La flotte des Figaro sous spi dans la baie de Ouistreham lors du départ de la première étape

Photo : Ch.Guigueno / Pipof.com/voile

Beau temps, belle mer à Portsmouth. L’anticyclone qui va générer des petits airs, d’ouest, nord-ouest pour commencer, a repris ses droits, après le passage rapide d’un fond froid. Le départ de cette deuxième étape longue de 463 milles avec un atterrissage sur les plages vendéennes promet d’offrir un magnifique spectacle dans les eaux mythiques du Solent, au large de l’île de Wight. Halvard Mabire (Biodiversité) en salive déjà : « Cette étape sera assez esthétique, avec un joli départ. C’est comme si on prenait un départ de Fastnet en Figaro. Il va se passer plein de choses jusqu’à Wolf Rock. Le début, le long des côtes anglaises, c’est quand même un gros morceau avec son lot de difficultés. Il faudra composer avec les forts courants. Il peut y avoir de beaux passages à niveau, surtout si le garde-barrière se met en grève pour en laisser filer certains et en bloquer d’autres. On va prendre l’omnibus anglais : arrêt à Star Point, Lizard... tout le monde descend (rires..) ! Plus sérieusement, je suis très content de cette étape. Le petit temps c’est toujours super en Figaro. Dans ces conditions, le côté psychologique et la lucidité l’emportent sur le côté sportif. Ca va être bien ! » Bon mangeur de milles, Halvard jure, en tout cas, de déguster sans modération.

Chez les bizuths aussi, l’envie de goûter pour de bon l’emporte. « Je ne suis pas fier de mon premier résultat, mais sur la première étape j’ai vu que j’aimais ça. J’étais presque déçu que ça s’arrête aussi vite. Alors oui, j’ai hâte de repartir pour cette étape d’endurance. Plus c’est long, plus c’est bon, non ? », confie le jeune Gaël Bigot (Team 117), fin prêt à attraper la barre de son monotype Monotype #sportboats . Quant à Fred Duthil (Allmer), déjà repéré par Kito de Pavant comme redoutable concurrent, il a déjà analysé - dans le menu détail - ce qu’il allait se mettre sous la dent : « Dès le début, il y a deux options : soit le large pour attraper le synoptique (vent établi, ndlr) quoi qu’il en soit, il ne sera pas très fort, soit une route près des terres où il y a moins de courant (moins de contre courant contraire) et où on pourra profiter demain de brises thermiques, quand le vent va mollir. Je n’ai pas encore pris ma décision ! Ce sera donc animé jusqu’à Wolf Rock. Ensuite, il y a la traversée de la Manche avec un peu de vent d’est, nord-est. Et puis viendra la Bretagne qui sera encore une zone de transition. Cette étape s’annonce longue et compliquée... » Même topo de la part de Nicolas Bérenger (Paprec-CNEM) : « Longue en temps et très dure nerveusement. C’est la deuxième journée qui sera stressante, sans air, le long des côtes anglaises. Il faudra aller tirer des bords assez proches de la terre quand le courant sera contraire. Par contre, le départ sera assez mythique dans le Solent avec une sortie magique devant les Needles... ».

Les réactions se suivent et se ressemblent sur les pontons de Portsmouth à l’heure de larguer les amarres... et de se mettre à table. Arnaud Boissières (Région Aquitaine), dernières cartes et modèles météo en main, mesure qu’il embarque pour l’étape la plus déterminante : « Un peu de vent au début, puis ça mollit et ça revient doucement. C’est surtout les courants qui vont être déterminant : on a plein de baies à passer. C’est tortueux tout ça. Il va falloir prendre des risques, c’est obligé. Rien ne sera jamais fini tant que la ligne d’arrivée ne sera pas franchie. C’est La Solitaire, quoi ! » Concoctée et mijotée dans la plus pure tradition !

Laure Faÿ

• Dernière minute : Liz Wardley décroche son espar

A 14h40, alors que la flotte se rapproche des Needles à fière allure, à 9 nœuds sur le fond dans 15 nœuds de vent et une mer clapoteuse, la jeune Australienne Liz Warley (Kookaï-eol) démâte.

Le mât est en effet sorti de son embase. Le bateau Bayer du docteur Jean-Yves Chauve, très proche, a pu la rejoindre pour lui porter assistance et l’aider aux premières manœuvres, qui lui permettront de rejoindre le port de Portsmouth au moteur. Aux dernières nouvelles, le gréement et les voiles sont intacts, ce qui autorise à espérer une rapide réparation. Liz pourrait ainsi, non reprendre le fil de cette deuxième étape puisqu’elle a reçu assistance, mais faire route directe sur Saint-Gilles-Croix-de-Vie et disputer la suite du parcours de cette 35^e Solitaire Afflelou Le Figaro. A Gunwharf Quays, tous les préparateurs présents sur place, seront sur le pont pour aider au re-mâtage du Figaro Bénéteau et faire en sorte que la jeune skipper reparte au plus vite. Dès ce soir si tout va bien...

