bons sur cette étape. Donc c’est génial de la remporter. Et puis, gagner celle-ci est particulier car c’était également une étape où l’on pouvait facilement terminer dernier ! L’équipage a fait un boulot fantastique. On a vraiment mieux navigué que sur la première étape.

Avec ces monotypes, la course est vraiment plus dure. Par le passé, tu pouvais être un peu plus détendu parfois car tu connaissais le potentiel de vitesse de ton bateau. Maintenant, on doit être à fond tout le temps. Dès que tu fais la moindre erreur, tu donnes un réel avantage à tes adversaires. Cela fait monter davantage la pression, spécialement pour les jeunes équipiers. Ils ont parfois du mal à comprendre pourquoi on perd une ou deux places en fonction de variations du vent. Mais ils ont fait aussi un boulot énorme sur cette étape ! »

Laurent Pagès (Team Brunel) : « Ca a été une course depuis Cape Town, très serrée, très engagée. On a toujours été à proximité de nos concurrents et on a connu une traversée des zones intertropicales toujours délicate avec peu de vent et, encore une fois, une situation de contact. Ça fait donc 10 jours que l’on est en permanence avec Abu Dhabi ou Dongfeng et c’était encore le cas jusqu’à ce matin. Ils nous ont passé hier soir, on les a repassé ce matin, peu de temps avant l’arrivée. Ça fait du bien car on a le sentiment de mériter cette victoire. On est tous très concentrés jusqu’au bout. Tant qu’on a pas coupé la ligne, on reste très concentrés. Il peut se passer plein de choses. C’est l’état d’esprit du groupe. On essaie d’être sérieux, d’être concentré et de faire le mieux possible. C’est une course qui dure longtemps, 8 mois. Toutes les étapes comptent au même nombre de points mais ce qui est important, c’est de bien démarrer. Ça compte pour l’état d’esprit du groupe, sa confiance et sa capacité à progresser tout au long de la course. »

Ian Walker (Abu Dhabi Ocean Racing) : « C’est un moment très excitant. (ils naviguent très lentement). On va le faire… doucement mais on va y arriver ! (rires). On va finir par péter les plombs ! Ca a été une étape assez facile, dans des vents relativement faibles mais très longue. Au coude à coude avec les autres. Je mentirais si je ne disais pas qu’on attend maintenant qu’une chose : débarquer de ce bateau. En réalité, les sentiments se mêlent. Il y a deux jours, nous étions devant Dongfeng puis nous sommes passés derrière. Ensuite, nous n’avons jamais réussi à être suffisamment proches pour les dépasser. Les derniers jours ont été assez difficiles. Mais nous finissons 3^e à Abu Dhabi. 1^er sur la première étape et 3^e ici, l’équipage est en bonne forme, le bateau va bien aussi.
Evidemment, nous aurions préféré gagner cette étape mais c’était très long, beaucoup de choses pouvaient se passer. Quand tu fais un podium sur une étape comme celle là, tu peux raisonnablement afficher un large sourire à l’arrivée. »