Armel franchissant la ligne d’arrivée lève les bras pour célébrer sa deuxième place assurée. Plus tard, il est sacré vainqueur pour 13 secondes !

Photo : Ch.Guigueno / Pipof.com/voile

• De si grands tout petits écarts !

Ca fait partie des us et coutumes sur le circuit, mieux vaut dégainer vite le chronomètre aux arrivées. Sur La Solitaire d’abord, où les fins d’étape ont cette sérieuse manie d’engendrer des bouchons sur la ligne. Mais alors là, de mémoire de vieux loups de mer, jamais une course au large n’a désigné son grand vainqueur, toutes étapes cumulées, avec un si infime écart ! Une poignée de secondes, un cheveu, une misère au regard des presque 14 jours de régate acharnée. Et à se chatouiller les souvenirs, on se rappelle bien sûr la première édition de la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum - cette épreuve majeure au royaume des navigateurs solitaires - qui se terminait de la plus belle manière, avec 98 secondes à la clé pour séparer Mike Birch et Michel Malinovski. Sur La Solitaire, le record Record #sailingrecord du plus petit écart à l’arrivée - celui de 9 minutes et 40 secondes pour départager le vainqueur Michel Desjoyeaux de son dauphin Jean Le Cam, en 1992 - vient donc d’être battu à plats de coutures. Enfin, puisqu’il est de bon ton de faire le tour des dénouements les plus haletants, on ne saurait manquer de rappeler celui qui déjà avait fait des vagues médiatiques et montrait déjà toute la teneur des batailles nautiques à armes égales : c’était en 1992, à l’issue de la transat en double Ag2r entre Lorient Lorient L’actualité du port de Lorient et de sa région. et Saint-Barth’ disputée en Figaro : 63 secondes séparaient au final le duo Le Cam-Jourdain de la paire De Broc-Morvan.

• Statistiquement…époustouflant !

13 secondes pour un peu plus 13 jours de régate acharnée aux détours du golfe de Gascogne, de la Manche et de la mer Celtique : et voilà deux solitaires qu’on voudrait bien déclarer vainqueur ex aequo. Mais c’est la loi de la course et la règle sur une épreuve disputée au temps, le chrono vaut juge de paix. Mais à essayer de calculer, on mesure que sur les 327h08’19’’, Armel le Cléac’h a navigué 0,001 % (si, si !) plus vite - sur les 1820 milles du parcours - qu’Alain Gautier !

• Armel Le Cléac’h (Créaline) : mention TB au Bac S… olo !

« C’est vrai que je gagne devant deux vainqueurs du Vendée Globe - Alain Gautier en 1993 et Michel Desjoyeaux en 2001. Certains m’auraient dit ça il y a 5-6 ans, je leur aurais rigolé au nez. Mais si c’est un gros plus de finir devant eux, sur l’eau, c’était des concurrents comme les autres. C’est le travail qui a payé. On bosse, on bosse pour ça, tout l’hiver au Centre de Port La Forêt. On a l’habitude de dire que quand tu gagnes La Solitaire, t’as eu ton bac de navigation solo ! J’ai mis quatre ans pour y arriver, comme Franck Cammas. Alors oui, forcément je rêve de naviguer sur de plus gros bateaux, et de faire du mono en solitaire et du multi en équipage avec l’objectif et l’envie de m’aligner au départ du Vendée Globe… En 2008 peut-être, mais il y a pas mal d’années d’ici là, donc pour pas la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum dans trois ans ou à une transat en double. Mais dans une échéance plus proche, j’ai une petite semaine pour me reposer à la maison avant la Route dU Ponant, la dernière épreuve du Championnat de France de Course au Large Solitaire. Ensuite, viendra très vite le Trophée BPE entre Saint-Nazaire et Dakar, que je vais disputer avec mon ami Nicolas Troussel. »

• Alain Gautier (Foncia) : Figariste… marin d’abord !

La morale de cette histoire Histoire #histoire , Alain Gautier, qui voit la victoire finale se dérober sous on étrave pour trop vite lui échapper des mains, la résume en quelques bons mots. Oui, si le plateau ressemblait des marins venus tous horizons - Vieux renards des océans, jeunes loups aux dents longues, grands fidèles ou « petits » nouveaux venus des quatre coins des côtes françaises ou de l’étranger, pros purs iode ou amateurs purs beurre… - tous n’en sont pas moins des solitaires. Point barre : « Il faut arrêter avec cette distinction entre les spécialistes du Figaro et les grands anciens. Nous ne revenons pas d’une autre planète, nous sommes de la famille des Figaristes. Nous l’avons été, nous le sommes et nous le resterons. Nous ne vivons pas la Solitaire comme un métier mais comme une passion. La Solitaire rassemble des Figaristes purs et durs et des amateurs : elle a besoin de ce mélange. C’est comme dans la vie… »

• Jeunes loups et vieux renards : le même appétit ! 

