La première partie de cette étape de 4 450 milles va se mener au louvoyage contre les alizés de l’atlantique sud et le fort courant brésilien. Deux choix tactiques vont s’imposer : s’éloigner des côtes pour trouver des vents plus forts et plus stables avec l’inconvénient de faire plus de route. Ou au contraire, rester « à terre » avec des vents certes plus faibles mais compensés cependant par de bons effets thermiques et l’avantage d’une route plus courte.

Après le passage de la pointe nord du Brésil, les conditions météo devraient devenir plus favorables et permettre aux concurrents de couper l’Equateur avec des vents bien établis. Il leur faudra cependant encore négocier une étroite zone de calme, à l’approche de l’île Tobago, avant de retrouver les alizés de nord-est, qui devraient les accompagner tout au long de la chaîne des Petites et des Grandes Antilles.

La négociation de l’arrivée sur Miami, après avoir longé les îles Bahamas, pourrait s’avérer un peu délicate, les vents devenant souvent plus variables à l’approche du Gulf Stream. Cette zone de navigation peut même se révéler très agitée si un front froid descend du Nord-Ouest des Etats Unis, comme cela arrive régulièrement en cette saison. Sous la pression de forts vents de nord, des vagues raides et déferlantes pourraient se former et obliger les équipages à traiter la fin de cette 5^e étape avec circonspection.

Pour l’heure, La Volvo Ocean Race s’affairent sur les pontons de Rio de Janeiro sous un soleil de plomb. La composition finale des équipages embarqués pour cette prochaine confrontation se dessine petit à petit.

Les Français renforcent leur présence à abord de Djuice, les deux tricolores permanents, Jean Yves Bernot et Jacques Vincent, respectivement navigateur et chef de quart, vont en effet être rejoints par Franck Proffit et Hervé Cunningham, l’un spécialiste du multicoque et l’autre de la Coupe de l’America. On retrouve également, comme sur les précédentes étapes, Sidney Gavignet et Jules Mazars sur Assa Abloy, ainsi que Jan Dekker sur Tyco.

Thomas Coville, embarqué sur Djuice, comme chef de quart pour l’étape du Horn, est retourné en France, veiller à la construction de son trimaran Sodebo et Pascal Bidegorry, embarqué sur SEB (qui vient de retrouver un nouveau mât) est quant à lui revenu en France rejoindre Franck Cammas sur son trimaran Groupama.

La présence de Paul Cayard sur Amer Sports One, aux côtés de Grand Dalton, est assez compromise par le retour à bord du tacticien américain Dee Smitth. Mais, comme il ne faut jamais dire « jamais », il faudra attendre le dernier moment pour savoir si le célèbre franco-américain disputera ou non prochaine manche à bord de Amer Sports One … ou d’un autre bateau.

A la différence de quelques défaitistes qui voient déjà illbruck vainqueur de cette édition 2001-2202, Grant Dalton fait partie de ceux qui croient encore, pour des raisons mathématiques, à de possibles bouleversements au classement général. La Volvo Ocean se dispute en effet en 9 étapes créditées d’un même nombre de points et seulement 4 ont été disputées jusqu’à maintenant, soit moins de la moitié des manches. Si illbruck bénéficie d’un avantage psychologique indéniable sur ses adversaires après trois victoires d’étapes sur 4 manches disputées, tout reste effectivement possible…

Paul Cayard voit ce pendant les choses avec plus de nuances, même si le raisonnement mathématique de Dalton tient la route… sur le papier. « La Volvo Ocean Race entame sa seconde partie, celle des étapes plus courtes et plus tactiques. Contrairement à Grant, je ne pense pas que illbruck, avec l’équipage qu’il a et son niveau de préparation soit moins performant sur ces « petites » étapes à venir. Je pense au contraire qu’illbruck est davantage taillé pour ce type de confrontation que pour les grandes étapes du sud où il a fait merveille néanmoins. Cela va donc être difficile de venir l’inquiéter, même si d’autres bateaux ont un réel potentiel. Assa Abloy, par exemple, est vraiment, à mon avis, le bateau le plus rapide de la flotte et pourrait se distinguer à nouveau. »

Avec encore 5 manches à disputer, dont une va arriver le 11 mai prochain à La Rochelle, les 97 marins engagés dans cette Volvo Ocean Race 2001-2002 ont encore du boulot sur la planche. « Un boulot à terminer » comme disait le très regretté Sir Peter Blake, double vainqueur de cette course autour du monde en équipage avec escales.