En reprenant Pen Duick SA, Match Racing et Promovoile, il est devenu l’organisateur des Transat Jacques Vabre, Transat AG2R et Trophée BPE et, surtout, de la Route du Rhum. Détenue majoritairement par la famille Coudurier et dirigée par Edouard Coudurier, la Société Le Télégramme de Brest a acheté, en 2004, trois grands acteurs de l’organisation d’épreuves nautiques en France. Parallèlement, elle a investi directement, ou via sa filiale Bretagne Multimédia, dans différentes sociétés de presse ou de communication ainsi que dans des acteurs du numérique.

Au début des années 2000, c’est un autre grand groupe de la communication qui porte son intérêt sur la voile. Havas Sport se rapproche de la Fédération Française de Voile et de Promovoile, la société créée par Michel Etévenon en 1978 pour organiser les Route du Rhum. Si Havas est toujours la société productrice du site officiel de la FFV via Havas Sports Net, elle n’est plus dans la course. La place a été prise par Le Télégramme. Après la Route du Rhum 2002 et son image sportive ternie par les nombreux accidents survenus dans la catégorie des multicoques de 60 pied, Promovoile vend ses actifs. C’est Bretagne Multimédia (détenue à 92,11% par la Société du Télégramme) qui se porte acquéreur avec, à sa tête, Roland Tresca. La Route du Rhum entre ainsi dans le giron de Pen Duick SA déjà investie par Le Télégramme et cédée par Gérard Petitpas, l’ancien bras droit d’Eric Tabarly. Peu après, c’est Match Racing, la société de François-Xavier Deshayes qui est reprise par la maison mère, Le Télégramme, afin de confier les Transat AG2R et le Trophée BPE aux bonnes mains de Pen Duick SA.

Les grandes courses au large dans le giron du Télégramme

En l’espace d’une année, le quotidien se retrouve ainsi organisateur de courses au large. Pen Duick SA est désormais l’organisateur officiel de la Route du Rhum, de la Transat AG2R et du Trophée BPE, deux courses du circuit Figaro-Bénéteau, de la Transat Jacques Vabre et de la future Lorient – Les Bermudes - Lorient. Les seules grandes courses françaises professionnelles qui n’appartiennent pas au Télégramme restent le Vendée Globe (SEM de Vendée), la Transat 650 (GPO et la Classe Mini), la Solitaire Afflelou Le Figaro (Le Figaro)… voire la Multi Cup 60 (circuit des multicoques de 60 pieds sous la houlette de Benjamin de Rothschild). Le groupe de presse possède ainsi une position dominante sur la course au large française et touche de nombreuses séries comme les 60 pieds ORMA (multicoques) et IMOCA (monocoques), les 50 pieds, les Class 40 et les Figaro-Bénéteau.

Ce n’est d’ailleurs pas nouveau qu’un groupe de presse s’investisse dans le sport puisque les quotidiens L’Equipe et Le Parisien sont parties prenantes du Tour de France cycliste et du Paris – Dakar (entre autres) via ASO (Amaury Sport Organisation). On retrouve encore, dans la voile, les éditions Larivière, éditeur de Voile Magazine, avec le Tour de France à la voile et, bien sûr, le Groupe Le Figaro avec la Solitaire. Le grand concurrent du Télégramme, le quotidien Ouest France, actionnaire du mensuel Voiles et Voiliers, organise quant à lui, le Spi Ouest France, événement amateur à La Trinité-sur-Mer, concurrencé par l’Atlantique Le Télégramme mis en place à Lorient. D’ailleurs, Ouest France n’a pas bougé au moment de la mise en vente de la Route du Rhum alors que la course est organisée à St Malo en Île et Vilaine où le Télégramme n’est pas implanté…

Ainsi que de nouveaux médias et de la communication

L’implication du Télégramme dans la voile ne se limite pas à l’organisation de courses. Le quotidien breton a aussi investi dans les médias et la communication. C’est ainsi que Bretagne Multimédia a assis sa présence sur l’actualité nautique en reprenant, avec le magazine Bateaux, le site internet Sail-Online créé par Christian Dumard. Quand le site s’est scindé, la partie Télégramme s’est associée à Course-Au-Large, le site crée par les Editions Course Au Large du Rennais Pierre Giboire. La société Le Télégramme de Brest possède ainsi 25% du site internet et du bimestriel édité par la filiale, à 16%, de l’agence de communication Mer & Média qui gère aussi les relations presse de Bruno Peyron, de Francis Joyon et Jean Le Cam (entre autres). Un autre magazine bénéficie aussi du soutien du Télégramme puisque le quotidien dispose de 11% des parts de Nautilus, le magazine de la mer crée par Christophe Agnus. Enfin, le journal est aussi présent dans le monde de la communication et des RP via RivaCom, la société de Régis Rassouli. Bretagne Multimédia y est présent avec 25 % des parts, aux côtés d’Olivier de Kersauson (13,5%). RivaCom est d’ailleurs chargée de la communication des événements organisés par Pen Duick SA dont la Route du Rhum 2006 et travaille avec des navigateurs comme Bernard Stamm, Servane Escoffier et, bien sûr, Olivier de Kersauson.

Enfin, Le Télégramme a investi le monde de l’économie du net avec des filiales comme Bretagne Online, chargée de la réalisation de logiciels, Arsenal Production, spécialiste de fabrication de sites web, Multimédia Sailing, une filiale en suspens, et Régions Job, site de petites annonces d’emploi, etc. Régions Job est d’ailleurs un des partenaires de la Route du Rhum 2006.

La « pieuvre » Le Télégramme a ainsi étendu en quelques années ses tentacules sur de nombreux acteurs de la course au large française. On peut s’interroger sur une telle emprise dans les médias, la communication et l’organisation d’événements. Mais force est de constater que l’ensemble est impressionnant…