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Les hommes de Le Défi satisfaits de leur saison 2004

Xavier de Lesquen : "La course aux financements entre dans une phase déterminante"

samedi 20 novembre 2004Christophe Guigueno, Redaction SSS [Source RP]

Le Défi français pour la Coupe de l’America 2007 n’a toujours pas de sponsor pour assurer sa participation aux éliminatoires de la XXXIIe Coupe de l’America. Les "Lorientais" n’ont pas pour autant baissé les bras et sont parvenus à s’aligner cette année aux trois premiers actes de la Louis Vuitton Cup 2004. Au terme de ce championnat des Class America disputé en flotte et en match race, le bilan sportif est plutôt heureux puisque Le Défi se place 5e, mais devant les défis qui découvrent cette année le monde impitoyable de la Cup. Gélusseau, Mas et De Lesquen peuvent quand même dresser un état des lieux positif de leur saison avant de partir en chasse pour trouver les subsides indispensables pour survivre en 2005. Communiqué officiel et commentaires de De Lesquen.


Le Défi en régate en flotte au vent d’Emirates Team New Zealand
Photo : Pierrick Contin / Le Défi

LE DEFI termine à la 5e place du classement 2004 de l’America’s Cup. Il se situe derrière les 4 équipes bien en place du moment : Emirates Team New-Zealand, BMW Oracle Racing, Team Alinghi et Team Luna Rossa et devant les trois équipes en phase de montage : K-Challenge, Team Shosholoza, et Team +39.

Au-delà du résultat brut, l’équipe du DEFI a procédé à une analyse des régates, étude dont elle livre les enseignements principaux.

Préparation de la saison 2004 : avec le matériel éprouvé

La saison 2004 a été menée par le comité de pilotage DEFI composé de Luc Gellusseau, Pierre Mas, Philippe Presti, Philippe Mourniac, Pierre Massé, Ivo Marconi et Xavier de Lesquen.

Dès mai 2004, une équipe technique réduite, de 5 personnes, a eu pour mission de préparer le matériel choisi pour Marseille et Valence.

Sur le plan technique, il a été décidé de naviguer avec le matériel éprouvé en 2002 à Auckland, matériel dont le niveau de performance et de fiabilité était maîtrisé par l’équipe. Le choix du bateau de course s’est donc porté sur FRA69, sans développement technique nouveau.

Sur le plan sportif, il a été décidé de privilégier les personnes d’expérience, qui apportaient de la sécurité et une réelle plus-value à leur poste.

Une seule semaine d’entraînement a été programmée avant le début des régates. Elle a eu lieu à Valencia fin juin. Cette période d’entraînement a permis de redécouvrir le bateau, de faire un état des lieux de l’ensemble du matériel et de mettre en place les fondements d’un fonctionnement satisfaisant de l’équipage et de l’équipe de soutien.

Bilan Sportif : 26 régates et un abandon

LE DEFI a disputé 26 régates : 10 régates en flotte (ACTs 1 et 3) et 16 en Match Racing (ACTs 1 et 2).

LE DEFI a été contraint à 1 abandon en cours de régate pour bris de matériel.

LE DEFI a accompli à l’occasion de ces régates :
 26 procédures de départ, dont un départ prématuré
 52 bords de près, 52 bords de portants, chacun d’une longueur située entre 2 et 2,5 miles
 52 manoeuvres d’envoi de spi aux bouées au vent
 26 manoeuvres d’affalée de spi et enroulement des bouées de la porte sous le vent
 26 affalées de spi après avoir coupé la ligne d’arrivée
 environ 200 virements de bord et 120 empannages en régate
 environ 300 miles nautiques parcourus en régate

LE DEFI a déposé 8 réclamations avec drapeau « Y » pour jugement direct sur l’eau : il a infligé 2 pénalités (à BMW Oracle et +39) pour 6 drapeaux verts (réclamation rejetée). Il n’a concédé aucune pénalité. Le DEFI a fait l’objet d’1 réclamation devant le jury international de la part de K-Challenge qui, bien que demandeur, a été reconnu fautif par le jury.

