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Vendée Globe • S6

Roland Jourdain abandonne à mi-parcours

Resserement en tête de course avec Riou et Le Cam toujours au coude à coude

dimanche 19 décembre 2004Christophe Guigueno, Information Vendée Globe

La sixième semaine de course autour du monde aura été impitoyable pour un des grands favoris. Alors que les premiers passent la mi-parcours avec près de cinq jours d’avance sur le temps de Michel Desjoyeaux il y a quatre ans, Roland Jourdain rencontre des problèmes avec sa quille pendulaire. Cette fois-ci, ce n’est pas le voile de quille qui part en torsion et en raisonnance, c’est la tête et ses vérins qui rendre l’âme. Coup du sort, cela se produit quatre ans et un jour après ses soucis de rail de grand-voile qui lui ont coûté toute chance de gagner le dernier Vendée Globe... Pendant ce temps, les écarts se sont resserrés en tête de course. Le Cam et Riou sont on ne peut plus proche. Seb Josse a pris la troisième place, à un peu plus d’une journée de mer des deux premiers. Mike Golding est toujours aussi dangereux. La régate se poursuit désormais dans l’océan Paficique. Cap sur le Horn !

Dimanche 12 décembre : Deuxième vit-de-mulet pour Dick, deuxième safran pour Seeten : la casse continue son travail de sape

Deuxième vit-de-mulet cassé pour Dick, deuxième safran pour Seeten Les avaries s’enchaînent dans le grand sud et les mauvais coups du sort s’acharnent souvent sur les mêmes. Samedi après-midi, Joé Seeten (Arcelor Dunkerque) annonçait avoir heurté une nouvelle fois un OFNI, cassant son deuxième safran en quatre jours. Joé, qui avait réussi le tour de force de remplacer en pleine mer jeudi le safran tribord par celui de secours en tout juste vingt minutes, n’a plus de safran de secours pour remplacer le bâbord cassé en partie hier après-midi. Depuis cette nuit, Joé est au mouillage devant l’île aux Cochons (archipel de Crozet). Pour réparer, il a d’abord fallu retirer le safran endommagé pour réaliser une stratification. Dimanche midi, Joé se reposait en attendant que l’ensemble sèche avant de le remettre en place. Mais un autre problème se pose désormais. Pour remettre son safran, Joé a besoin d’une ancre qui maintient la pièce en position verticale dans l’eau. Or, il a perdu une ancre en remplaçant le premier safran jeudi, et la deuxième lui sert actuellement pour rester au mouillage...

Vincent Riou (PRB) et Jean Le Cam (Bonduelle), séparés de seulement 38 milles au pointage de 16 heures ont remis du charbon. La transition météo, qui a permis à leurs trois poursuivants directs de revenir légèrement ces derniers jours, a désormais doublé les deux leaders qui ont subi des grains à plus de 60 nœuds la nuit dernière. Bonduelle est parti à l’abattée dans la nuit mais n’a rien cassé. Depuis dimanche matin, Vincent et Jean naviguent à nouveau dans des conditions de vent et de mer propices aux surfs et aux belles moyennes. Finis les zigzags ! Ils suivent tous les deux une route directe vers la porte de passage obligatoire située au sud du cap Leeuwin (Australie). Les écarts avec les trois suivants devraient donc à nouveau se maintenir.

- Sébastien Josse (VMI) : « Ça avoine ! Je fonce entre 19 et 25 nœuds en permanence par 35 nœuds de vent. J’ai une belle houle de trois quart arrière, et ça dévale bien. Je ne reste pas trop dans ma bannette car je stresse tellement. J’ai l’impression d’être dans un grand huit. Donc je mets mon ciré, prêt à intervenir, puis j’attends. Je vais à la table à cartes. Ce n’est pas possible d’aller dehors pour barrer de toute façon. C’est la douche ! Le cockpit arrive tout juste à évacuer l’eau. Je tourne en rond dans le bateau toute la journée mais ce n’est pas ennuyeux du tout. La course est vachement sympa. Il y a Bilou et Golding pas loin. Il faut bien gérer les trajectoires. »

- Dominique Wavre (Temenos) : « Le front est passé vers 11 heures ce matin. Le vent est remonté à 35 nœuds. Le paysage est maintenant superbe, avec des passages de grains avec de la grêle. Il y a 5 à 6 mètres creux. Hier, j’ai chopé des grandes algues de 50 mètres de long. J’ai dû faire une marche arrière par 35 nœuds de vent ! Sinon, ça va bien. Le moral est bon. J’ai toujours des albatros et des petits pétrels autour de moi. J’angoisse un peu tout de même de la dépression qui arrivera demain soir. On devrait avoir plus de 45 nœuds et surtout une mer croisée. Je me sentirais quand même mieux une fois que cette tempête sera passée. »

- Benoît Parnaudeau (Max Havelaar-Best Western) : « Je suis juste au sud des îles du Prince Edwards. Il ne fait pas très chaud. Il y a une belle houle qui pousse bien. Le temps est gris et la mer est claire. Il faut être suffisamment toilé pour ne pas se faire ballotter. Je “flippe“ un peu avec les glaces (Benoît est l’un des plus au sud de toute la flotte, ndlr). Demain sera une journée importante. Il faudra choisir de passer au nord ou au sud des Kerguelen en fonction de la météo et des glaces. »

