Imoca TeamWork - Team Snef • Vendée Globe
Justine Mettraux : "J’ai croisé des camarades tout dessus par plus de 25 noeuds"
samedi 16 novembre 2024 –
Toujours placée dans le peloton de tête depuis le départ, Justine Mettraux a parfaitement maîtrisé son entrée en scène dans un Vendée Globe qui a commencé sur les chapeaux de roue. Sixième encore hier alors que le classement est chamboulé ce matin au passage de la dorsale dans laquelle ont buté les leaders, la skipper de TeamWork - Team Snef ronge son frein mais regarde plutôt devant que dans ses rétroviseurs.
« C’est vraiment un bon début de course ! Je me suis sentie bien d’emblée et j’ai l’impression d’avoir géré comme il le fallait. »
Dans la bouche de Justine qui n’a pas de penchant marqué pour l’autosatisfaction, voilà qui fait plaisir à entendre !
C’était hier au téléphone que la suissesse prenait le temps de répondre aux questions de son équipe, trop affairée depuis le départ pour être vraiment loquace, concentrée comme jamais à trouver le bon dosage entre la performance et la conservation de son TeamWork - Team Snef à 100% :
« on savait que les conditions au Cap Finisterre seraient fortes. Ce n’était pas dantesque et c’est toujours mieux au portant qu’au près, mais 35-40 noeuds de vent avec une mer pas terrible, dans ces coins-là, c’est quand même sérieux. J’ai préféré faire l’extérieur du DST pour minimiser les manoeuvres. Je voulais absolument éviter la grosse bêtise »
racontait celle qui a choisi de rallonger un peu sa route pour ménager sa monture dans la nuit de lundi à mardi au passage de la pointe Nord-Ouest de l’Espagne.
Un juste choix si l’on en juge par la très faible perte face à ses principaux concurrents qui ont multiplié les empannages pour rester sur la route directe, avec le risque de laisser des plumes à chaque manoeuvre.
« Je crois d’ailleurs que sur une transat, j’aurais fait la même chose… Là, j’ai juste anticipé un peu plus les réductions, cherché à anticiper au maximum. J’ai quand même croisé des camarades tout dessus par plus de 25 noeuds, je trouvais ça un peu chaud pour pas grand chose ».
Pas surprise de retrouver dans le top ten les meilleurs skippers avec qui elle bagarre depuis trois ans, Justine saluait au passage « le bon coup » de Nicolas Lunven (Holcim PRB), seul contre tous dans l’Ouest, loin de la meute et auteur d’un retour en beauté avec à la clef le nouveau record des 24 heures en IMOCA (546,6 milles).
L’Atlantique sans dessus dessous
Si le Vendée Globe était un livre, c’est déjà le deuxième chapitre qui s’ouvrait hier sur l’Atlantique pour les skippers qui se sont élancés le 10 novembre des Sables d’Olonne. Les six petits jours de course qui séparent du départ « semblent une éternité » à Justine plutôt préoccupée par le changement radical de décor, comme une angoisse de la page blanche :
« Là, j’ai zéro noeud à l’anémo, la grand-voile claque. Il fait grand soleil, la mer est bleue, mais ce n’est pas le décor dont tu rêves en course ! »
Après la belle cavalcade des premiers jours, voici donc les hautes pressions qui compliquent la tâche des leaders au large des Canaries et Justine n’échappe pas au piège qui s’est resserré sur la tête de course.
« Je ne suis pas très inquiète de voir revenir le peloton derrière, car on redémarrera normalement avant eux. Il faut juste ne pas laisser filer quelques concurrents qui pourraient conserver du vent, je ne sais pas ce qu’ont les autres en ce moment, je n’ai personne en visuel ou à l’AIS, mais j’aimerais bien redémarrer ! »
constatait la suissesse qui ne voit pas d’alizé se profiler avant le milieu de la semaine prochaine.
Un départ au portant, des tropiques sans alizé, la météo de ce dixième Vendée Globe est décidément très romanesque ! Que sera le classement à l’orée du troisième chapitre qui sera marqué par l’entrée dans le Pot au noir en fin de semaine prochaine ? Une perspective déjà en tête pour Justine qui cherche à sortir de cette glu canarienne par l’Ouest ce qui n’est pas l’assurance d’un week-end festif mais d’un bon positionnement pour aborder la prochaine barrière météorologique, celle de l’équateur. Sanctionnée au classement ce matin où elle rétrogradait de … douze places, la skipper de TeamWork - Team Snef « fait avec ce qu’elle a » selon une expression qu’elle affectionne et ne demande à Eole que « 5 petits noeuds de vent pour caler le bateau et pouvoir se reposer un peu ». En multipliant les empannages durant cette nuit blanche, son voeu a fini par être exaucé. Dur labeur et retour aux affaires ce matin, donc… La course au large est un éternel recommencement.