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Transat 650 • 2e étape

Les histoires d’espars d’Adrien Hardy

"J’ai démâté à 6 heures 30 du matin. A 12 heures, le mât était debout"

jeudi 25 octobre 2007Redaction SSS [Source RP]

Adrien Hardy, 4e de l’édition 2005 de la Transat 6,50 déjà à bord de son fidèle Brossard N°198 se l’était promis ; cette année serait la bonne, celle d’une consécration. 6e à Madère, il savait que les 3 100 milles de course vers le Brésil lui offriraient l’occasion de jouer ses maîtresses cartes, la polyvalence de son bateau pour négocier allures de près, portant et reaching, et cette formidable envie d’inscrire à 23 ans son nom au palmarès de SA Transat majuscule. Mais en ce mercredi 17 octobre au petit jour, alors que Brossard est revenu à une dizaine de milles du tableau arrière du leader Yves Le Blévec, c’est un cauchemar qui attend le jeune Nantais au sortir du pot au noir.

"Je dormais bien tranquillement à l’intérieur et le bateau tapait doucement au près sur une mer un peu formée dans 15 noeuds de vent quand le mât est tombé. La cadène qui tient l’étai à l’avant du bateau s’est tout simplement arrachée. J’étais au beau milieu de l’Atlantique et la première et la seule idée qui vous vient dans ces moments-là est l’abandon, avec les galères pour ramener le bateau sous gréement de fortune vers une terre accessible. Or, les choix étaient limités, car aux allures portantes, il m’aurait fallu tenter de rallier la Guyane ou les Antilles, à plus de 10 jours de mer. Or, il ne me restait qu’environ 6 jours de vivre. J’ai alors commencé à repenser à Bahia et à un moyen de remâter seul... "

Une réparation "à la Parlier"

Le mât aile tout carbone de Brossard est un long tube de 12 mètres de haut pesant environ 50 kg. En tombant, il a entraîné avec lui grand-voile et solent et le gréement courant. Le bateau ressemble au radeau de la Méduse et pourtant Adrien, déjà victime d’une semblable mésaventure cette année durant la Transgascogne (Il avait alors rallié La Rochelle avec le mât sur le pont...), échaffaude les plans et les manoeuvres pour remettre son mât d’aplomb, seul sur l’Atlantique, bousculé par la houle de Nord Ouest et l’alizé fraîchissant du Sud est... la suite est digne des plus invraisemblables épisodes de Mac Gyver. Sous les grains, Adrien va dans un premier temps dresser son bout dehors, le tangon de 3 mètres, à la verticale. Il lui servira de palan pour faire basculer le mât à la verticale. La grand-voile est à grand peine tirée sur le pont, quitte à sacrifier la ralingue. Le mât bat alors sur le flanc tribord du plan Magnen. Adrien le positionne sur l’avant du bateau mais dans la houle il tape et menace soit de se briser soit de percer la coque : "A de nombreuses reprises j’ai utilisé une cuisse, un mollet, un bras pour amortir les chocs et protéger mon bateau. J’étais couvert de contusions..." En haubannant son tangon, Adrien va parvenir à dresser une première fois son espar à la verticale. Mais la boule de fixation est trop éloignée et le mât retombe violemment sur les chandeliers à l’arrière du bateau qu’il écrase de sa masse. "Cette fois c’est fichu, il a dû se briser" pense Adrien ! " Il n’en est rien et Adrien reprend l’opération, tentant cette fois de lever par lui même les 50 kilos du mât, après avoir diminué la pression de ses haubans. Peine perdue, car en mollissant, les haubans ne tiennent plus le mât qui glisse de part et d’autre du cockpit..."

Et Adrien de mettre à nouveau son corps en écran pour empêcher le mât de repartir à l’eau. "Il commençait à y avoir du sang partout, et dès que je raidissais à nouveau mes haubans, c’est le bout dehors qui commençait à percer le pont..." raconte t’il aujourd’hui dans un sourire.. "C’était un peu n’importe quoi..." N’importe quoi ? Pas vraiment non. Car en repassant une énième drisse à la base du mât, il parvient enfin à le placer sur sa boule. Le mât tient désormais sur l’arrière grâce aux bastaques, sur les côtés grâce aux haubans... reste à consolider un étai à l’avant, mais il faut d’abord reconstruire une cadène capable d’encaisser les efforts du mât et peut-être d’un éventuel gennaker. Adrien s’y attele et sous les grains des derniers miasmes du pot au noir, il prépare ses tissus dans son cockpit en attendant l’éclaircie qui lui permettra de poser ses tissus de carbone, de les polymériser grâce à des résines ultra-rapides ; " Je priais pour que vienne le soleil..." Il est venu et Adrien de reconstruire en un temps record Record #sailingrecord sa cadène.

6 heures d’effort et cap vers bahia

"J’ai démâté à 6 heures 30 du matin. A 12 heures, le mât était debout. Douze heures de séchage et je repartais, tout doucement pour commencer, puis m’enhardissant davantage, envoyant toute la toile, et dès le lendemain, au reaching dans l’alizé, j’envoyais le tangon et le gennaker... J’ai tout fait ensuite entre 12 et 15 noeuds... Je suis reparti en 10e position, et je termine 6e. Je n’ai pas gagné la Transat 6,50, mais je suis fier de ce que j’ai fait. Je n’ai pas abandonné."

Info presse GPO


Voir en ligne : Photo Thierry Martinez / www.thmartinez.com


NDR : Adrien cumule deux démâtages sur la saison 2008 et une pénalité de deux heures pour n’est pas parti de La Rochelle avec son bateau (sic). Mais en terminant sixième à Bahia, le skipper de Brossard devrait terminer sixième du classement général. La cerise sur le gâteau… CG

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