- Anne Liardet (Roxy) : « Je n’étais pas très bien réglée hier. J’ai eu un petit coup de mou et Benoît en a profité pour me doubler. Les conditions sont assez virulentes maintenant et ne devraient pas être très joyeuses pour les prochaines 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures . C’est pour ça que je ne veux pas descendre plus au sud que le 46°S où je me trouve. Cette nuit, le vent est monté et j’ai roulé mon solent. Je n’ai pas eu les tripes dans la nuit noire d’aller à l’avant pour envoyer la trinquette. J’ai attendu ce matin pour voir les vagues. A part ça, je n’ai plus de cornichons, j’ai perdu ma fourchette pour manger et j’ai déjà cinq sacs poubelles qui s’entassent après cinq semaines de course... »

- Patrice Carpentier (VM Matériaux) : « Il m’est arrivé un truc bizarre il y a deux nuits. Le bateau est parti en vrac à l’abattée et il est resté couché sur la tranche à plus de 90°. Ma grand-voile était posée sur l’eau. C’est difficile de se déplacer dans un bateau couché à 90°. Je n’arrivais pas à renvoyer ma quille de l’autre côté. Du coup, je suis sorti pour enrouler le génois, mais cela n’a pas suffi. La manœuvre n’était vraiment pas évidente, car le winch de l’écoute de génois était au-dessus de ma tête. Il fallait faire de l’escalade dans le cockpit. J’ai fini par reprendre la bastaque au vent et choquer celle sous le vent. Cela m’a quand même pris une heure et demie pour remettre le bateau droit ! »

• CLASSEMENT DU 12/12/04 15:00 GMT (16H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart Vmg Vit moy Cap moy
- 1 PRB VINCENT RIOU 13767,3 0,0 16,9 16,9 80
- 2 BONDUELLE JEAN LE CAM 13805,3 38,0 15,5 15,7 77
- 3 SILL ET VEOLIA ROLAND JOURDAIN 14037,1 269,8 19,1 19,4 82
- 4 VMI SEBASTIEN JOSSE 14148,2 380,9 16,6 17 81
- 5 ECOVER MIKE GOLDING 14178,4 411,1 14,9 15,2 77
- 6 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 14813,0 1045,7 13,6 13,7 109
- 7 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 14928,4 1161,1 1,5 7,4 26
- 8 SKANDIA NICK MOLONEY 15190,0 1422,7 2,5 4,4 161
- 9 PRO-FORM MARC THIERCELIN 15655,4 1888,1 11,5 11,6 125
- 10 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 15793,7 2026,4 7,3 7,4 103
- 11 VM MATERIAUX PATRICE CARPENTIER 15934,6 2167,3 10,5 12,1 87
- 12 OCEAN PLANET BRUCE SCHAWB 16021,4 2254,1 11,4 13,4 87
- 13 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 16274,6 2507,3 10,6 12,5 84
- 14 ROXY ANNE LIARDET 16325,5 2558,2 9,2 11,2 84
- 15 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 16604,6 2837,3 10,5 12,1 92
- 16 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 16638,9 2871,6 10,2 11,7 93
- 17 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 17014,0 3246,7 8,2 8,4 139
- ABD HUGO BOSS ALEX THOMSON
- ABD UUDS HERVE LAURENT
- ABD BROTHER NORBERT SEDLACEK


Lundi 13 décembre : Déjà l’Australie, et en moins de 37 jours ! • Joé Seeten est reparti de l’île aux Cochons avec un seul safran

Au cap de Bonne-Espérance, au sud de l’Afrique Australe, Vincent Riou (PRB) possédait plus de quatre jours d’avance sur le tableau de marche d’Yves Parlier en 2000. Deux semaines plus tard, le même Vincent Riou conserve toujours environ quatre jours d’avance, mais cette fois-ci sur Michel Desjoyeaux, à bord du même PRB. A ce rythme, le leader actuel de ce 5e Vendée Globe pourrait atteindre la mi-parcours vendredi prochain (40e jour de course !) et franchir le cap Horn entre le 31 décembre et le 1er janvier, selon ses propres estimations... Remontés à 47°sud pour franchir la porte de sécurité obligatoire, les trois premiers ont immédiatement replongé vers le sud-sud-est en route directe vers la prochaine porte située au sud de la Tasmanie par 52°sud.

Avec plus de 438 milles parcourus lors des dernières 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures (18,3 nœuds de moyenne), Roland Jourdain (Sill et Veolia) n’est plus très loin du record Record #sailingrecord absolu détenu depuis un an par le Britannique Alex Thomson (Hugo Boss) - 468 milles parcourus à la vitesse Vitesse #speedsailing moyenne de 19,5 nœuds. Au vu des conditions météorologiques actuelles, ce record Record #sailingrecord pourrait bien être approché de près, voire battu, dans les jours qui viennent, bien que ce ne soit pas l’objectif des concurrents en ce moment.

