Jacq et De Broc étaient septièmes à 11h...

Photo : JM Liot / DPPI / Rivacom

D’abord, il y a eu le contour de l’île, qu’un petit groupe de bateaux à pris - à contre-sens - par la face nord. Cercle Vert a été le premier à presque faire « sillage arrière » sur cet « itinéraire bis », au carrefour de l’archipel portugais. Histoire Histoire #histoire d’échapper au dévente de l’île qui peut toujours clouer sur place un bateau pendant plusieurs heures. Au total sept mercenaires, à Madère, ont fait quasi-demi tour pour emprunter cette voie non-réglementaire. Parmi eux, on cite : Cercle Vert donc, suivi de Trophée BPE (Grégoire-Davies), Port Trebeurden (Attansasio-Berenger), Skipper AG2R (Jacq-De Broc), Charente Maritime (Veniard-Bestaven), Guyader L’Esprit du Large (Massu-Carpentier) et Béziers Méditerranée (Cano-Boissières). Hormis les lanternes rouges de Little Black Shark (Da Cruz-De La Motte) et la paire, qui s’est arrêtée à Funchal Favre-Neu Pietri (Aurelia Finance) avant de reprendre le chemin de la course à 13h15 ce mercredi, les troupes ont d’ores et déjà pris les bretelles qui mènent aux grandes contrées océaniques. « C’est bizarre quand même ce truc de passer devant une île sans s’arrêter quand tu pars pour traverser l’Atlantique... je trouve ça plutôt marrant, moi ! », lâche rigolard Damien Grimont (Gédimat). En avant tous et toutes... direction S^t Barth, 2600 milles plus loin.

Peu de vent devant

Après le resserement de Madère, les sillages se compliquent, se croisent (voire se recroisent) pour creuser des premiers écarts à modérer. La faute à la météo qui a promis de glisser, droit devant - sous les étraves - la peau d’une zone sans vent, le tout avec l’arrivée d’un minimum dépressionnaire qui sème le trouble sur les cartes et dans les têtes des skippers. Tout en haut, par 33°04 Nord Cercle Vert entend visiblement garder la tête (froide ?) au nord. Dans ces quartiers, il est suivi par Guyader L’Esprit du Large et Béziers Méditerranée. Tous ces duos seront sans doute bientôt rejoint par Groupe Coupechoux (Sparfel-Lequin). 70 milles plus bas en revanche, les plus extrémistes Péan-Arthaud - par 31°45 N - ont bifurqué, eux, sur l’autoroute du sud. Sans doute pour aller pêcher les alizés, qui se font encore désirer. Au centre le gros des troupes, toujours emmené par Banque Populaire, devant Groupe SCE-Le Télégramme (Le Cléac’h-Troussel), progresse sur une voie médiane. « Nous sommes dans le petit temps, sous reaching, voile débridée en route directe sur S^t Barth. Cette nuit, le vent a molli et il a fallu continuer à surveiller en permanence nos poursuivants. On sait que les dangers viennent de derrière et en fait c’est pas facile d’être poursuivis, il faut en permanence contenir la flotte. Mais on ne va quand même pas se plaindre d’être en tête ! » raconte Pascal Bidégorry, encore sous le choc de sa « victoire » à la porte de Madère. 

Surveiller ses arrières et contrôler ce qui se passe devant, tout un programme à bord des monotypes tout juste embarqués dans la grande traversée. La route est en effet semée de pièges et embûches météorologiques, que tous s’efforcent de négocier au mieux. « Ceux du nord vont chercher les vents portants générés par le centre dépressionnaires dans son nord. Ils vont avoir des vents plus favorables mais s’écartent de la route. Ceux du sud empruntent une route somme toute classique sur une transat, explique de son côté et en en météorologue pédagogue Marc Thiercelin (Triskel-Brokerline). Au milieu, je dirais que c’est la voie de la prudence... de la sagesse peut-être, pour ne pas se lancer d’emblée dans une grande option dans une situation encore complexe, avec beaucoup d’inconnus. » Gageons que le skipper, réputé pour son flair marin, ne nous dit pas tout ! Reste qu’aux quatre coins de la flotte, chaque duo rumine son plan. A tous, il leur faut tenir compte de la petite dépression, des alizés et des adversaires et de toutes ces paires de figaristes qui n’ont pas fini de se chercher des noises entre-elles... Grande campagne océanique oblige !