Un jeune loup aux dents longues devant deux vainqueurs de Vendée Globe, rien que ça ! Mais ils sont bien là pour occuper le podium et rappellent à tous que ce n’est pas à des « vieux » renards du large qu’on apprend à tirer son épingle du jeu Jeu #jeu de solitaires. Expérience, recul, flair marin… les « anciens », ces « papys » comme on les appelle, ont tous fait de la belle résistance. De Marc Thiercelin (Bermudes), toujours aussi gonflé et bien inspiré dans ses choix d’options à Lionel Péan (Nouvel Observateur), grand vainqueur de l’ultime étape en passant par Loïck Peyron (Fujifilm) en trouble-fête averti : ils ont tous fort bien tenu leur rang. Voilà donc un podium qui mélange les genres à l’issue d’une édition qui restera elle-même marquée par son plateau à base de talents venus tous horizons. Preuve q’ils ont tous la même faim de consécration sur cette épreuve sans nulle autre pareille. Mich’ Desj’ en est certain : « Je maintiens que remporter cette course est plus dur que de remporter la Route du Rhum. Reste que si je reviens ce sera beaucoup mieux préparé ! » Voilà qui n’en rend la victoire d’Armel que plus belle ! 

• Un bizuth dans les cinq !

Vainqueur du classement des bizuths, 5èmeau général, c’est en fanfare que le Marseillais Marc Emig (Espoir Total Course au Large) en termine avec sa toute première Solitaire Afflelou Le Figaro. Mais voilà quatre étapes, qu’il s’accroche aux avant-postes. Cette fois encore, c’est cramponné aux sillages des ténors de la série qu’il en finit à Saint-Nazaire. Marc aura disputé une étape quasi parfaite, tirant les bons bords et choisissant les bonnes options. En allant jouer à terre, au moment où il le fallait, il tirait brillamment son épingle d’un jeu Jeu #jeu qui en aura pénalisé plus d’un. « Ce qui est sûr c’est que j’ai des heures de sommeil en moins. Par contre, j’ai plus le sourire et je suis plus détendu qu’il y a un mois. J’en ai terminé avec quelque chose de bien, maintenant que c’est fini, je peux dire que j’ai fait du bon travail. Ce résultat correspond à ce que j’avais envie de faire », commente ce jeune premier bizuth. Il rentre ainsi dans la lignée des plus belles premières participations inscrites au palmarès de La Solitaire : celle de Laurent Bourgnon en 1988 qui se soldait par la victoire au général ou encore celle d’un certain Armel Le Cléac’h, qui en 2000 terminait beau deuxième dans les basques du Basque Pascal Bidégorry… Encourageant, ! Au chapitre des jolies prestations, notons aussi celle de Sam Davies (Skandia) qui prend la deuxième place et surtout termine de la plus belle manière à Saint-Nazaire : 7^e à moins de 10 minutes du premier Lionel Péan (Nouvel Observateur). « Je suis vraiment très très contente, c’était mon ambition de gagner le classement des bizuths, mais Marc Emig était vraiment trop fort ! Heureusement, gagner chez les bizuths cette dernière étape, c’est une belle récompense. Je suis épuisée, fatiguée… mais l’an prochain, je reviendrai : je ne serais plus bizuth et j’aurai eu beaucoup de temps pour me préparer ! »

• 13 quand tu les tiens…

13 secondes et que du bonheur pour Armel Le Cléac’h (Créaline). Pour Yann Eliès (Groupe Générali Asurances), ce n’est pas la même histoire Histoire #histoire  : le voilà qui termine 13^e au général après avoir mené au classement deux étapes durant. C’est la 4^e étape terminée en queue de peloton qui lui coûte cher. Amer forcément celui qui avait juré de tordre le coup à la superstition en remportant le prologue qui ne devait pas lui enlever la possibilité de s’imposer au final : « Avec Pascal Bidegorry, on a tenté l’option du diable. J’ai un peu trop cru que je pouvais facilement rattraper mon heure de retard. J’ai anéanti trois semaines de régate en une journée. Je l’ai très vite regretté de m’être excentré à ce point de la flotte alors que je pouvais encore faire un podium ou même gagner La Solitaire. Le bilan est vraiment négatif même si petit à petit j’essaye de me remémorer les points positifs : le prologue, la victoire d’étape, le leadership au classement général. Mais ce n’est pas évident de se mettre dans cet état d’esprit après une telle contre-performance. Faudra revenir l’année prochaine… »