Joé Seeten (Arcelor-Dunkerque) est reparti de l’île aux Cochons, dans l’archipel de Crozet, dimanche après-midi, avec un seul safran en place. Les conditions de vent et de mer n’ont pas permis au navigateur de remettre en place le safran qu’il avait retiré et réparé suite au choc avec un OFNI. Joé Seeten, qui a déjà remplacé jeudi dernier en pleine mer son safran tribord arraché par un OFNI, s’apprêtait à répéter l’opération lundi dans l’après-midi avec le safran bâbord. Pour l’instant, il navigue encore par 32 nœuds de vent bâbord amures et avouait à la vacation avoir fait un départ à l’abattée avec son unique safran hors de l’eau...

Karen Leibovici (Benefic), Raphaël Dinelli (Akena Vérandas) et Conrad Humphreys (Hellomoto), les trois derniers du classement, à plus de 3000 milles du leader, sont poursuivis dans l’Océan Indien par l’anticyclone de Sainte-Hélène. Toute la journée de lundi, ils se sont traînés à moins de dix nœuds et doivent sûrement attendre avec impatience l’arrivée d’une prochaine dépression pour repartir de plus belle. La météo est décidément sans pitié avec les retardataires...

- Vincent Riou (PRB) : « Je l’ai passée (la porte) un peu comme je pouvais. Hier, j’ai empanné un peu tard. Du coup, j’ai franchi la porte en son milieu au lieu de la passer à son extrémité ouest comme Jean (Le Cam), ce qui aurait été plus court pour la suite. Mais les conditions sont tops maintenant. J’ai un joli flux d’ouest pour aller vite et tout droit jusqu’à la prochaine porte. Nous devrions avoir 20-25 nœuds de vent pendant trois jours. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas eu d’aussi belles conditions. C’est vraiment super de voir PRB aller vite sans problème. Quand les conditions de mer et l’angle de vent sont bons, on peut aller très vite sans stresser. Jusque-là, l’Océan Indien était vraiment difficile. Maintenant, l’air est à 13°C et l’eau à 9°C. C’est super agréable. »

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « J’ai très bien dormi la nuit dernière. J’avais beaucoup allumé hier, puis j’ai dit stop. On va vers des problèmes à ce rythme-là. Donc j’ai mis la trinquette et je suis allé me coucher. J’ai préféré lever un peu le pied car je ne trouvais pas ça très raisonnable. On n’a pas encore fait la moitié de la course. Pour l’instant, je suis sous pilote en permanence. Je défie quelqu’un de tenir la barre plus d’un quart d’heure par 19 nœuds de vitesse Vitesse #speedsailing au reaching. Sinon, hier, j’ai fait un vrac d’anthologie. Je dormais dans la couchette quand j’ai eu l’impression que quelqu’un me réveillait en retournant mon lit. Le bateau était parti à l’abattée. Je me suis retrouvé dehors, en chaussettes et petite polaire, trempé, par 45 nœuds de vent et le bateau couché à l’horizontal. Cela m’a pris une demi-heure pour tout remettre en place. »

- Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) : « J’ai fait la manœuvre la plus difficile de ma vie hier (la réparation de son vit-de-mulet). C’est une manœuvre quasi-impossible à faire tout seul. C’est incroyable ce qu’on est capable de faire lorsqu’on est confronté à de telles situations. Les conditions sont vraiment difficiles. Tout est dur à bord. Je dois faire à la main les manœuvres qui se faisaient auparavant électriquement (à cause de la pénurie d’énergie à bord). Il me faut environ150 coups de manivelles pour mettre la quille au vent lorsque j’empanne. Je dois pomper une centaine de fois pour faire un litre d’eau douce avec le dessalinisateur à main. Idem pour la pompe de cale ou le ballast. L’électricité est importante, et quand il n’y en a plus, il faut faire sans. Je vais quand même chercher les fichiers météo une fois par jour car sinon c’est trop dangereux. Tous les jours j’essaye de réparer le générateur. C’est très dur de barrer plus d’une 1h30 d’affilée. Il faut vite se réchauffer. »

- Joé Seeten (Arcelor-Dunkerque) : « J’attends une accalmie pour remettre mon safran. Je pense que cela devrait être possible cet après-midi (lundi). Pour l’instant, j’ai encore 32 nœuds de vent et des creux de 4 à 5 mètres. Cela se calme et le baromètre remonte en suivant une route au nord-est. Le mouillage à l’île aux Cochons n’était pas évident. Il y avait beaucoup de vent et de courant. J’ai perdu mon premier mouillage car le bout s’est cisaillé sur la quille. J’ai ensuite mouillé une ancre de 19 kg. J’ai sorti le safran vers 2h du matin. Je pense que c’est une bille de bois qui l’a endommagé. J’ai eu de la chance de ne pas casser la mèche à nouveau. Puis dans l’après-midi, j’avais trop de vent et de mer pour remettre mon safran. Je suis parti avec un seul safran en place pour limiter mon temps perdu. »


Mardi 14 décembre : 4 jours et 12 heures d’avance sur le temps de Michel Desjoyeaux au Cap Leeuwin

4 jours et 12 heures d’avance sur l’édition précédente. Tel est le niveau de performance de cette nouvelle mouture du Vendée Globe. Une avance officialisée cette nuit avec le franchissement de la longitude du cap Leeuwin. Un des trois grands caps du parcours une nouvelle fois salué par le passage en tête de Vincent Riou (PRB). Alors que d’ici samedi prochain la moitié du parcours sera dans le sillage, les cadences futures s’annoncent de plus en plus élevées. Une seule raison à cela : la régate n’a jamais été aussi intense à ce stade de la compétition. Trois derrière qui poussent, soit Roland Jourdain (Sill et Veolia), Sébastien Josse (VMI) et Mike Golding (Ecover) et deux devant qui se battent de belle manière pour le leadership. Résultat : 12 nœuds de moyenne sur la route théorique. Et ce n’est pas fini !

