Velux 5 Oceans
4 skippers à bon port à La Rochelle
Victoire finale de l’Américain Brad Van Liew
dimanche 29 mai 2011 –
Toutes les versions de cet article : [English] [français]
Le dernier skipper de la VELUX 5 OCEANS est arrivé ce matin à La Rochelle. Ils ne sont que quatre, mais ils viennent d’écrire une très belle page de l’histoire de la course autour du monde en solitaire. Brad Van Liew, Zbigniew Gutkowski, Derek Hatfield et Chris Stanmore-Major sont tous arrivés ce week-end à La Rochelle, où leur aventure avait commencé le 17 octobre 2010. Ces hommes sont allés au bout de leur rêve et ils ont partagé leur aventure avec des milliers de gens passionnés par la voile dans le monde entier. Quatre marins, quatre nationalités et quatre profils différents.
Brad est le grand vainqueur de cette 8e édition de la VELUX 5 OCEANS. En s’imposant haut la main dans la dernière étape entre Charleston et La Rochelle vendredi dernier, l’Américain signe un sans-faute sur l’ensemble du parcours. À 43 ans, il est l’un des skippers plus expérimenté du groupe, et quand il s’élance pour une troisième participation dans Défi Absolu en Solitaire il y a huit mois, c’est avant tout pour partager l’aventure avec ses enfants, Tate, 8 ans et Wyatt, 6 ans, qui n’avaient jamais eu la chance de suivre leur père autour du monde.
"Ils m’ont rejoint à chaque étape avec leur mère. Cette expérience n’a pas de prix pour eux".
Et ils peuvent être fiers de leur papa. Non seulement Brad remporte le titre final, mais il s’adjuge en prime les cinq étapes de la course. Une victoire ’absolue’, huit ans après son premier exploit en Classe 2 sur cette même course, alors appelée Around Alone.
Zbigniew Gutkowski, surnommé plus simplement ’Gutek’, est LA deuxième grande figure de cette édition. L’outsider polonais que personne n’attendait à ce niveau a brillé de ténacité et a surpris ses adversaires par la qualité de son jeu tactique. Parti sur le plus vieux bateau de la flotte des Eco 60 – celui avec lequel Alain Gautier avait remporté le deuxième Vendée Globe en 1992 ! – Gutek a surmonté d’innombrables difficultés, avaries de quille, étai, bout-dehors, mais aussi côtes cassées et blessure à la tête. Malgré les obstacles, le Polonais a prouvé qu’il était possible d’être compétitif avec une monture d’ancienne génération.
Il reconnaît d’ailleurs : "je n’imaginais pas que je puisse faire un tel résultat car je savais que mon bateau n’était pas le plus rapide de la flotte. C’est une belle surprise. Je ne pensais pas qu’il marcherait aussi bien".
Fait intéressant, si l’on cumule les temps de course et les distances parcourues par chaque skipper sur l’ensemble de l’épreuve, c’est Operon Racing, qui a suivi la route la plus courte (29110 milles, contre 31924 pour Brad), tout en passant le plus de temps en compétition (140 jours contre 110 jours pour Brad, un écart important du en grande partie à son escale au Brésil). Ses talents de régatier, Gutek les doit à plusieurs années de compétition en 470 et en 49er. Et c’est à bord du maxi-catamaran Warta Polpharma qu’il acquit sa première grande expérience du large en 2000 lors de The Race. En terminant la VELUX 5 OCEANS ce week-end, Gutek est le premier Polonais à boucler une course autour du monde en solitaire, et il grimpe sur la deuxième marche du podium avec l’aura d’un vainqueur.
Derek Hatfield est le doyen de l’équipe et fait en quelques sortes figure de ’sage’ auprès de ses compagnons de route. A 58 ans et pour son troisième tour du monde, le Canadien n’a peut-être pas remporté le duel qui l’opposait à Gutek pour la deuxième place, mais il atteint son objectif en terminant sur le podium et en allant au bout de son aventure. "Il fallait que je termine cette course. Le Vendée Globe s’était conclu brutalement pour moi et fût une terrible déception. Je pense que j’ai fait une course propre. Gutek et Chris n’avaient jamais fait de tour du monde en solitaire, mais ils ont beaucoup appris dans cette course et la compétition était de plus en plus serrée. Ils ont vraiment bien navigué". Derek avait bouclé une première navigation en 40 pieds lors d’Around Alone en 2002/03 puis s’était aligné au départ du Vendée Globe mais avait du abandonner à mi-parcours suite à un problème de gréement au sud de l’Australie.
Le résultat de Chris Stanmore-Major au classement final ne reflète en rien son talent et sa remarquable progression dans cette course. Quatrième à Cape Town et Wellington, troisième à Punta del Este et à Charleston et enfin deuxième dans cet ultime sprint océanique vers La Rochelle, le jeune Britannique a appris très vite.
"Ce fut une expérience incroyable. L’esprit de camaraderie est vraiment très fort dans cette course, entre les skippers, les équipes à terre et les organisateurs. Nous sommes comme une petite famille. Brad a été formidable pendant ce tour du monde. Il m’a beaucoup aidé à mieux comprendre mon bateau. Il ne s’est pas imposé comme professeur, mais il m’a donné suffisamment d’informations pour me permettre d’apprendre tout seul. J’ai aussi beaucoup appris en observant sa progression et en regardant comment il se positionnait par rapport aux conditions météo".
A 33 ans, et en moins de deux ans seulement, Chris Stanmore-Major boucle son deuxième tour du monde à la voile. L’année dernière déjà, il avait mené un équipage dans la Clipper Round the World Race, quelques mois avant de prendre le départ de la VELUX 5 OCEANS. Mais pour lui, l’aventure qu’il vient de vivre est sans conteste la plus intense.
"Cette course est surnommée le Défi Absolu en Solitaire et je peux vous dire que ce n’est pas pour rien. Il n’y a pas que le parcours et la navigation, il y a surtout le défi personnel que cela représente et les efforts qu’il faut fournir pour arriver au bout, pas seulement sur une étape ou pendant un ou deux mois, mais sur cinq étapes et pendant huit mois ! C’est une incroyable aventure ! Je sais qu’il va falloir du temps pour bien réaliser ce que je viens d’accomplir".
Enfin n’oublions pas le cinquième homme, Christophe Bullens, parti de La Rochelle avec ses camarades de course en octobre dernier, mais contraint à l’abandon après l’escale à Cape Town, suite à une longue série de problèmes techniques et physiques.