Michel Desjoyeaux se rapproche du doublé Vendée - Rhum

Photo : G.Martin-Raget/Promovoile

Un « chaque chose en son temps » bien représentatif de l’incroyable jeune Anglaise qui est en passe de gagner le classement Monocoques 60 pieds de cette Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum 2002. A 271 milles (500 km) de l’arrivée à 3 heures TU ce jour, Ellen devrait apercevoir l’île de la Désirade en milieu d’après-midi à condition d’accrocher les 12/13 nœuds de vitesse Vitesse #speedsailing moyenne. Et cette Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum cuvée 2002 sera loin d’être terminée car il restera 82 milles (152 km) à parcourir avec cette sacrée bouée de Basse-Terre à virer réputée pour ces zones de vents évanescents.

Quoiqu’il en soit Ellen, à environ 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures de l’arrivée, a la voix calme et sereine même si on la sent fatiguée, très fatiguée. Vent de travers, 12,5 nœuds de vitesse Vitesse #speedsailing moyenne sur une heure, Kingfisher glisse vers une victoire cousue d’écume d’or et Mike Golding (Ecover) ne peut rien faire, « anesthésié » depuis plusieurs jours par 70 milles (126 km) d’écart incompressibles.

Du côté des multicoques de 60 pieds, même scénario. Michel Desjoyeaux (Géant) est à 704 milles (1 260 km) de l’arrivée et possède 186 milles (335 km) d’avance sur un Marc Guillemot (Biscuits La Trinitaine-Team Ethypharm) survitaminé. Mais Lalou Roucayrol (Banque Populaire) reste en embuscade et ne pointe qu’à 80 milles (144 km) derrière le 4^e de l’édition de 1998. Le suspense reste entier pour la deuxième place !  

Monocoques

Le compte à rebours peut dorénavant commencer, Ellen MacArthur sur son Kingfisher est bien en passe de gagner cette Route du Rhum dans la classe des monocoques 60 pieds. Et pour une dernière sur son monocoque né en février 2000, on ne peut rêver mieux ! « C’est cool » comme elle dit en prenant connaissance des 76,3 milles d’avance qui la séparent de Mike Golding. Et si elle avoue ne pas songer encore à l’arrivée, elle pense déjà avec une certaine anxiété à ce parcours côtier qu’elle devrait aborder demain après-midi au large des côtes Guadeloupéennes. Un dernier slalom géant qui l’emmènera virer une bouée devant Basse-Terre avant de revenir sur Pointe-à-Pitre.

« Il y avait no vent, rien du tout à Basse-Terre il y a quatre ans » lâche-t-elle dans son adorable franco-anglais mais qui souligne avant tout le fait que cela l’avait marqué. Cette dernière ligne, pas droite du tout, pourrait durer une dizaine d’heures à 8 nœuds de moyenne, ce qui serait déjà une belle performance compte tenu des manœuvres à effectuer et des vents capricieux à l’approche de l’île-papillon.

Derrière, Mike Golding (Ecover) reste omniprésent mais ne peut plus rien faire. Il est « anesthésié » par une Ellen MacArthur pile sur sa route et qui contrôle de la tête et des épaules la trajectoire du marin britannique. 12,2 nœuds de vitesse instantanée pour Ecover lui aussi au reaching (vent de travers) pour 333 milles parcourus en 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures . Une belle performance certes, mais anéantie lorsque l’on constate que la jeune Anglaise a avalé de son côté 16 milles de plus soit 350 milles. Impressionnante !

Joé Seeten sur Arcelor Dunkerque bétonne sa troisième place. Placé lui aussi sur la trajectoire de Roland Jourdain (Sill), Joé navigue avec méthode et efficacité. 85 milles d’avance ce matin à 3 heures TU : rien à dire. Cette distance qu’il maintient depuis maintenant plusieurs jours lui construit un matelas suffisant de milles d’avance pour aborder le parcours côtier sereinement même s’il s’en situe aujourd’hui à environ 800 milles.

En flotte monocoque 50 pieds, c’est Nick Moloney (Ashfield Healthcare) qui est toujours en tête. Rappelons que l’Australien tient la pole position de cette Route du Rhum depuis le premier jour ! Content d’être dans le flux alizéen parfaitement adapté à sa luge rouge, le robuste gaillard dort dans le cockpit pour ne pas se faire surprendre par les grains ! Florys de Luc Coquelin est toujours deuxième et compte 162 milles de retard.

En classe III monocoques, Storage Tek de Régis Guillemot continue de survoler le classement suivi de Passion Entreprendre de Jérôme Thiriez. Rien de nouveau de ce côté-là !