Si le milieu du classement affronte une belle tempête en cette journée de mardi, avec des vents supérieurs à 50 nœuds annoncés par Nick Moloney (Skandia), plus loin derrière, le soleil est de la partie. Tout comme un vent de 18 à 20 nœuds qui propulsait, vent de travers, le Akena Vérandas de Raphaël Dinelli. « Matin et soir, on s’échange des mails avec Karen (Leibovici). C’est sympa surtout que tous les deux, nous avons eu une période pas facile au niveau moral. Mais pour elle comme pour moi, tout va beaucoup mieux ». Si devant, les concurrents sont tout à leur régate, ceux de derrière se soutiennent les uns les autres. Les messages écrits forment des liens solides entre Anne Liardet (Roxy), Benoît Parnaudeau (Max Havelaar Best Western), Raphaël Dinelli (Akena Verandas) et Karen Leibovici (Benefic) qui confirme. « Nous avons pas mal d’échanges entre nous. Cela donne un peu de vie. Nous sommes dans la course mais nous profitons tous de notre tour du monde ». L’anglais Conrad Humphreys (Hellomoto), à 300 milles derrière, ne fait pas encore partie de la bande des quatre. Mais, il sera bientôt admis au club. Cinq devant, cinq derrière, le scénario de cette édition continue de s’écrire merveilleusement...

- Vincent Riou (PRB) : « Moi, mon souci, c’est de savoir où je veux être dans les 8 jours. Tout le monde est capable de savoir où il va être à 24 ou 48 heures. Il faut se projeter beaucoup plus loin. C’est comme cela que tu ne te fais pas piéger par la météo ».
- Jean Le Cam (Bonduelle) : « On monte la barre, on monte la barre. On ne va pas dire que c’est paisible. Marcher à 18/19 nœuds de moyenne, ce n’est pas paisible ».
- Mike Golding (Ecover) : « Je suis heureux de notre progression. Nous avons réussi à revenir sur les premiers. A un moment, j’avais pris un ris (dans la grand-voile NDLR) supplémentaire. Tout de suite j’ai perdu une trentaine de milles. Pourtant, je trouvais cela plus raisonnable... »
- Sébastien Josse (VMI) : « Même dans les livres, ils ne parlent pas d’une descente de l’Atlantique telle que nous l’avons connue. Les marins ont évolué, les bateaux ont évolué mais c’est quand même Eole qui décide... »


Mercredi 15 décembre : Riou et Le Cam dans les calmes, Jourdain, Josse et Golding reviennent

Un nouveau départ se dessine à l’horizon alors que la mi-course sera atteinte avant la fin de la semaine. Insidieusement, depuis dix jours, les écarts se réduisent au sein du groupe de 5 premiers. Ainsi, l’anglais Mike Golding (Ecover) a remonté petit à petit 468 milles sur la tête de course depuis le lundi 6 décembre, jour où il a compté plus de 800 milles de retard. Et les deux premiers, soit Vincent Riou (PRB) et Jean Le Cam (Bonduelle), ralentis par une zone de haute pression, vont encore concéder du terrain dans les prochaines 48 heures. Derrière, les zones dépressionnaires balayent la flotte, plus ou moins rudement.

« C’est une période faste. Je ne sais pas à quel point on va recoller, mais on recolle. On se doutait bien qu’il faudrait attendre l’Australie pour qu’il se passe quelque chose ». Poussé par un flux de 20 nœuds qui va grimper dans les tours après avoir malmené Skandia, Virbac-Paprec et Temenos, Roland Jourdain (Sill et Veolia) ne boudait pas son plaisir de se voir ainsi revenir sérieusement aux affaires. Devant, l’inquiétude n’était pas de mise, même si Vincent Riou (PRB) reconnaît qu’il va peut-être repasser le pouvoir « à l’ami Jean » après 8 jours de règne. « Il va revenir, peut-être prendre la tête. Mais, au bout du compte, cela se jouera à 30/40 milles, c’est pas la mort... ». Un Jean le Cam (Bonduelle) au moral retrouvé et qui ne cachait pas sa joie de naviguer dans une séquence de « repos », avec vent faible, soleil, ciel bleu...