• Marc Guillemot : « Que des bravos ! »

Il est venu à Saint-Nazaire pour « claquer la bise » à son équipier de choc à bord de son trimaran La Trinitaine, qui vient de décrocher sa grande victoire. Marc Guillemot, fort de ses sept Solitaire au compteur, a même tenté de venir le saluer sur l’eau, au passage de Belle-Ile. Mais seulement voilà, la flotte de Figaro Bénéteau, venait juste d’attraper du vent dans ses voiles et en profitait pour accélérer la cadence jusqu’aux arrivées un peu précipitées à Saint-Nazaire. « Cette victoire de Mémel, c’est vraiment mérité. C’est un grand jeune bonhomme. Et puis Alain, Mich et Loïck, c’est super aussi aussi tout ce qu’ils ont fait. Rien à dire… que des bravos !! »

• Classement Général au temps Figaro (Provisoire avant Jury)
 Cl. Skipper Bateau Temps
 1 LE CLEAC’H Armel Créaline en 327h08’19’’
 2 GAUTIER Alain Foncia à 13’’
 3 DESJOYEAUX Michel Géant à 1h26’17’’
 4 BIDEGORRY Pascal Région Aquitaine à 1h49’39’’
 5 EMIG Marc Espoir Total Course au Large à 1h56’32’’
 6 PEYRON Loïck Fujifilm à 2h24’52’’
 7 THIERCELIN Marc Bermudes à 2h28’58’’
 8 PELLECUER Laurent Cliptol Sport à 2h29’21’’
 9 TABARLY Erwan Thalès à 3h27’08’’
 10 DROUGLAZET Eric David Olivier à 3h37’10’’
 11 BEYOU Jérémie Delta Dore à 3h41’13’’
 12 CAUDRELIER Charles Bostik Findley à 3h45’57’’
 13 ELIES Yann Groupe Générali Assurances à 3h50’01’’
 14 MORVAN Gildas Cercle Vert à 3h52’53’’
 15 ATTANASIO Romain Port Trebeurden à 3h54’43’’
 16 PEAN Lionel Nouvel Observateur à 4h22’42’’
 17 ESCOFFIER F.Y. Crêpes Whaou ! à 4h31’35’’
 18 DE PAVANT Christophe Crash Bandicoot à 4h48’39’’
 19 DAVIES Samantha Skandia à 4h59’01’’
 20 CHIORRI Gilles 32 01 Météo Consult Groupe Prosodie à 5h05’32’’
 21 ARTAUD Christophe Petits Petons à 5h51’29’’
 22 GRIMONT Damien Soletanche-Bachy à 6h21’48’’
 23 TOULORGE Alexandre Ville de Cherbourg - Crédit Mutuel à 6h23’45’’
 24 LE BLEVEC Yves Rêve de Grand-Actual Intérim à 6h30’59’’
 25 GUERIN Ronan Amandine & Chérie à 6h52’45’’
 26 SEVAUX Stéphane Sarthe à 7h11’23’’
 27 MOUREN Jean-Paul Marseille Entreprises à 7h23’30’’
 28 BAKKER Sander Egeria à 7h28’16’’
 29 CHABAGNY Thierry Petit Navire Le Bon Goût du Large à 7h29’09’’
 30 RIOU Gwenaël Espoir Crédit Agricole à 7h30’08’’
 31 BOISSIERES Arnaud MBD Design - Sorelec à 8h08’58’’
 32 BOUGARD Patrice Kogane à 8h15’30’’
 33 GREGOIRE Jeanne Skipper AG2R à 8h29’15’’
 34 PETIT Benoit Défi Santé Voile à 9h00’22’’
 35 DUPONT Daniel Art Immobilier Construction à 10h12’37’’
 36 PILAT Eric Altaventure-SNSM à 14h36’36’’
 37 BOS Christian Raynal et Roquelaure à 14h39’35’’
 38 ALFARO Amaiur Eki à 15h41’09’’
 39 BOUVET Christophe Savoy Open Race Télé Monte Carlo à 17h42’07’’
 40 LEBRETON Eric CYP à 18h33’46’’
 41 AGUSTA Corrado Sector Sport Watches à 20h39’15’’
 42 BASURKO Unai Bizkaia à 38h18’13’’