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TROPHEE JULES VERNE

Passage du cap Horn et nouveau record pour Peyron

samedi 13 avril 2002

En avance de plus de 4 jours sur le temps de passage d’Olivier de Kersauson en 1997, Bruno Peyron et l’équipage d’Orange ont franchi aujourd’hui samedi 13 avril à 12 heures et 28 minutes heure française la longitude du dernier des grands caps de ce Trophée Jules Verne, le redoutable Horn. Au terme d’une traversée record Record #sailingrecord de l’Océan Pacifique (12j 19h 30m), le maxi cata va délaisser avec soulagement les stress du " Pays de l’Ombre " et attaquer sans transition la remontée de l’Atlantique Sud, phase éminemment tactique d’un tour du monde à ce jour intelligemment maîtrisé.

Il pleut. Une aube brumeuse se lève devant les étraves d’Orange. A deux milles sur bâbord, la masse sombre du Cap Horn se distingue aux yeux des marins par les deux lumières blafardes des phares chiliens. Le vent d’Ouest est fort, plus de 30 noeuds et Orange vient de prendre le second ris. A pleine vitesse Vitesse #speedsailing cette nuit dans le nord des îles Diego Ramirez, le grand cata Marseillais a dû contre border ce matin pour arrondir sa route et franchir bâbord amure le fameux cap. Grosse émotion à bord. Tout le monde est sur le pont. Il fait froid et la pluie masque le spectacle. Qu’importe. Chaque homme du bord connaît son privilège. Et chaque marin de revivre un bref instant la litanie des souffrances associées à l’histoire Histoire #histoire maritime de ce caillou du bout du monde. " Le sentiment est partagé " avoue Peyron, " entre le soulagement de quitter le stress du Sud et l’humilité devant ceux qui nous ont précédé ici... " Pour la première fois en 42 jours de course, Peyron laisse percer une once de satisfaction dans la voix : " On l’a beaucoup dit et redit, mais notre route a vraiment été chaotique dans l’Océan Indien. Le Pacifique s’est révélé propice à l’attaque, et ainsi que je l’ai toujours répété, Orange n’attaquera que lorsque toutes les conditions de sécurité aux hommes et à la machine seront réunies. Cela a été le cas et depuis 8 jours, on a vraiment fait parler la poudre ! " 12 jours et 19 heures entre le Cap Leeuwin et le Cap Horn. Des journées à 600 milles et plus. Une pointe à 39,7 noeuds. La puissance d’Orange est impressionnante. " Elle est surtout intacte après 42 jours de mer difficiles " renchérit Bruno. " Le passage du Horn ne signifie pas la fin des difficultés. On se souvient d’Enza en 94 méchamment chahuté à quelques encablures de l’arrivée... " La remontée vers Brest Brest #brest est pavée de pièges météos ; anticyclone de Sainte-Hélène, pot au noir, hautes pressions des Açores, golfe de Gascogne... Peyron recentre les objectifs, le trophée Jules Verne d’abord, et pour y parvenir, le cocktail éprouvé depuis le 2 mars à base de fiabilité, de sécurité et de performance. " Sur un bord et mer aplanie, Orange a dévalé le Pacifique à fond et sur un seul bord car toutes les conditions étaient réunies pour tirer sur le bateau. " Un régal pour Peyron, enfant chéri du Pacifique dont il détient toujours deux records, ceux des traversées Est-Ouest Los Angeles-Yokohama et Ouest-Est, Yokohama-San Francisco... Orange se dégage aujourd’hui de la pointe de l’Amérique latine. Le maxi cata prolonge son bord à l’Est avant de remonter dans l’est des Falklands et tenter un nouveau pari météo, battre de vitesse Vitesse #speedsailing l’évolution d’une dépression en formation au large de Buenos Aires. L’île des Etats défile au vent d’Orange. Ce soir, la dernière bouteille de Bourgogne du bord sera sacrifiée à la célébration d’une journée peu ordinaire...

Ils ont dit :

Gilles Chiorri : " C’est la fin du Sud ! Mais on travaille déjà à notre remontée de l’Atlantique. Du Horn, nous avons surtout aperçu les feux des phares gardés par l’armée chilienne. Ronan Le Goff, qui est passé ici l’an dernier à bord de " Watcher " dans le cadre du dispositif de sécurité de The Race, en a salué les gardiens à la VHF. Tout le monde était sur le pont, sauf Hervé Jan, qui pour son 7e passage n’a pas souhaité être réveillé ! "

Bruno Peyron : " Nous sommes satisfaits de nos performances dans le Pacifique. Nous sommes surtout heureux de déboucher en Atlantique à bord d’un bateau au potentiel intact, parfaitement préservé... On ne changera pas maintenant notre manière de naviguer. Nous savons quand nous pouvons attaquer sans perdre le contrôle et mettre le bateau en situation de risque. Le passage du Horn est toujours un moment fort. On se sent humble. On se veut dignes de tous les marins qui depuis des siècles ont lutté et souffert pour franchir ces contrées... "

Sébastien Josse : " Le Horn restera un moment émouvant pour moi, même si nous ne l’avons qu’entr’aperçu. C’était moins fort émotionnellement que de naviguer au milieu des icebergs, mais très prenant car c’est un instant unique dans la vie d’un marin. La traversée du Pacifique a été exceptionnelle, très grisante. Le bateau est formidable, en super état, nous le passons régulièrement à l’eau de javel... J’ai aussi une petite pensée pour mes camarades de l’AG2R Lorient Lorient L’actualité du port de Lorient et de sa région. -Saint Barth... "

Denis van den Brink / Mer & Média



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