L.F

En direct du large

 Benoît Petit, Défi Santé Voile : " Nous sommes passés en 10^e position à Madère avec D’Aucy et Bostik Findley. Pour éviter le dévent de l’île, nous avons décidé de descendre plein sud pour contourner l’île et c’est la pétole qui nous a scotchés ! Ils ont tous filé en restant près des côtes. C’est très compliqué de remonter au nord maintenant, dommage c’est là que nous voulons aller ! Et pour arranger les choses, nous avons fait une petite déchirure dans la grand voile en prenant un ris. C’est réparé ... en espérant que ça tienne jusqu’à l’arrivée."

Info Laurence Caraes / Kaori

 Rodolphe Jacq, Skipper AG2R : « Nous avons décidé de passer au nord de l’île tout comme Cercle Vert, quitte à perdre pas mal de terrain. Actuellement, avec Gildas (Morvan) nous sommes les plus positionnés au nord de la flotte, on attend de récupérer les gains de notre montée. » « Ils vont très très vite, c’est difficile de les contrer, Bidé (Pascal Bidégorry) connaît ce bateau comme sa poche, c’est lui qui l’a mis au point. » « Normalement, sur la route directe, ils foncent droit dans une belle bulle de pétole et nous devrions alors récolter les fruits de notre option ».

Info V.Guillou / Rivacom

 Yannick Bestaven, Charente Maritime : "C’est vraiment dommage de s’être posés sur ce caillou au moment du départ car nous avons fait la meilleure étape de toute la flotte. Nous ressortons plus motivés que jamais de cette première étape. Mais il est vrai aussi que cette performance ne s’est pas faite toute seule. Autant Gérald que moi, avons été tout le temps sur le bateau. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour en être là aujourd’hui, et le résultat le prouve : meilleur temps entre Lorient Lorient L’actualité du port de Lorient et de sa région. et Madère !"

"La vie a bord commence à être dure. Il y a de l’eau partout et cela commence même à moisir à certains endroits ! Nous avons une petite fuite dans le bateau due à notre avarie de safran du départ. Mais ce n’est pas grave, nous écopons tranquillement... Vivement le soleil que l’on puisse tout faire sécher et prendre une petite douche pour se rincer !"

Info Windward

 Jérémie Beyou, Delta Dore : " Hier la journée a été infernale, à fond la caisse sous spi entre 15 et 18 nds, c’était de la folie ! Nous n’avons pas cassé grand-chose. Nous avons doublé les filles (Trophée BPE ndlr) à la porte. Ensuite, nous avons suivi la même route que Banque Populaire sous spi mais nous avons eu de la pétole et pas eux ! C’est top d’être revenus comme cela, notre travail a payé. Mais on a encore du pain sur la planche. Nous sommes actuellement au près débridé à une vitesse de 8 nds. Nous allons faire sécher le bateau, nous reposer parce que la suite n’est pas si simple.

Une première dépression nous barre la route et il va falloir négocier le col dépressionnaire. Ensuite il faudra descendre dans le sud pour attraper les alizés ... Ca va être un gymkhana géant, dans 48 heures nous devrions y voir plus clair !"

Info L.Caraes / Kaori

 Charles Caudrelier, Bostik Findley : « Ah nous sommes 7^e ! On sentait bien qu’on avait fait un beau coup mais je ne pensais pas que l’on serait aussi bien placés ce matin. L’option Nord a dû vraiment pénaliser du monde ? En tout cas, ici nous sommes très contents car nous avons pris des risques en passant sous le vent de l’île mais ça paye et c’est l’essentiel ».

Info Effets Mer

 Jean-Luc Nélias, Thalès : « nous sommes bien revenus dans le match hier et au passage à Madère. Etre pointés troisième ce matin c’est pas trop mal pour une petite équipe comme nous... »

Info L.Bauduin / Défi Mer