Un total de 26 navigants a constitué les équipages de course de 17 personnes :
 Plage avant (n° 1, 2, 3, 4, 5, et 17) : 9 personnes : Jean-Marie DAURIS, Florent CHASTEL, Pierre MASSE, Timmy KRÖGER, Erwan VANIER, Thierry BRIEND, Xavier HUSSON, Christophe ANDRE, Paul MAC KENZIE
 Wincheurs (n° 6, 7, 11) : 4 personnes : Eric COULON, Fred LEMAISTRE, Olivier HERLEDANT, Antoine BREGER
 Régleurs (n° 8, 9, 10, 12, 13) : 10 personnes : Philippe TOUET, Christian SCHERRER, Fred GRIZAUD, Thierry BRIEND, Franck CITEAU, Jérôme BURGAUD, Jean-Philippe SALIOU, Fred GUILMIN, Paul MAC KENZIE, Dimitri DERUELLE
 Cellule arrière (n° 13, 14, 15 et 16) : 6 personnes : Dimitri DERUELLE, Philippe PRESTI, Pierre MAS, Philippe MOURNIAC, Marcel VAN TRIEST, Maxime PAUL
 Entraîneurs : 3 personnes : Luc GELLUSSEAU, Jean-Pierre SALOU et Guillermo ALTADILL

Nous avons eu deux problèmes physiques graves :
 Un équipier victime d’un malaise en soute pour problème de récupération et d’hydratation
 Un équipier tombé à l’eau après avoir reçu le tangon sur le dos

Bilan technique : beaucoup de problèmes de casse de matériel}

LE DEFI a utilisé deux Grand-voiles et vingt-trois voiles d’avant (spis et génois).

LE DEFI a rencontré beaucoup de problèmes de casse de matériel, plus que ses concurrents. Cela est d’abord dû au fait que beaucoup de régates ont été disputées dans des forces de vent de 20 à 30 nouds, supérieures à celles définies pour Auckland. Par ailleurs, LE DEFI utilisait un matériel déjà usagé. Les casses n’ont concerné que les « consommables », non changés faute de budget : spis, génois, lattes, cordage (écoutes et bras de spi, bastaque, .).

Aucun problème de nature structurelle sur FRA69.

Bilan Performance : du progrès de vitesse au près

L’équipage a mené le bateau de façon différente de ce que nous faisions en 2002 à Auckland.

Le point le plus marquant est le progrès de vitesse au près, par une augmentation de la charge imposée au bateau et un angle de gîte plus élevé. En 2002, la démarche du DEFI avait été de chercher un point de fonctionnement autour d’un angle maximal de gîte de 27°. En 2004, nous avons évalué et retenu un angle de 36°, ce qui a fortement modifié le comportement du bateau (angles de safran, stabilité de route.). La vitesse au près a été améliorée de 15/100e de nouds par rapport aux références 2002, avec un matériel usé et moins performant qu’à l’époque (notamment les voiles).

Au bout du compte, LE DEFI a, par moments, fait jeu égal avec les meilleures équipes en vitesse pure, ce qui était loin d’être le cas en 2002. Par exemple, la régate contre Team Alinghi à l’ACT2 / 1er Round Robin : par l’analyse de données, on mesure que la vitesse des deux bateaux est équivalente sur un bord de 7 minutes, bâbord amure vent stable, alors que LE DEFI accusait un déficit de près de 20 secondes dans des conditions équivalentes il y deux ans.

En 26 régates en 2004, la cellule arrière a eu plus de croisements ou d’adversaires derrière à gérer que LE DEFI AREVA en 2002 :

 En 2002 : 3 victoires pour 20 défaites en 23 régates.
 En 2004, les 26 régates ont vu LE DEFI finir devant 20 adversaires : 7 victoires sur 16 manches en Match Race, 13 bateaux battus en 10 régates en flotte.

