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Vendée Globe

La médecine à distance pendant le tour du monde avec le Dr Chauve

"Mon but est donc de prévenir mais aussi de rassurer"

samedi 30 octobre 2004Information Vendée Globe

Une fois larguées les amarres, les marins vont se retrouver face à un futur fait de solitude, de joie mais aussi de problèmes techniques et physiques. Le but de cette médecine développée par Jean-Yves Chauve, qui est le gourou de la médecine à distance en matière de voile, est de prévenir les troubles pouvant toucher les solitaires et d’y apporter une réponse aux pathologies rencontrées en mer.

Stage de survie animée par Jean-Yves Chauve (à droite)

Chaque marin a ainsi déposé un dossier complet et détaillé de ses antécédents personnels et les coordonnées de leurs médecins traitants. Un équipement de soins contenant environ une centaine de produits est également fourni et un stage de formation de deux jours est organisé pour se familiariser avec son contenu. Les skippers apprennent également à poser des points de suture mais aussi les gestes de réanimation.

Les secours étant très éloignés comme dans les mers du Sud, le sauveteur le plus proche est le plus souvent un autre concurrent. Mais ce qui est important, c’est que les marins peuvent entrer en contact 24h sur 24 et ce pendant près de 120 jours avec une voix, celle de Jean-Yves Chauve, qui va être la tête de pont de tout un système et s’appuyer, au cas où, sur les spécialistes idoines en fonction des pathologies rencontrées. Pour ça, il est joignable par téléphone, par mail et aussi visioconférence.

Jean-Yves Chauve est le médecin de la course. Médecin mais aussi navigateur, c’est lui qui sera en veille permanente pour répondre le premier aux questions et éventuels problèmes physiques ou psychologiques des navigateurs une fois en mer.

1- Quel sera votre rôle dès le coup de canon donné ?

« Mon rôle consiste à organiser la prévention des troubles pouvant toucher les solitaires et à y répondre en cas de besoin. Je vais mettre en place une veille 24h sur 24 dans mon bureau qui est le seul à avoir une salle d’attente qui a la taille de la planète. Mon but est donc de prévenir mais aussi de rassurer, d’aider bien sûr et de tout faire avec les moyens dont je dispose pour que le marin puisse continuer la course. Je vais passer quatre mois à être vigilant 24h sur 24 avec cinq lignes de téléphone en veille. En fait, je gomme ma vie privée pendant quatre mois ».

2- Quels sont les soucis et problèmes majeurs rencontrés par nos marins ?

« Les problèmes sont le plus souvent d’ordre traumatologique et touchent les mains, la tête, le thorax. On peut avoir à traiter à distance des traumatismes crâniens, des côtes ou des doigts cassées, des plaies. Les infections cutanées sont également fréquentes et très longues à guérir en milieu salé et humide. On peut également avoir à faire à des problèmes psychologiques et là, ma vigilance est de mise ».

3- Y a-t-il des moments de la course plus propices aux problèmes ?

« Oui, je découperais la course en différentes phases et j’ai remarqué que c’est après le passage du Cap Horn que beaucoup de choses peuvent se passer. Jusqu’à l’Equateur, les marins entrent dans la course. Ensuite, ils se préparent aux mers du Sud. Après, ils voient le Cap Horn comme une récompense et une délivrance. Enfin, c’est le retour et là, tous les problèmes laissés à terre ressurgissent. Problèmes d’argent, de couple, de vie même. « Qu’est-ce que je vais faire une fois arrivé ? ». Ils deviennent alors moins vigilant, plus fragile et là peut arriver l’accident ! ».



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