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Jeux Olympiques • Athènes

Les cadres de l’équipe de France de Voile dressent le bilan des Jeux d’Athènes

Deux médailles (or et bronze) et quatre places de finalistes pour les bleus

jeudi 2 septembre 2004Information FF Voile

Dimanche soir, lors de la cérémonie de clôture des J.O d’Athènes, les « voileux » ont mis le feu. Avec Stéphane Christidis (49er) en animateur hors pair - il l’aura été pendant toute la durée des Jeux - ils seront restés les derniers sur la pelouse du Stade Olympique rassemblant finalement autour d’eux, dans une sarabande effrénée, tout le reste de l’Equipe de France Olympique. Pour le plus grand bonheur des photographes et cameramen saisissant cette photo de groupe spontanée et joyeuse. Ce sera la dernière image symbolique, celle de régatiers qui ont sans doute formé l’un des groupes les plus unis de la délégation française.

Félix Pruvot, 15e en Laser, est un sérieux espoir pour les Jeux de Pékin en 2008
Photo : Ch.Guigueno / Pipof.com/voile

Au-delà du talent des athlètes, de l’expérience des entraîneurs et de tout le staff, c’est peut-être dans cette ambiance, ce volontarisme - « on ne cède rien » telle pourrait être la devise de cette équipe - qu’il faut chercher le bon résultat de la voile tricolore à Athènes. Certes l’objectif annoncé de médailles (3) était supérieur au nombre finalement ramené (2 : l’or de Faustine Merret en Mistral et le bronze de Xavier Rohart/Pascal Rambeau en Star) mais si l’on retient celles-ci et le nombre de places de finalistes (soit 6 dans les huit premiers : Guillaume Florent en Finn, Gildas Philippe/Nicolas Leberre en 470 hommes, Anne le Helley, Elodie Lesaffre et Marion Deplanque en Yngling et Olivier Backès/Laurent Voiron en Tornado complétant les médaillés) on obtient l’un des tous meilleurs résultats de la voile française aux J.O.

Mieux, ce palmarès est en outre porteur de grands espoirs pour Pékin puisque seuls 3 des 18 sélectionnés avaient l’expérience des J.O. Il suffit d’analyser les palmarès et le nombre d’olympiades cumulées par tous les podiums pour se convaincre de « l’utilité » d’une telle expérience. Ajoutons qu’avec une moyenne d’âge d’un peu plus de 28 ans, l’Equipe de France de Voile était sans doute l’une des plus jeunes. Et puisque interrogés sur leur avenir, la majorité d’entre eux se voit bien passer deux semaines dans les environs de Pékin en 2008, on en conclura que la Voile Olympique française est repartie du bon pied.

Pour l’heure, la flamme s’est éteinte au pays d’Olympie. Mais pas pour tout le monde : lundi, dans l’avion qui ramenait la délégation française, les « voileux » ont porté un dernier toast à celui d’entre eux qui va bientôt entrer en scène. Il s’agit de Damien Séguin, vice-champion du monde de 2.4, l’une des deux séries paralympiques, qui participera du 18 au 23 septembre à Athènes aux J.O éponymes. Et faisons confiance au nantais pour ramener à « son » équipe une 3e médaille !

Les cadres de l’équipe de France sont donc satisfaits

- Philippe Gouard et Claire Fountaine pour la direction technique
- Jean-Pierre Champion, Président de la FFVoile
- Henry Bacchini, vice-président de la FFVoile chargé du haut niveau
- Philippe Gouard, DTN
- Claire Fountaine, directrice de l’Equipe de France

Le bilan général de ces J.O.

- Claire Fountaine : « Les conditions difficiles du plan d’eau ont favorisé les coureurs d’expérience. Observez la composition des podiums : quasiment tous avaient une expérience des J.O et beaucoup avaient été médaillés. Cela n’a pas toujours été le cas : ainsi les J.O de Séoul disputés dans des conditions plus faciles n’avaient pas nécessité autant d’expérience. Ici, pour monter sur le podium il fallait s’accrocher jusqu’au bout, être patient, accumuler des manches régulières entre 4 et 6 plutôt que des places entre 1 et 3 alternant avec des manches en milieu de flotte ».

- Philippe Gouard : « Dans la préparation, nous avions insisté sur la différence entre des championnats internationaux et les J.O, mais en réalité ce n’est pas simulable. Et c’est bien pour engranger cette expérience en vue de Pékin, que nous tenions à qualifier et à emmener les 11 séries ».