LE DEFI a battu au moins une fois toutes les autres équipes (7 adversaires) sur les trois ACTs de l’année 2004. En comparaison, en 2002, LE DEFI AREVA n’avait battu que trois équipes parmi ses 8 concurrents.

Info G. Du Penhoat / Le Défi


Xavier de Lesquen fait le point sur cette fin de saison 2004 et sur les échéances qui attendent le DEFI.

Quel bilan tirez-vous de la saison 2004 ?
 Une grande satisfaction sur le groupe réuni au sein du DEFI. Le travail de fond fait depuis janvier 2003 a payé. En plus de Luc, Pierre et moi-même, les acteurs-clés se sont investis dans la préparation de la saison : Philippe Presti, Philippe Mourniac, Pierre Massé et Ivo Marconi. Cela a bien marché grâce à l’assistance en matière de conduite de projet dont nous bénéficions, mais également parce que le groupe est mature et très serein.

Et sur la compétition elle-même ?
 Les trois actes ont été géniaux, avec un satisfecit particulier pour Marseille. Le grand talent d’ACM a été de réussir ce dont tout le monde rêvait : faire de l’America’s Cup un circuit pluriannuel. Cela marche parce l’équipe d’organisation est de premier niveau et parce que les moyens sont là : 210 millions € de budget d’organisation, comparé aux 25 M€ de l’édition 2003, ça calme !

Côté plateau, c’est intéressant d’observer l’évolution des équipes : Alinghi a perdu de sa superbe et BMW Oracle est une usine à gaz impressionnante. Luna Rossa connaît une nouvelle jeunesse et ça a l’air de bien fonctionner. Emirates Team New Zealand allait comme une fusée. De notre côté, nous sommes satisfait de notre 5e place, derrière les quatre équipes financées du moment, et devant les 3 autres qui sont encore dans les balbutiements. FRA 69 nous a donné beaucoup de satisfaction en terme de vitesse. Il faut dire qu’on a beaucoup évolué sur la façon de le conduire.

Qu’allez-vous faire maintenant ?
 La course aux financements entre dans une phase déterminante. Il faut aboutir dans les mois qui viennent pour être dans le rythme. Mais à côté de cela, nous préparons la saison 2005, qui sera assez différente de celle que nous venons de vivre. Nous allons notamment passer sur les bateaux conformes à la nouvelle jauge, la version V5. C’est très intéressant, car nous avons des idées assez précises sur les évolutions à implémenter sur nos bateaux génération 2003. Ils ont les bonnes caractéristiques pour faire de très bons bateaux génération 2005.

Quelles sont les échéances pour boucler le budget ?
 Les échéances pour assurer une part importante du budget final sont fixées par le règlement. C’est fin avril 2005. Cela laisse le temps pour travailler sereinement. Tant mieux car le marché a bien réagi face à la saison 2004. Les entreprises sont de nouveau là. C’est plus facile de travailler quand il y a du répondant !

En quoi l’organisation du DEFI sera-t-elle différente des autres éditions pour cette nouvelle campagne ?
 Nous avons mis en place une structure de projet entièrement repensée. Sous l’autorité de Luc Gellusseau, qui est directeur des opérations, fonctionne un comité de pilotage qui regroupe les responsabilités clés du programme. Les deux Pierre (Mas et Tara Massé) et les deux Philippe (Presti et Mourniac) y jouent un rôle clé, ainsi que d’autres bien sûr. Le comité de pilotage bénéficie de l’assistance, à la fois humaine et technique, d’ILM et de NEOCLES. C’est très important. Il en ressort une vision commune qui nous avait fait défaut pour l’America’s Cup 2003.

Pour ma part, j’ai vocation à m’occuper des fonctions dites « corporate », c’est-à-dire la gestion de l’entreprise au service du projet. L’équipe corporate est bien rôdée. Mon job est notamment que les budgets soient respectés et optimisés. Ça se passe bien.

Source LeDefi.com


Voir en ligne : http://www.ledefi.com/



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