Multicoques

D’un Guillemot l’autre, il n’y a que deux coques. Marc continue d’attaquer et avoue être sous genaker grand voile un ris dans un vent de 25 à 28 nœuds. Autrement dit, Marc attaque et ne lâche pas le morceau : « Actuellement les alizés sont assez soutenus voir même assez costauds. Il faut être très prudent et je garde toujours la main sur l’écoute. Je ne suis pas dans la même configuration que Michel tout simplement parce qu’il a un peu d’avance et moi… un peu de retard ». Inutile de dire que si le bateau avale les milles à grandes bouchées, ce sont les phases de récupération qui trinquent : « Je ne sais plus trop où j’en suis côté sommeil mais que l’on se rassure, j’ai encore la patate et la hargne ! Hier entre les grains, il y avait 18 à 19 nœuds de vent et cela m’a permis de fermer les yeux un peu… ». Et s’il pointe à 186 milles du leader Michel Desjoyeaux (Géant), ce dernier navigue plus « tranquillement » sous solent et grand voile à un ris.

« Le cheval a envie de rentrer à l’écurie lâche tout de même Mich’Desj’. Et le cheval a diminué la taille de ses sabots considérablement… ». Le vainqueur du Vendée Globe en passe de couronner de la plus belle des manières sa première participation à la Route du Rhum lève le pied et n’a aucunement besoin de pousser tant sur la machine que sur l’homme à moins de 48 heures de l’arrivée. La voix est claire et distincte, forte et décidée : « Le parcours le long des côtes de la Guadeloupe ? Je l’ai bien mémorisé et je suis capable de le faire à l’aveugle… Mais il va y avoir de la manœuvre et je pense que je vais arriver dans la nuit ! ». Il poursuit lorsque l’on évoque le mot Arrivée : « le plus dur sera de passer de nos considérations de marins à celles de terriens. Par exemple, depuis une semaine je me demande si je dois d’abord enrouler le genaker et prendre un ris dans la grand voile ou bien l’inverse… C’est cela un peu nos considérations de marins ! Je n’ai pas encore la réponse d’ailleurs… » termine-t-il en ricanant doucement.

Quoiqu’il en soit Michel Desjoyeaux devrait être attendu à peu près 24 heures après l’arrivée d’Ellen MacArthur, soit dans la nuit de samedi à dimanche. A 3 heures TU ce jour, il lui reste 704 milles à parcourir sachant qu’il navigue actuellement à la vitesse moyenne sur une heure de 16,9 nœuds.

En Multicoques Classe II, Franck-Yves Escoffier sur son Crêpes Whaou ! est en tête. Il pointe à 368 milles devant Anne Caseneuve (Yachting-casino.com). Rien aujourd’hui ne peut l’empêcher de gagner pour la deuxième fois consécutive la Route du Rhum dans sa classe.

Dernière info : Le remorqueur La Désirade est parti hier à 14h30 de Pointe-à-Pitre pour aller secourir et récupérer Stève Ravussin et son TechnoMarine-Match TV. Ce bateau de 27 mètres avance à une moyenne de 14 nœuds et devrait atteindre la zone où se trouve Stève dans 72 heures.

Le parcours d’arrivée

Une fois la Guadeloupe en vue, la course ne sera terminée pour autant ! Monocoques et multicoques toutes classes confondues devront avaler un long parcours le long des côtes de l’île Antillaise. Les marins devront laisser l’île de la Désirade et celle de Petite Terre à tribord (droite) puis se glisser sous le vent de l’île de Marie Galante pour aller virer un Way-Point imposé par le Comité de Course qu’ils devront laisser sur bâbord (à gauche) placé à quelques milles de la côte. Ensuite ils se dirigeront vers la Pointe des Trois Rivières, celle du Vieux Fort puis vireront la bouée de Basse Terre qu’ils devront laisser sur bâbord (à gauche). Parcours retour vers Pointe-à-Pitre identique soit Pointe du Vieux Fort, des Trois Rivières et enfin la bouée Pointe-à-Pitre à laisser à bâbord. Une fois cette dernière marque délimitant un important haut fond à laisser sur la gauche, ce sera un dernier bord de 2,4 milles à parcourir vers la ligne d’arrivée qui sera matérialisée entre le Comité de Course placé à l’hôtel Marissol au Bas du Fort et une bouée gonflable jaune avec un flash light.

Récapitulatif et distance en milles :
 Ile de la Désirade - Ile de Petite Terre : 12 milles
 Ile de Petite Terre - Way-Point imposé : 24 milles
 Way-Point imposé - Pointe des Trois Rivières : 9 milles
 Pointe des Trois Rivières - Pointe du Vieux Fort : 6,3 milles
 Pointe du Vieux Fort - Bouée de Basse Terre : 4 milles
 Bouée de Basse Terre - Pointe du Vieux Fort : 4 milles
 Pointe du Vieux Fort - Pointe des Trois Rivières : 6,3 milles
 Pointe des Trois Rivières - Bouée Pointe-à-Pitre : 14 milles
 Bouée Pointe-à-Pitre - Ligne d’arrivée : 2,4 milles
 Total du parcours côtier à parcourir : 82 milles

Pierrick Garenne