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Jeux Olympiques • Qingdao

Guillaume Florent : "c’est la 1re médaille en Finn depuis Maury"

"entre lui et moi, de sacrés grands noms ont représenté la France en Finn"

dimanche 17 août 2008Information FF Voile

Suspens total aujourd’hui en Finn. Première question : allaient-ils pouvoir disputer leur Medal race tant la tourmente s’était abattue pendant plusieurs heures sur Qingdao au point que le comité de course avait renvoyé les Finn à terre. Et puis à 15h50, la pluie baissait légèrement d’intensité offrant ainsi une visibilité un peu plus digne d’une régate. Pour espérer prendre le bronze au Suédois, la première condition était de le devancer de trois places...

Le Français commençait fort en prenant un excellent départ et en choisissant la gauche du plan d’eau, à terre, qui lui offrait la 3e place derrière un Ainslie décidément royal à la première marque au vent. Le Suédois étant loin derrière, l’optimisme gagnait le camp français. Après le premier bord de portant, Guillaume avait perdu une place mais rien encore de grave. Le plus dur est pour la fin car quasiment au surf Surf #Surf l’espagnol Trujillo grillait la politesse à Guillaume à quelques mètres de l’arrivée. Il ne restait plus qu’à attendre qui et surtout combien de concurrents suivraient. Paradoxe de la régate, l’américain Zach Railey, celui-là même qui, en marquant impitoyablement le Français dans la dernière manche en flotte avait provoqué sa rétrogradation au classement général, lui donne deux premiers points. C’est autour du polonais Rafal Szukiel de porter l’estocade au Suédois qui coupe la ligne juste derrière mais trop tard… Tous deux terminent à égalité de points au général mais le rang de la Medal race départageant les deux adversaires, Guillaume Florent, 34 ans, remportait le bronze. A l’arrivée, sous une pluie qui redoublait à nouveau, tout le camp français était là pour une hola enthousiaste. Puis les filles de l’équipe, notre championne olympique Faustine Merret en tête, se chargeront de le porter pour le jeter dans l’eau de la marina.

Celui qui vient de donner à la France sa première médaille en Finn depuis celle de Serge Maury en 1972 a toujours été fidèle au Yacht Club de Dunkerque et à un entraîneur, son père Michel que Jean-Pierre Champion, Président de la FFVoile qui connaît bien les Florent, décrit comme un « homme cultivé, calme et passionné par la régate ». Michel était d’ailleurs présent avec sa femme à Qingdao où, même s’il n’était pas sur l’eau, il servait d’entraîneur à distance à son fils. Pour cela, un procédé simple : une longue vue qui lui permettait de suivre les régates afin de faire le point avec son fils le soir dans un hôtel proche de la Marina où résidait la famille. Un fonctionnement hors norme accepté par la FFVoile sûr des capacités de Guillaume de décrocher un jour un podium à condition de préserver un environnement Environnement familial qui lui est cher sportivement et humainement. Ce jour est donc arrivé après deux participations aux JO – en Laser à Atlanta puis en Finn à Athènes avec une déjà belle 8e place – et il récompense « l’un de nos régatiers les plus talentueux » poursuit Jean-Pierre Champion. Claire Fountaine, directrice de l’équipe de France, qui avait longtemps espéré que Guillaume revienne à l’olympisme après son expérience sur la Coupe de l’America avec le Défi Chinois (prémonitoire…), se rappelle d’une phrase du médaillé de bronze : « Au moment de prendre définitivement sa décision d’aller aux JO il y a moins d’un an, il m’a dit que s’il allait en Chine, c’était pour une médaille et rien d’autre. Il a bien préparé son coup ». Paradoxalement, sans venir régater avant sur le plan d’eau olympique présumé pourtant complexe. En mai il lâchait, serein : « en Mer du Nord aussi on a des courants ». La Mer du Nord doit donc ressembler à sa consœur Jaune car le Nordiste y aura été à l’aise tout au long de la semaine…

Interview de Guillaume Florent

Sur son parcours lors de ces JO ?
- C’était ma première régate à Qingdao où je ne suis venu pour la première fois qu’en juin dernier. Je n’ai repris le Finn qu’il y a huit mois. Mais je me demande si ce n’était pas mieux car du coup, tu arrives sans pression.

Tes pensées avant la cérémonie de remise des médailles ?
- J’ai de la chance d’avoir une famille qui me soutient depuis toujours : ma femme, mes parents, grand - parents. Mon père Michel m’entraîne depuis mes débuts en Optimist quand j’avais 11 ans. C’était essentiel de l’avoir ici même s’il ne pouvait être sur l’eau. Mais Philippe Gomez (Spécialiste en règlement de l’équipe de France, ndr) et Philippe Neiras, (entraîneur des Tornado) m’ont aidé sur l’eau, ils ont fait un super boulot et je les en remercie.

Comment ton père t’a-t-il entraîné à distance ici, lui à terre, toi sur l’eau ?
- Il regardait les régates à la longue vue. Le soir, je lui racontais plus précisément la régate à l’hôtel où nous logions. On faisait le point. Mais entre nous, on se comprend vite, pas besoin de beaucoup de mots.

C’est le plus beau jour de ta carrière ?
- Oui. Même si j’ai essayé de me dire que je faisais une compétition internationale comme une autre, toujours pour éviter la pression, les JO c’est notre plus grande épreuve ! Je crois que je vais réaliser toujours plus de jour en jour. Et c’est vrai que c’est la première médaille en Finn depuis Maury, ça compte car entre lui et moi, de sacrés grands noms ont représenté la France en Finn.

Tes pensées pendant la Medal race ?
- Je savais être rapide dans ces conditions. J’ai peut-être réalisé le plus beau bord de près de ma carrière lors du premier. Dans le portant, je me suis fait reprendre une place et à la fin, quand l’espagnol m’a doublé, j’ai été inquiet mais pas longtemps. L’Américain s’est intercalé – à l’arrivée, je lui ai dit qu’il venait de se rattraper en partie des problèmes qu’il m’avait causé dans la manche précédente ! (rire) - et il y a eu le Polonais. C’était juste, à une place près, mais Nicolas Hénard (double médaillé d’or en Tornado, ndr) m’a toujours dit : « en régate, si tu termines trop loin devant les autres, c’est que tu as pris trop de risques ! Je finis à égalité de points avec le Suédois mais je crois que mon bronze est mérité car en réalité, je n’ai abandonné cette place que le temps d’une régate.

Venir ici a été une décision tardive ?
- Oui, elle a été définitive en janvier mais je m’en faisais pour mon avenir après la Coupe. Et je dois remercier mon sponsor, la société Pantaenius, qui m’a contacté en me disant qu’il allait m’aider jusqu’aux JO et aussi la Fédération qui a accepté de « personnaliser » ma préparation et mon fonctionnement pendant les JO. Notre sport n’est pas toujours simple car professionnel dans la pratique mais plutôt amateur pour les questions matérielles.

Le podium des JO de Qingdao en Finn

- Médaille d’or : Ben Ainslie (GBR) - 23 pts
- Médaille d’argent : Zach Railey (USA) - 45 pts
- Médaille de bronze : Guillaume Florent (FRA – YC Dunkerque) - 58 pts

Site officiel de l’équipe de France de Voile : www.ffvoile.net/equipedefrance



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