A la lecture des derniers classements, il revient sur « Vincent le Terrible », avec 50 milles rattrapés lors des dernières 12 heures. « C’est normal quoi merde. Il va droit dans la pétole. Il va quand même pas foncer dans la pétole et nous prendre 50 milles. Depuis quatre jours on sait que cela ne passe pas là où il est... ». Le vent est aujourd’hui faible sur la tête de course... mais la régate, à coup d’intox ou non, n’a jamais été aussi intense. Les jours prochains laissent augurer une lutte tout aussi passionnante. Devant les étraves, l’avenir météo s’annonce particulièrement compliqué. Sur ce coup là, les deux premiers sont tout à fait d’accord...

Tout va bien à bord de Temenos !
Photo : Dominic Wavre / Temenos

Moloney sous le choc

« J’ai déjà souvent rencontré du vent fort, car j’ai quand même pas mal navigué, mais jamais, au grand jamais, je n’ai vu de telles conditions. Je naviguais sous trinquette seule, avec plus de 65 nœuds de vent et les vagues s’écrasaient sur le pont. Je n’exagère pas mais les murs d’eau qui me tombaient dessus mesuraient bien 7 mètres ». Nick Moloney (Skandia) est encore sous le choc de cette dépression qui l’a durement secoué dans la nuit de lundi et dans la mâtinée de mardi. Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) dit avoir subi également le pire temps de sa carrière de marin. « Je n’avais jamais vu cela. La mer était énorme et les vagues déferlaient. Quand elles venaient percuter le bateau, j’avais l’impression que tout allait ’péter’ à bord. J’ai passé la nuit sous trinquette seule (petite voile d’avant de 25m2) car le vent soufflait entre 60 et 70 nœuds. C’était dantesque ».

- Nick Moloney (Skandia) : « J’ai commencé à appeler ma famille pour leur dire au revoir. J’étais sûr que j’allais payer le prix fort. Je me demandais comment cela allait se terminer. Je pensais que mon tour était venu. Je ne savais plus quoi faire. Les vagues déferlaient de partout et se jouaient du bateau. J’étais à l’intérieur quand dans un grand fracas, une énorme vague a frappé le bateau. On s’est retourné, très rapidement. J’ai cru ma dernière heure arrivée. Tous les équipements électroniques se sont détachés, les claviers, les ordinateurs, la cuisinière... tout a volé dans le bateau ».

- Bruce Schawb (Ocean Planet) : "En terme de course, les choses ne vont pas très bien. Il fait beau mais le vent est faible et ma position au nord est assez désastreuse. Mon option était en fait assez stupide en pensant que j’allais échapper à la dorsale. J’aurais dû suivre Patrice Carpentier. Mais voilà, je suis là où je me trouve. Je retiendrai la leçon. Il y a une méchante dépression qui m’arrive droit dessus. »

- Marc Thiercelin (Pro-Form) : « On n’arrive pas trop à se reposer avec ce bateau. Il faut tout le temps être dessus. La nuit dernière, ma tête tombait et je suis allé me coucher. Il m’a fait un coup de salaud. Il est parti à l’abattée... Tout de suite, c’est une heure de boulot pour remettre en route. Il m’a fait çà une deuxième fois... J’ai du casser des lattes, faut que je vérifie. »

• CLASSEMENT DU 15/12/04 15:00 GMT (16H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart Vmg Vit moy Cap moy
- 1 PRB VINCENT RIOU 12717,3 0,0 8,9 9,1 118
- 2 BONDUELLE JEAN LE CAM 12777,1 59,8 10,0 10,1 102
- 3 SILL ET VEOLIA ROLAND JOURDAIN 12929,5 212,2 16,5 16,5 103
- 4 VMI SEBASTIEN JOSSE 13029,1 311,8 16,2 16,4 101
- 5 ECOVER MIKE GOLDING 13054,7 337,4 17,1 17,3 98
- 6 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 13914,5 1197,2 14,9 15 113
- 7 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 14212,2 1494,9 7,2 7,3 104
- 8 SKANDIA NICK MOLONEY 14512,1 1794,8 14,8 14,9 106
- 9 PRO-FORM MARC THIERCELIN 14751,0 2033,8 14,2 14,2 112
- 10 VM MATERIAUX PATRICE CARPENTIER 15082,0 2364,7 11,2 13,2 139
- 11 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 15094,5 2377,3 11,4 11,8 118
- 12 OCEAN PLANET BRUCE SCHAWB 15418,5 2701,2 8,8 9,1 104
- 13 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 15626,8 2909,5 9,6 10,7 81
- 14 ROXY ANNE LIARDET 15712,0 2994,7 6,6 9,5 64
- 15 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 16010,7 3293,4 6,8 9,8 69
- 16 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 16013,4 3296,2 6,2 10,3 63
- 17 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 16321,4 3604,1 14,6 14,9 108


Jeudi 16 décembre : Les cinq premiers du classement se tiennent en 247 milles

Les cinq premiers se tiennent désormais en 247 milles ! Une distance minime alors que la mi-parcours approche à grand pas, puisqu’elle est prévue pour la journée de dimanche prochain. Il faut revenir vers le 24 novembre, soit avant que la tête de course ne pénètre dans l’anticyclone de Sainte-Hélène pour retrouver des écarts similaires... Ce passage douloureux pour les poursuivants que sont Roland Jourdain (Sill et Veolia), Sébastien Josse (VMI) et Mike Golding (Ecover) n’est désormais plus qu’un mauvais souvenir. Un nouveau départ vient d’être donné au sein du groupe de tête. Derrière, le gros mauvais temps va, encore une fois, durement secouer les autres skippers. Plus que jamais le Vendée Globe est une compétition, plus que jamais le Vendée Globe reste avant tout une aventure Aventure .

