Imoca TeamWork - Team Snef • Vendée Globe

Justine Mettraux : "Il faut savourer le plaisir d’être en course"

lundi 2 décembre 2024Redaction SSS [Source RP]

Après trois semaines de course sur un Atlantique rarement conforme aux schémas météo classiques, Justine Mettraux s’apprête à rentrer dans l’océan Indien aux portes du top ten dont les leaders se sont envolés. Le retour à une course plus stratégique n’est pas pour déplaire à la navigatrice qui conserve un excellent moral et profite de chaque moment de glisse à bord de TeamWork-Team Snef, bien checké avant d’aborder le plat de résistance de ce Vendée Globe.


Les jours se suivent et ne se ressemblent pas sur ce dixième Vendée Globe. Après un départ en fanfare puis une spectaculaire panne d’alizés la deuxième semaine de course, l’autoroute de l’Atlantique Sud s’est ouverte comme jamais devant les leaders : Une dépression accrochée très Nord, pas de péage à Sainte Hélène ni de limitation de vitesse avec à la clef des records de vitesse qui n’ont eu de cesse de tomber (dernier en date, plus de 620 milles en 24 heures pour Sébastien Simon sur Groupe Dubreuil !). « Les leaders ont tenu un sacré rythme » témoigne Justine qui n’a pas chômé non plus mais a vu ses concurrents directs prendre la poudre d’escampette. « C’est lié à la situation météo qui faisait partir par l’avant les leaders mais aussi aux performances des IMOCA de dernière génération, bien menés et très bien préparés » ajoute la navigatrice.

Encore neuvième, à seulement 70 milles de Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) à la hauteur de Recife (Brésil) samedi dernier 23 novembre, Teamwork-Team Snef a perdu assez peu au classement en nombre de places, mais accuse désormais plus de 1100 milles de retard, signe qu’une vraie fracture s’est opérée…

Un débours important qui s’explique par la situation météo mais aussi les ennuis de voile à répétition. Après avoir déchiré une première fois son J0* et réparé, Justine a vu cette voile stratégique dans la séquence de la semaine passée, littéralement exploser le lendemain. « J’ai dépensé pas mal d’énergie pour récupérer l’ensemble sans rien abimer du reste du bateau raconte la suissesse. Ça ne m’a pas aidé à aller vite bien sûr, mais j’ai pu me reposer et dormir correctement les deux dernières nuits »

« Savourer le plaisir d’être en course »

En soufflant un peu, Justine s’est quand même payé le luxe de reprendre quelques milles et redoubler au classement Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence) et Boris Herrmann (Malizia Sea Explorer), désormais ses concurrents directs avec qui les places s’échangent au gré des empannages. « C’est plutôt pas mal et surtout sympa d’avoir des concurrents de jeu. Clarisse est privée elle aussi d’une voile, pas la même que la mienne et Boris a un jeu complet. On va bien voir ce que ça donne ! » notait la navigatrice qui aurait pu accuser le coup de la semaine passée mais déclare « ne pas vouloir se morfondre et tomber dans l’amertume d’avoir vu les leaders se détacher. Il faut savourer le plaisir d’être en course et s’adapter à cette nouvelle configuration. La route est longue et on n’est pas l’abri de bonne surprises ! ».

La perte de son J0 ne devrait pas être trop handicapante dans les mers du Sud dans lesquelles TeamWork-Team Snef rentrera officiellement ce lundi après avoir doublé la longitude du cap des Aiguilles, marquant le passage de l’Atlantique à l’océan Indien. Dans les petits airs, elle peut utiliser son grand gennaker (MH0) et lorsque le vent est plus serré son fractionné (FRO).

Première dépression australe

Mais pour l’heure, c’était l’arrivée de la première dépression australe musclée à partir de cette nuit que surveillait la Suissesse qui a été amenée à jongler avec des voiles plus petites. « Pour l’instant, nous avons eu assez peu de mer et ça va changer dans l’Indien. Il faudra privilégier des compromis assez bas (abattus) qui ne sollicitent pas trop le bateau » expliquait hier après-midi la navigatrice. En prévision de cet épisode musclé, la journée de vendredi où le vent avait baissé d’un cran a été mise à profit pour un check complet du bateau. « J’ai fait quelques bricoles mais rien remarqué de préoccupant sur le pont dit Justine. Sur le plan de l’énergie, du pilote et des consommations des gaz-oil, tout marche bien et nous sommes en phase avec les prévisions de départ »

De bon augure avant de rentrer dans le temps long de ce tour du monde, celui où les navigateurs mettent cap à l’Est, chassant l’aube selon une expression anglaise (chasing the dawn), dans les coins les plus inhospitaliers de la planète. Descendre au Sud pour réduire la distance tout en restant dans le nord des dépressions afin de conserver des allures portantes, telles sont les données de base de la stratégie. Un jeu très ouvert dont Justine connait bien les règles depuis sa participation à the Ocean Race et qui va durer un bon mois jusqu’au cap Horn distant de près de 20 000 kilomètres…

* J0 : voile de portant polyvalente, hissée en tête de mât, idéale dans le medium un peu loffé ou au vent arrière dans des vents plus soutenus.


 Communiqué Sport Premium

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