Imoca Prysmian Group • Vendée Globe
Giancarlo Pedote : "il faudrait de la vitesse mais en ce moment, personne n’en a !"
samedi 16 novembre 2024 –
Ce samedi, alors qu’il s’apprête à entamer son sixième jour de mer dans le cadre du Vendée Globe et évolue à 500 milles au large des côtes du Sahara occidental, Giancarlo Pedote pointe aux avant-postes après un retour spectaculaire réalisé hier en fin de journée. Le skipper de Prysmian, qui avait préféré jouer la carte de la prudence au début de la course et notamment dans fort coup de vent qui les a cueillis, lui et ses concurrents, au large du cap Finisterre, est en effet parvenu à se faufiler dans un joli trou de souris dans la grande zone de calme qui leur barre actuellement la route. S’il peut se satisfaire de ce retour en force, le Florentin reste cependant très modeste face à la situation, à la fois atypique et incertaine, mais garde à l’esprit que tout est possible !
« Depuis 24 heures, le jeu consiste à réussir à faire avancer le bateau et ce n’est pas une chose facile car la situation est très aléatoire », explique Giancarlo Pedote qui a parfaitement bien tiré son épingle du jeu depuis le débordement des Canaries. « La situation générale est complexe. Une grosse dépression de 998 hectopascals est située au nord de l’archipel de Madère et casse complètement l’anticyclone des Açores ainsi que le régime des alizés. Elle est aujourd’hui le protagoniste principal dans cette zone de l’Atlantique et brouille complètement la donne », explique le skipper de Prysmian. Pas facile, dans ce contexte, de tracer son chemin, parfois dicté par les nuages, en dépit de tout bon sens donc. « Les gars du groupe de tête se sont retrouvés obligés de marcher vers l’ouest. Peu chanceux, ils ont même fait une espère de cuillère puisqu’ils ont été contraints de remonter vers le nord-ouest alors que leur trajectoire était jusque-là quasi parfaite », détaille le navigateur italien qui a su, pour sa part, se montrer opportuniste et exploiter un petit couloir de vent, un peu plus à l’est.
Gagner à la fois vers le sud et dans l’ouest
« Après un début de course lors duquel j’ai avant tout navigué en bon marin pour ne pas me retrouver au niveau du cap Finisterre avec un bateau plié en deux, j’ai passé très peu de temps dans la bannette et je régate à plein badin. Hier, j’ai saisi une opportunité de maximiser mon gain vers le sud mais je reste lucide car ça va bouchonner un peu partout à un moment donné et je sais qu’ensuite ça va normalement revenir par l’ouest », note le marin qui cherche donc logiquement à gagner également de ce côté pour récupérer au plus vite de la pression, tout en gardant un œil sur l’option audacieuse de Jean Le Cam, visiblement bien décidé à déjouer toutes les statistiques et les pronostics. « Son choix est intéressant. Après le passage de Madère, j’ai moi-même pensé à emprunter cette route. Il existe cependant une problématique : l’entrée dans le Pot-au-Noir », détaille Giancarlo qui voit, pour cette échéance, clairement le salut plutôt dans l’ouest même si de nombreuses questions restent en suspens.
Slalom géant entre les trous de vent
« Il y a beaucoup de zones sans vent et on n’est pas à l’abri d’avoir des surprises. Lorsque c’est aussi compliqué, c’est difficile de prédire quoi que ce soit. Il faut néanmoins investir en espérant que ce soit rentable ! », souligne le skipper, actuellement pointé en deuxième position, par ailleurs péniblement flashé à 5,8 nœuds de moyenne. « Le flux de nord-ouest avec lequel on compose en ce moment est un peu bâtard et il ne nous simplifie pas la vie. Dans les prochaines heures, ça va rester peu venté, avec de vraies phases de molles. Pour les éviter, il faudrait de la vitesse mais en ce moment, personne n’en a ! On ne peut en réalité pas faire grand-chose en attendant que les alizés, qui devraient normalement nous accompagner à ces latitudes, se reconstruisent. Je continue donc de faire mon taf au mieux et d’exploiter la chance que j’ai d’être dans un petit couloir intéressant », termine Giancarlo Pedote.