Gildas Morvan et Dominic Vittet sont les nouveaux leaders de la course

Photo : Ch.Guigueno / Pipof.com/voile

Voici l’alizé portugais... allons y ! 15-18 nds de nord, les pépins sont toujours de sortie sous le soleil au zénith. Ca glisse tout seul sous spi. Alors qu’il reste 500 milles à courir avant la porte de Madère - que les plus rapides devraient doubler mardi matin - les choses s’éclaircissent en tête de flotte. Argos le prouve, puisque pour la première fois les classements se suivent et se ressemblent, sur fond de statu-quo sur l’eau. Depuis cette nuit, pas de changement devant. Aux meilleures places et dans les beaux quartiers on croise les mêmes : les géants verts, les filles de l’air et le duo de D’Aucy (Joudren-Mourniac). Encore plus à l’ouest, Drouglazet-Thiercelin (Triskel-Brokerline) tiennent aussi leur rang, en 4^e position. Tout comme d’ailleurs les deux complices Dejeanty-Chivot (FTH Thirard-Caen La Mer), qui ont déboulé du large et se sont hissés à la 6^e place, laissant un bon lot de pros du Figaro Bénéteau dans leur sillage. Ce groupe de tête - dans lequel pointent aussi les leaders de la veille - Bidegorry et Gavignet (Banque Populaire) - s’est fait un brin de belle ces dernières 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures et progresse à belle cadence (9 n ?uds de moyenne avec des pointes à 12) dans un gentil flux de nord. Beau temps, belle mer au large des côtes portugaises.

Derrière, dans un deuxième wagon, une jolie clique de douze duos régatent au contact et usent de tous les réglages pour gagner le moindre dixième de n ?ud. Face aux écarts qui se sont creusés, ils peaufinent la vitesse Vitesse #speedsailing avec la ferme intention de grappiller un peu de distance d’ici Madère. Le moral à bord ne fait certainement pas la girouette. Mieux, il tient bon le cap sur l’île portugaise, puisque tous espèrent et attendent - de pied marin ferme - une rotation du vent à gauche, qui pourrait leur être favorable. "A priori les 3 et 4 premiers ont dû toucher le vent avant nous et le fait d’être plus hauts, ils ont été plus rapides. Mais tout va se jouer sur la fin ? analyse Armel Le Cléach (Groupe SCE Le Télégramme). Premier hier, il accuse désormais 18 milles de retard sur les bonhommes verts. Mais le régatier sait que la route tourne. " Nous sommes les plus à l’est et nous ne voyons plus personne depuis hier midi. L’idée c’est de pouvoir profiter de notre décalage à l’approche de Madère. Il faudra négocier les dernières 24h, car on devrait avoir un peu moins de vent et du vent qui bascule... " Même son de cloche de la part de Kito de Pavant (Delta Dore) : " On a un peu perdu, c’est sûr et pour recoller, ça ne va pas être si facile. Mais on a quatre bateaux à vue depuis hier, ça régate bien. D’ici Madère, on espère que le vent va bien basculer au nord-ouest et que ça va ralentir un peu. Ce sera un peu tordu et un ou deux bateaux pourraient s’en sortir... " Quant à Nicolas Berenger (Port Trebeurden), il garde la tête froide sous le cagnard local : " Franchement, je pensais qu’on aurait beaucoup plus perdu dans la pétole qui nous a collés après le cap Finisterre. J’imaginais le pire et je voyais les premiers pointer à 100 milles devant. Non là, le jeu Jeu #jeu reste très ouvert et puis on a l’avantage d’avoir un petit paquet à vue - Thales (Tabarly-Nélias, ndlr), Skipper AG2R (Jacq-De Broc, ndlr), Delta Dore (Beyou-De Pavant, ndlr)... - ça stimule ! " On veut bien le croire !

On l’a compris, la tête de flotte n’a plus qu’à bien se tenir et doit surveiller ses arrières de très près. Dans son sillage la bataille fait rage et tous ont promis de jouer au plus fin pour figurer parmi les chefs de " la bande à Madère ". Pour d’autres en revanche, la note s’annonce d’ores et déjà plus salée, voire franchement iodée. C’est le cas pour quelques rares partisans d’une route au plus près des côtes, à l’instar de Péan-Arthaud (L’Esprit d’Equipe) et de Tonio Pedro da Cruz-De la Motte (Little Black Shark). Tout va bien à bord des deux Figaro, qui progressent aujourd’hui à 9 n ?uds de moyenne, comme leurs collègues de flotte. Mais très à l’est, ces deux équipages, qui ont tenté leur chance du côté des effets de brises à terre, rentrent bredouilles et doivent désormais se refaire une santé et un retard de plus de 300 milles...

L.F

Echos du large

 Dominic Vittet (Cercle Vert) : " On est super contents d’être là aujourd’hui. Ca été dit et redit, quand il y a du vent de nord-est sur le cap Finisterre il ne faut pas passer derrière, mais partir plus à l’ouest. On a passé Finisterre avec un peu de retard mais au lieu de suivre le paquet on est parti au large et bien nous en a pris... Du coup, on est allés chercher les filles, on est resté bord à bord pendant plusieurs heures en se faisant de petits coucous, c’était très sympa ! Maintenant la situation nous paraît relativement claire jusqu’à Madère, mais va sûrement se compliquer mardi-mercredi car le vent devrait tomber. Nous sommes donc en train de réfléchir sur la manière de quitter Madère. Pour le moment, c’est beau soleil, grand ciel bleu vent de nord de 15/18 n ?uds. Avec Gildas on se relaye quand on en a marre, on s’organise bien. J’ai pris en charge la cuisine car il faut bien gérer les stocks et avec Gildas j’ai préféré prendre en charge la cambuse ! Au menu pâtes et pain grillé... "

 Lionel Péan (L’Esprit d’Equipe) : " Tout va très bien, on navigue sous spi entre 9 et 10 noeuds par grand beau temps et on commence à s’éloigner des côtes. La vie à bord est rythmée par le vent. On est sur le bon bord pour aller vers Madère en route directe. On navigue seuls depuis qu’on a décidé d’aller à terre One pensait pas être si seuls. On a choisi une option qui tenait la route, après vision météo, afin de s’assurer la descente sur Madère dans de bonnes conditions. "

 Yannick Bestaven (Charente Maritime - Scutum) : " On fait enfin de la régate. On a rattrapé les bateaux grâce à une bonne météo dans le Golfe. Maintenant on fait route directe sous spi avec 15 n ?uds de vent. On est entré dans les alizés portugais depuis hier soir et maintenant on réfléchit sur un choix tactique pour passer Madère. Beau temps, belle mer, on navigue avec deux bateaux à vue et on joue aux devinettes pour savoir qui c’est. On leur met un peu la pression, car on est revenu dans le paquet. Avec Gérald nous nous relayons toutes les 2 heures et nous faisons un concours ; on joue celui qui fera le plus de milles dans ses 2 heures. Je crois que je suis en tête, mais pas de beaucoup... c’est très serré ! "