Vincent Riou (PRB) et Jean Le Cam (Bonduelle) se voyaient entrer dans les eaux du Pacifique comme une fleur, avec toujours une confortable avance sur leurs poursuivants. Et puis patatras ! En déployant ses tentacules vers l’antarctique, la dorsale a littéralement bloqué les deux premiers. « Cela ne m’emballe pas mais on s’achemine à quelque chose près vers un nouveau départ ». « Vincent le Terrible » ne peut manquer d’accuser le coup même s’il contient toujours de belle manière le « Roi Jean ». Derrière, après trois semaines de soupe à la grimace, cela sent l’euphorie. Mike Golding (Ecover), Sébastien Josse (VMI) et Roland Jourdain (Sill et Veolia) sont idéalement situés à l’avant de la dépression et sont poussés par un joli flux de nord-ouest. « C’est presque un peu trop facile, reconnaît Sébastien Josse. Je ne vais pas la ramener sur ce coup là. Nous y sommes pour pas grand-chose. C’est des milles de sanglier. Le pilote barre, la mer est plate, le vent est stable. C’est du facile. J’en ai même profité pour faire de gros dodo. Je me gave de sommeil ». Au classement de 16 heures, alors que l’écart avec le 5e Mike Golding (Ecover) n’est plus que de 247 milles contre encore 337 la veille, la jonction semble faite. Le club des cinq avance à une même allure, avec l’extrémité ouest de la porte de sécurité à portée d’étraves. En file indienne, ils vont la parer entre le début de soirée et demain matin. Après, les eaux sont libres jusqu’à la porte suivante située à plus de 2 200 milles. Un nouveau tronçon semé d’embûches puisque la situation météo est plus que complexe, avec un anticyclone à traverser avant de retrouver, sous la Nouvelle-Zélande, le flux perturbé de secteur ouest et les dépressions qui vont avec.

- Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) : « Je suis parvenu à réparer l’avarie qui me privait de l’usage de mes pilotes. J’étais penché sur mon tableau arrière, avec la tête et les mains dans l’eau. J’y suis parvenu au bout de trois heures. J’ai des gelures dans les doigts. Cette réparation, je l’ai effectuée au petit matin, soit en début de nuit pour vous ».

- Vincent Riou (PRB) : « C’est pas la folle ambiance. 200 mètres de visi, du brouillard, 15 nœuds de vent. On entre dans une zone du monde où les modèles météo ne savent pas trop où ils habitent. Cela change tout le temps. C’est dur de voir à plus de trois jours. On risque d’assister à un nouveau départ ou à quelque chose se rapprochant ».

- Sébastien Josse (VMI) : « Je ne désespérais pas. Je me doutais bien que cela tamponnerait un jour ou l’autre. Je suis à bloc, comme au départ. Si j’avais su, je serais venu directement en Australie. Mais, si on regarde derrière, tout était sympa. Rien a jeter. »

- Dominique Wavre (Témenos) : « Je suis resté 7 ou 8 heures en mode survie, avec 4 ris dans la grand voile et ma grande trinquette (60 m2) à l’avant qui soulageait bien le bateau. Il a été couché par des déferlantes, mais il a toujours gardé un comportement très sain. C’en était presque jubilatoire. A présent, le vent a tourné et je navigue tribord amure sur l’arrière de la dépression. Je ressens une grande fatigue et une impression de faim ».


Vendredi 17 décembre : Roland Jourdain se retire de la course suite à une avarie sur sa quille • Samedi, Riou et Le Cam auront couvert la moitié du parcours

L’avarie de quille survenue au Sill et Veolia de Roland Jourdain en cette fin de 40e jour de course a fait frissonner la flotte, rappelant à chacun que la sortie de route, pour cause technique, peut survenir à chaque instant. Si pareille mésaventure est déjà arrivée sur cette édition, notamment pour Norbert Sedlacek (Brother), elle touche cette fois un des grands favoris. Roland Jourdain, alias Bilou, naviguait sur un bateau préparé « aux petits oignons » par une équipe ultra compétente. Il se battait plus que jamais pour la première place alors que la mi-course sera atteinte dans une poignée d’heures. La bande des cinq prétendants à la victoire finale se réduit d’un coup à quatre postulants. Plus loin derrière, Dominique Wavre (Temenos) va essayer de les rejoindre au plus vite pour re-créer ce club fermé qui navigue à quelques encablures de l’océan Pacifique.

La tête de quille de Sill & Véolia suinte le carbone
Photo : R.Jourdain / Sill & Véolia

« Abandonner une course, c’est dur, mais le Vendée Globe, c’est terrible. C’est un investissement tellement énorme ». Vincent Riou (PRB) accuse le coup, comme tous les skippers joints lors de la vacation. Roland Jourdain, c’est un adversaire certes, mais sa nature même en fait avant tout un copain, un vrai. Pour avoir été son voisin de chantier lors de la mise au point, longue et rigoureuse, des bateaux, le leader actuel connaît presque aussi bien le Sill et Veolia que son propre bateau. « Je ne comprends pas. C’est le crash technique que l’on redoute tous ». Mais la régate reprend logiquement ses droits, avec « une nuit un peu difficile où je me suis retrouvé à faire du près, ce qui n’était pas du tout prévu ».

