Sea, Sail & Surf news

Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

IB Group Challenge

Bidégorry heureux vainqueur à Nice

"Le but est d’être performant et prêt pour toutes les épreuves de la saison"

mardi 17 mai 2005Redaction SSS [Source RP]

Victoire sans appel de Pascal Bidégorry (Banque Populaire) qui devance de plus de six heures Michel Desjoyeaux (Géant) alors que seulement vingt secondes séparent Frédéric Le Peutrec (Gitana 11) et Armel Le Cléac’h (Foncia) pour la troisième place sur le podium après neuf jours de mer ! Thierry Drupey du Vorsent (Gitana X) clôt la ligne d’arrivée avec moins de neuf heures de retard sur le vainqueur. Cette première édition de l’IB Group Challenge a été époustouflante de bout en bout !

Impossible de savoir à moins d’une demi-journée qui allait remporter ce parcours de 2 510 milles agrémenté en permanence de bouleversements hiérarchiques. Groupama-2, Géant, Foncia, Gitana 11, Banque Populaire se sont relayés en tête de la flotte et Gitana X, qui semblait parti pour jouer les figurants, a même troublé la flotte plusieurs fois en restant toujours au contact. Tout s’est finalement décanté lors de cette dernière nuit de course où Banque Populaire possédait une vingtaine de milles d’avance sur Gitana 11 en approchant le cap Corse, tandis que Géant, Foncia et Gitana X étaient relégués à une centaine de milles vers les Bouches de Bonifacio. Un duo devant, un trio derrière...

La nuit était bercée par une petite brise portante de secteur Sud et les prévisionnistes annonçaient un flux d’Est 10 nœuds puis Sud-Est 15 nœuds à venir pour la matinée de mardi. En fait, une dernière bouffée d’air permettait à Pascal Bidégorry de bénéficier de son décalage pour s’échapper sans plus coup férir et franchir la ligne d’arrivée en Alpes Maritimes au lever du jour avec encore un petit flux de Nord-Est... Il remportait l’IB Group Challenge en 8 jours 16 heures 36 minutes et 17 secondes à la moyenne sur la route directe (orthodromie) de 12,05 nœuds.

Ayant passé le cap Corse en milieu de nuit, Frédéric Le Peutrec tombait dans une bulle sans vent et voyait le compteur tourner sans rien pouvoir faire. Et quand au lever du jour, trois voiles apparaissaient à l’horizon, ce fut le coup fatal ! Un peu décalé à son vent, Michel Desjoyeaux passait lentement au large de Gitana 11 et arrivait à conserver une vitesse Vitesse #speedsailing d’une dizaine de nœuds jusqu’à Nice alors que les trois autres trimarans peinaient encore dans un vent redevenu mou. Le milieu de matinée voyait Armel Le Cléac’h en troisième position, un bon mille devant Frédéric Le Peutrec et cinq milles devant Thierry Duprey du Vorsent... Géant n’avait plus qu’à dérouler jusqu’à l’arrivée qu’il franchissait sous une petite brise de Sud-Est avec 6 heures 18 minutes d’écart sur Banque Populaire.

La troisième place était loin d’être acquise quand la brise se mit à souffler jusqu’à plus de 25 nœuds : Foncia et Gitana 11 sous grand voile haute et gennaker gardaient toute la toile pour finir en limite d’adhérence, avec Frédéric Le Peutrec qui arrivait à se glisser par-dessous Armel Le Cléac’h et à le coiffer de vingt secondes ! Moins de trois millièmes de nœuds de différentiel sur 2 510 milles de course...