15h40 : Latitude Nord skippé par Laurent Beaurin fait route sur Portsmouth. Il a des problèmes de pilote automatique et ne peut continuer sa route vers Saint-Gilles-Croix-de-Vie. De son côté, Vincent Vachette (Duc & Preneuf) s’est échoué sur un banc de sable avant la pointe des Needles, mais doit pouvoir manœuvrer seul. Le bateau Sécurité est à proximité.

• Le Départ : So... beautiful !

Soleil et vent étaient présents dans la Baie de Portsmouth pour le départ de la deuxième étape. La flotte des 52 Figaro Bénéteau s’est montrée un peu trop pressée d’en découdre. Poussés par le fort courant, de nombreux skippers se sont retrouvés trop hauts sur la ligne avant le coup de canon donné initialement à 11h38. Gilles Sabin, président du Comité de course a donc sanctionné cet empressement par un rappel général. La flotte a finalement pris un bon départ, sous pavillon noir, à 11h51. Splendide !

Parti au bateau comité, à droite toute, Dominic Vittet (ATAO Audio System) a joué à merveille du vent favorable et poursuivait d’entrée la bataille des bords à tirer tribord amures. En milieu de ligne Fred Duthil (Allmer) a été le plus prompt à s’élancer : départ canon du jeune bizuth qui n’a décidément pas froid aux yeux quand il s’agit d’en découdre sur des parcours côtiers.

Marque Horse Sand Ford : « Mino » tout de go ! C’est Dominic Vittet, très en vogue et bien inspiré sur la ligne de départ, qui passe en tête. Il est alors suivi comme son ombre par Fred Duthil (AllMer), Benoît Petit (Défi Santé Voile), Gildas Morvan (Cercle Vert), Eric Drouglazet (Crédit Maritime - ZeroTwo), Erwan Tabarly (Thalès), Charles Caudrelier (Bostik Findley), Marc Lepesqueux (Maisons Pierre), Kito de Pavant (Navy Lest) et Christian Bos (Raynal et Roquelaure)

• Bouée Radio-France (Sud Gosport) : The winner is... Duthil !

C’est parti pour une partie de près, au gré du courant dans le Solent. La flotte tire des bords dans tous les sens pour jouer du vent adonnant à terre et du courant favorable sans doute plus tonique au large. A la bouée Radio France, ce sera au tour de Fred Duthil (AllMer) de prendre le commandement de la flotte. Le jeune bizuth est suivi de Charles Caudrelier (Bostik Findley), de Kito de Pavant (Navy Lest), de Dominic Vittet (ATAO Audio System), d’Armel Le Cléac’h (Foncia-TBS), d’Eric Drouglazet (Crédit Maritime-ZeroTwo), de Benoît Petit (Défi Santé Voile), Marc Lepesqueux (Maisons Pierre), Gildas Morvan (Cercle Vert) et Jeanne Grégoire (Banque Populaire)... Cap sur les Needles. Mais avant d’en arriver là, la flotte doit d’abord laisser un certain nombre de marques qui balisent, ce parcours dans les eaux vertes du Solent sur leur « trente et un » en ce jour de grand départ. A ne pas manquer sur les chemins au royaume de la voile, Cowes, où il faudra laisser à droite la bouée Skandia placée à la marque West Ryde Middle puis la marque Prince Consort à gauche. Enfin, la flotte devra laisser à droite la cardinale sud-ouest Shingles placée à la pointe des Needles avant d’entamer la longue et - à priori - lente remontée des côtes anglaises vers les Iles Scilly et Wolf Rock.

• Coucou Cowes !

Le comité de course a annoncé, quelques minutes avant le coup de canon, que la flotte devrait laisser l’île de Wight à bâbord. Une bonne nouvelle, puisque les 52 skippers débutaient ainsi cette deuxième étape par une navigation dans les eaux mythiques du Solent, avec un passage au large de Cowes, mer patrie d’Ellen Mac Arthur notamment, en prime. Et sur l’eau, que de beau monde pour saluer la flotte de La Solitaire Afflelou Le Figaro sur le départ. Skandia, le 60 pieds Open de Nick Moloney qui participera au prochain Vendée Globe, venu à la rencontre de Sam Davies et son monotype Monotype #sportboats du même nom, un Class America du GBR Challenge de sortie, des day-boats de tout poil, des dinghies de tout acabit... autant dire que dans le Solent, berceau de la Coupe de l’America, on navigue à tout va à la moindre occasion. Sûr en tout cas, que les solitaires garderont en mémoire ces premiers milles disputés dans ces beaux quartiers de la voile. D’autant que quand nous les avons quittés, ils s’apprêtaient à croiser la flotte de la Commodore’s Cup. Magic !

• Le record Record #sailingrecord Bell & Ross à Christian Boss (Raynal et Roquelaure)

Retour rapide sur les résultats de la première étape. 45^e , à l’issue de la première étape Caen-Portsmouth, Christian Bos décroche cependant le Record Record #sailingrecord Bell & Ross qui récompense la plus grande distance parcourue en 12 heures sur la première étape. Le skipper de Raynal et Roquelaure, recordman de l’étape sur les milles avalés, a ainsi parcouru 51,84 milles entre le 27 juillet 23h et le 28 juillet 11h.