Au revoir Bilou. Troisième lors de la précédente édition, Roland Jourdain avait failli sabrer le champagne hier soir. « Je ne suis pas trop superstitieux, mais il y a quatre ans, le 16 décembre, j’avais pris mon rail de grand-voile sur la tronche... ». Cette avarie, alors qu’il était au coude à coude avec Michel Desjoyeaux, le futur vainqueur, lui avait peut-être coûté la victoire, même si l’on ne réécrit pas l’histoire Histoire #histoire . « Alors quand j’ai vu que j’avais passé cette date, j’avais presque ouvert le champagne pour fêter cet anniversaire. Et là, le 17, voilà ce qui m’arrive.... Le père Noël ne va pas m’apporter une quille neuve... Ce matin, j’ai déjà eu beaucoup de mal à réduire la voilure, encore plus à pousser la barre pour changer ma route. Là, je ne me vois pas tout de suite écrire à la direction de course mon abandon officiel... Non, je ne risque pas de perdre ma quille, il faut juste que je ne fasse pas l’imbécile... Avec mon équipe à terre, j’ai envisagé de continuer. Si je garde la quille droite, cela pourrait être possible mais cela veut dire perdre tout de suite 30% du potentiel de mon bateau. Et puis, au niveau sécurité, je ne peux pas jouer avec la quille... La direction sera sans doute la Nouvelle-zélande, je ne sais pas encore, je m’en fous un peu pour l’instant... Cette première mi-temps m’avait fatigué mais la régate repartait de plus belle... Je vais garder mes larmes pour moi... »

- Nick Moloney (Skandia) : « Je suis abasourdi ! Bilou est l’un des tous premiers marins que j’ai rencontré en France. Il m’a beaucoup appris sur les 60 pieds Open. C’est un personnage fantastique, très drôle et très amical. »

- Karen Leibovici (Benefic) : « La mer est impressionnante. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Il y a moyen d’aller plus vite mais il faut que je garde de l’énergie. A tout moment il faut être prêt à sortir sur le pont. Le souci, ce n’est pas le bateau, c’est moi. Il faut que je me gère physiquement ...Vous embrassez bien Bilou de ma part. C’est trop con. Je l’aurai bien vu en tant que vainqueur. Je pense bien à lui et j’espère que ça ne sera pas trop dur »

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Je suis désolé pour Bilou. En ce moment la mer est plate, y a du vent mais il bouge beaucoup. Il n’y a donc pas beaucoup de sommeil ».

- Vincent Riou (PRB) : « Le crash technique, c’est ce que l’on craint tous en permanence...C’est pas comme si tu avais fait le con. Ce qui arrive à Bilou, ce n’est pas cela. J’ai vu le chantier qu’ils avaient entrepris pour consolider la quille, vu que nous avons préparé nos bateaux l’un à côté de l’autre. Ils avaient fait tout ce qu’il fallait. Je suis vraiment étonné de ce qui arrive... »


Samedi 18 décembre : Mi parcours • Vincent Riou et Jean Le Cam ont cinq jours d’avance sur le tableau de marche de Michel Desjoyeaux

Lors de la vacation du Jour, le skipper d’Ecover évolue dans un flux encore soutenu de secteur nord, 25 à 30 nœuds, mais qui va en mollissant. « PRB et Bonduelle vont continuer à faire la route et je m’attends à perdre encore du terrain. C’est pourquoi j’essaie de me positionner différemmenten choisissant une route légèrement plus nord... La situation à l’entrée du pacifique est confuse avec une situation assez anachronique. Il y aura peut-être un nouvel arrêt pour tout le monde... ». A la barre de son PRB, Vincent Riou lâche un « Monsieur a un bateau plus puissant. Je ne peux pas essayer de le suivre, j’irai moins vite. Heureusement, au niveau météo, il y a des choses à faire ». Le Monsieur est bien évidement Jean Le Cam, plus à l’aise sur son Bonduelle et qui optimise sa trajectoire en créant un décalage au nord par rapport à PRB. Comme d’habitude, après 41 jours de mer, les deux premiers continuent leur maxi régate à coup de micro placements.

- Marc Thiercelin (Pro-Form) : « C’est une grosse bêtise... Je n’ai plus assez de gaz. J’ai de quoi encore tenir 10 jours, après il faudra manger froid. Je navigue depuis trois jours dans de la ouate. Je vois à peine l’avant et l’arrière de mon bateau. Je ne suis pas en veille radar. Je suis loin de toute zone de navigation actuellement ».