- Pascal Bidégorry-Banque Populaire : « Il y avait beaucoup d’inconnues. Le bateau est tout neuf, ça a demandé beaucoup d’investissement, beaucoup de travail. Et là tout de suite, c’est beaucoup de satisfaction. C’est un projet d’équipe, de gens de la banque qui veulent faire des choses comme il le faut, de marins compétents. C’est la première fois que je suis à la tête d’un tel projet qui ressemble plus à un match de rugby qu’à un combat de boxe. La pression, je l’ai tous les matins quand je me lève. Je suis quelqu’un de rigoureux, de casse-pieds. Aujourd’hui, j’ai les moyens de faire comme il faut mon métier. J’aime quand on se défonce au boulot, j’aime la rigueur, je ne veux pas d’approximation ni d’aléatoire. Je recherche la fiabilité. Mon bateau, il est fin, sensible. Il parle. Ce n’est pas un gros bateau qui pousse de l’eau...

On est en mode à fond depuis deux nuits. Je viens de passer plus de temps à la table à cartes qu’à la barre. Jérémie Beyou a fait du bon boulot tout au long de l’épreuve. A 30 milles de l’arrivée, on voyait du vent établi. On était sous gennaker, on volait. Par prudence, on l’a roulé pour finir sous solent. Le bateau est étonnant et mes équipiers très compétents. Ce sont de supers marins, des régatiers. Humainement, on a pris du plaisir ensemble. Toutes les courses sont des objectifs. Le but est d’être performant et prêt pour toutes les épreuves de la saison. »

- Michel Desjoyeaux-Géant : « On s’en sort très bien sur la fin. Ce matin, en passant le cap Corse, à moins de 100 milles de l’arrivée, nous étions quatre bateaux à vue. Puis du Nord-Est assez fort arrivant de la côte est rentré et nous avons démarré. Mais on ne savait pas si les autres l’avaient également touché. Nous avons su que non, uniquement à l’arrivée en passant devant le port de Nice et en ne voyant que le mât de Banque Populaire.

Durant la course, nous avons connu deux moments un peu plus durs que les autres. Le premier au nord de la Tunisie lorsque nous naviguions au portant avec 20-25 nœuds de vent et une mer de face. Le bateau faisait de grands sauts et nous avons dû lever le pied pour que cela passe. Puis, il y a eu aussi la descente vers Malte. Mais globalement, nous n’avons pas à nous plaindre car ce fut huit jours de course tout à fait cléments. Nous avons fait une grande partie du parcours au portant et je dirais même vent arrière ce qui explique les vitesses moyennes pas si élevées pour nos types de bateaux. C’est sûr que les périodes de transitions avec des calmes n’ont pas aidé. Douze nœuds de vitesse Vitesse #speedsailing moyenne, c’est à peu près ce que l’on fait sur une transat en solitaire !

Durant la course, à bord de Géant, nous n’avons pas eu de système de quart clairement identifié. Moi, je barre peu, je suis un l’empêcheur de tourner en rond. Je propose les combinaisons de voilure, d’appendices ... Pour la météo, c’était surtout Vincent Riou qui s’en est occupé. Géant a été bien allégé cet hiver. A l’intérieur nous avons gradé le strict minimum : une couchette, un ordinateur et un camping gaz ...Du coup, à six au long cours, ça devient vite inconfortable. »

- Frédéric Le Peutrec-Gitana 11 : « Un mélange de frustration et de satisfaction. Satisfaction parce que nous sommes arrivés à l’arrache en se bagarrant comme des chiens dans 25-30 nœuds de vent pour rattraper le mille que Foncia nous avait pris ! A fond, sous gennaker, comme on n’ose pas le faire en Grand Prix, complètement désinhibés par huit jours de mer. Une arrivée exceptionnelle par la poussée d’adrénaline...

Le cap Corse a été terrible pour nous. Déjà en l’approchant parce que nous savions que le flux de vent allait s’organiser par le Sud et que nos poursuivants allaient fondre sur nous. Et comme nous étions légèrement décalés par rapport à Banque Populaire, il arrive à s’échapper au cap Corse. Entre les deux, sur nous, une molle comme il en existe en Méditerranée : on est resté collés jusqu’à ce que le vent revienne par derrière... avec trois bateaux ! Ils ont pu nous contourner et c’est comme cela que Géant arrive une heure avant nous...