- Mike Golding (Ecover) : « Les bateaux se fatiguent et la casse peut arriver encore plus facilement maintenant. Si ce n’est pas moi qui gagne la course, j’aurai voulu que ce soit Bilou. C’est vraiment un chic type... »

- Raphaël Dinelli (Akena Verandas) : « Il y a trois jours, je suis passé à 50 mètres de Karen Leibovici. Au début, j’ai effectué une approche par les positions, puis à vue. Je me suis senti comme Christophe Colomb, à chercher un point improbable à l’horizon. Nous avons passé une bonne partie de l’après-midi ensemble puis je l’ai perdu de vue la nuit dernière. Je vais plus vite qu’elle, mais nous nous envoyons tous les jours des messages ».

- Dominique Wavre (Temenos) : « L’océan est tranquille. Ce matin, j’ai même barré sous le ciel bleu. Là j’ai 15 à 20 nœuds de nord-ouest, sous génois, trinquette et grand-voile haute. Je suis prêt à envoyer un spi si le vent adonne comme prévu. Devant, ils devraient un peu ralentir d’ici 48 heures. Mon but est de les rattraper sur un coup météo, pas sur une casse comme pour Bilou ».

- Benoît Parnaudeau (Max Havelaar Best Western) : « Les conditions sont redevenues plus clémentes, avec 30 à 35 nœuds. Hier, c’était un temps à grain, avec 60 nœuds et des pentes pas possible où le bateau enfournait quelque fois jusqu’au mât. J’étais sous 4 ris et la trinquette. Ce qu’il faudrait, c’est d’affaler la grand-voile avant les passages de grain. Mais ce n’est pas possible, c’est trop dur à renvoyer après... »

- Vincent Riou (PRB) : « Cela fait deux jours que l’on se fait tabasser. Nous sommes toujours au reaching, avec 25 nœuds de vent et des millions de m3 d’eau à 6°C qui passent sur le pont. Le temps est toujours aussi glauque, que du gris et de la bruine. Ce n’est pas très accueillant. C’est bien le mythe des mers du sud, mais c’est quand même pas souvent top ».


Dimanche 19 décembre : Josse et Golding sanctionnés par une dorsale anticyclonique

A 30 milles dans le nord de l’île Macquarie, l’île aux pingouins, les quatre protagonistes en tête de la flotte du Vendée Globe se livrent à un petit jeu Jeu #jeu de yo-yo. Vincent Riou (PRB) et le très pressant Jean Le Cam (Bonduelle) ont réussi à rester dans un flux Nord et de progresser correctement, au contraire du duo Josse (VMI)-Golding (Ecover) dévoré par la dorsale anticyclonique.

Sanction du matin : 51 milles au débit de VMI et... 73 sur le compte d’Ecover, le tout en 24 heures. Bonduelle serre l’ortho et à la faveur d’une meilleure vitesse de rapprochement, revient à quelques encablures de PRB (2,3 milles contre 28,2 hier matin). Changement de leader en vue. Mais tout évolue décidément très vite dans ce Vendée Globe où les prévisions météos nous promettent un nouveau coup de frein pour le duo de tête avec la rencontre à très court terme (24 heures ?) de forts vents d’Est. En gagnant aujourd’hui dans le Nord, le couple Josse-Golding pourrait revenir avec... du Nord Ouest ! Le décalage de 4 degrés en latitude effectué par Ecover devrait gommer aujourd’hui les pertes d’hier.

Situation complexe à l’entrée du Pacifique, avec cette dépression inhabituellement centrée très Nord sur la Nouvelle Zélande. A défaut de contourner l’île Kiwi, les quatre bateaux de tête sont résolus à affronter les vents de face, mais le plus tard possible. La dorsale anticyclonique qu’ils négocient aujourd’hui imprime un drôle de mouvement d’élastique au classement, et les écarts du matin pourraient se combler le soir.

• CLASSEMENT DU 19/12/04 04:00 GMT (05H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart Vmg Vit moy Cap moy
- 1 PRB VINCENT RIOU 11546,1 0,0 10,7 11,4 91
- 2 BONDUELLE JEAN LE CAM 11548,4 2,3 12,2 12,2 117
- 3 VMI SEBASTIEN JOSSE 11831,5 285,5 6,4 9,1 71
- 4 ECOVER MIKE GOLDING 11942,0 395,9 10,0 12,9 81
- 5 SILL ET VEOLIA ROLAND JOURDAIN 12143,3 597,2 -4,8 12,3 11
- 6 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 12771,9 1225,8 15,7 15,9 93
- 7 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 13307,4 1761,3 12,7 13,3 99
- 8 SKANDIA NICK MOLONEY 13560,7 2014,7 13,5 15,7 93
- 9 PRO-FORM MARC THIERCELIN 13738,8 2192,8 11,6 15,1 82
- 10 VM MATERIAUX PATRICE CARPENTIER 14078,1 2532,0 11,3 12,8 77
- 11 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 14161,0 2614,9 11,4 12 74
- 12 OCEAN PLANET BRUCE SCHWAB 14541,7 2995,6 12,8 12,9 115
- 13 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 14882,4 3336,3 8,2 9,7 72
- 14 ROXY ANNE LIARDET 14980,2 3434,1 10,7 11,1 91
- 15 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 15259,7 3713,6 10,8 10,9 112
- 16 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 15325,5 3779,4 10,8 11,4 92
- 17 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 15338,7 3792,7 16,0 16,1 106



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