Mais la course était superbe, incroyable de rebondissements, usante pour les nerfs et pour le physique. J’ai eu l’impression de faire un Grand Prix depuis l’instant du départ avec le parcours prologue devant Groix, jusqu’à la ligne d’arrivée à Nice ! Il y a eu des séquences de contact exceptionnelles, notamment avec Géant quand on ne s’est pas lâché pendant une demi-journée, avec les voiles au vent, l’équipage au rappel... Hyper intéressant à suivre, mais insupportable à vivre ! Très riche, mais nous sommes quand même frustrés dans une situation que nous avons totalement subie, dans un couloir sans vent.

Tout le monde à un moment ou à un autre, s’est retrouvé devant ou décalé derrière pendant cette course : nous avons fait « l’élastique » deux fois, lorsqu’on était en tête à Gibraltar puis un peu derrière dans le golfe de Tunis, de nouveau aux avant-postes aux abords de la Sardaigne et relégué après la Corse ! Nous sommes contents de notre option solitaire vers l’Ouest après le détroit de Sicile où nous pensions même prendre la tête à quelques heures près... On savait que la Méditerranée était capricieuse mais à ce point là !

L’équipage est rincé et abasourdi. C’est comme après un combat de boxe : après huit jours de mer, terminer dans la pétole puis franchir la ligne à plus de 30 nœuds sous gennaker à la limite du raisonnable ! Le bateau est lui, en parfait état : excellente préparation, un bateau fiable, pas d’avaries et un safran central qui se relève au bon moment sous un choc. Nickel ! Au final, on est content parce que quatrième, cela aurait été terrible... »

- Armel Le Cléach-Foncia : « On a rattrapé le temps sur la fin. Cela c’est joué à pas grand chose. Je suis content d’être là. J’ai appris beaucoup avec tout l’équipage. Tout c’est bien passé. Foncia a du potentiel. Cet hiver, avec Alain, on a travaillé les capacités à aller plus vite. Sur cette course, les conditions météo étaient difficiles et aléatoires. Il a fallu se battre jusqu’au bout, tout le temps. Le multicoque, c’est une belle machine qui donne beaucoup de plaisir. C’est un engin idéal par mer plate comme dans le détroit de Gibraltar. Par contre, ça a été plus difficile vers Malte... De nuit avec la pleine lune, c’est que du bonheur ! Mon programme ce soir, c’est un bon repas puis la fête avec les concurrents : en mer, c’est la guerre, et à terre, on refait la course ensemble ! »


Voir en ligne : www.ibgroup-challenge.com


Classement de l’IB Group Challenge

1- Banque Populaire (Pascal Bidégorry)
- arrivé mardi 17 mai à 7h 36’ 17’’, soit 8 jours 16 heures 36 minutes et 17 secondes

2- Géant (Michel Desjoyeaux)
- arrivé le mardi 17 mai à 13h 55’ 16’’ soit 8 jours 22 heures 55 minutes 16 secondes (à 6h 18’ 09’’ du premier)

3- Gitana 11 (Frédéric Le Peutrec)
- arrivé le mardi 17 mai à 14h 40’ 55’’ soit 8 jours 23 heures 40 minutes 55 secondes (7h 04’ 38’’ du premier)

4- Foncia (Armel Le Cléac’h)
- arrivé le mardi 17 mai à 14h 41’ 15’’ soit 8 jours 23 heures 41 minutes et 15 secondes (7h 04’ 58’’ du premier)

5- Gitana X (Thierry Duprey du Vorsent)
- arrivé le mardi 17 mai à 16h 35’ 42’’ soit 9 jours 01 heure 35 minutes 42 secondes Abandon- Groupama-2 (Franck Cammas)


Dans la même rubrique

Oops Cup : Bruno Peyron se recycle en Suède

IB Group Challenge : Le Cléac’h passe Gibraltar en tête

IB Group Challenge : Groupama s’envole sans peine

Groupama quitte la baie de Lorient en tête...

IB Group Challenge : Cammas gagne le prologue devant Le Peutrec

Gitana XI - Fred Le Peutrec

A la une