Quelles sont donc les particularités des J.O ?

- C.F : « La plupart avaient une idée de la hiérarchie internationale basée sur les épreuves disputées pendant la P.O. Or à Athènes, ils se sont retrouvés dans une flotte plus restreinte, regroupant les meilleurs et dans laquelle tous les équipages pouvaient terminer premiers comme derniers. Beaucoup ont aussi évoqué l’agressivité des adversaires. C’est sûr qu’aux J.O il n’y a plus d’amis. Avec en plus des surprises car certains pays sont peu apparus au cours de l’olympiade et ont mis les bouchées doubles dans les derniers mois. Ainsi sont apparus au plus haut niveau le Japon et la Corée en 470 hommes ».

- P.G : « C’est un phénomène que j’appellerai « l’effet Douillet ». Quand celui-ci est venu chercher sa médaille à Sydney il avait disputé avant très peu d’épreuves mais savait exactement lesquelles lui étaient nécessaires et ce sur quoi il fallait qu’il porte une attention particulière ».

Le bilan de l’équipe de France

- P.G : « Evidemment positif parce que nous avons réussi à emmener les 11 séries, que nous ramenons deux médailles, six finalistes et que ceux considérés comme des espoirs pour Pékin, je pense aux Laser et Europe, ont atteint leur objectif. Le tout avec une équipe jeune ».

- C.F : « Il faut souligner également une autre réussite : son esprit d’équipe. Ce n’était pas évident il y a deux mois mais je pense que le stage de Tignes en juillet a vraiment été bénéfique. »

- P.G : « Faire les J.O, c’est vivre ensemble et c’est vrai que ce stage a permis de regrouper des personnes qui d’habitude sont éclatées aux quatre coins du monde. »

Le bilan de chaque série avec Claire Fountaine

- 470 femmes (Ingrid Petitjean/Nadège Douroux 11e) : « Ingrid et Nadège ont évidemment été déçues de leur résultat puisque tout le monde, vu leur talent et leurs résultats, les considérait comme médaillables. Elles ont su analyser avec lucidité ce qui leur était arrivé : elles ont été gênées par la rapidité des choses, les attaques et agressivités dont elles ont fait l’objet puisqu’elles composaient un équipage très attendu. Elles ont toujours eu l’impression de courir après le temps ce qui a provoqué un retard dans leur prise de décision et leurs manouvres. Je pense qu’elle s’attendait à tout sauf à se retrouver dernière d’une régate - ce qui n’est pas exceptionnel aux JO même pour les meilleures - et cela les a marqué, d’où ensuite des prises de risques. Cela ne remet évidemment pas en cause leurs qualités et elles ont remarqué que les grecques, médaillées d’or ici, avaient raté leurs J.O de Sydney. Elles sont déjà tournées vers l’avenir ».

- 470 hommes (Gildas Philippe/Nicolas Leberre 5e) : « Dans cette série très ouverte, Gildas et Nicolas sont bien rentrés dans la régate. Sur certaines régates ils ont manqué de régularité. Un défaut souvent du à un problème de positionnement sur la ligne de départ. Les 7 points qui leur manquent pour le podium sont sans doute là. Mais le gros point positif c’est qu’au moins à trois reprises ils auraient pu baisser les bras or au contraire ils se sont accrochés. Cela leur a permis de finir sur deux bonnes journées où ils passent de la 11e à la 7e puis à la 5e place ! »

- Yngling (Anne le Helley/Elodie Lesaffre/Marion Deplanque 5e) : « Elles réalisent évidemment un très bon résultat surtout si l’on considère la jeunesse de cet équipage définitivement formé en janvier. Elles ont accompli un superbe parcours dans le petit temps, largement le meilleur de la flotte. Il leur aura finalement juste manqué un peu plus d’expérience dans la brise pour décrocher le podium. Je dois ajouter qu’elles avaient bien préparé leurs affaires en effectuant un travail bien particulier sur la cohésion et la communication Communication #Communication dans l’équipage »

- Finn (Guillaume Florent 8e) : « Si l’on veut bien se rappeler que cette série réclame une grande expérience et que Guillaume n’a abordé le Finn que voici 3 ans, il s’agit d’un bon résultat. C’est un très bon régatier, très adroit sur les départs et qui a su faire preuve d’une grande maturité tactique. Dommage qu’un lumbago l’ait perturbé au début. Cela a constitué un vrai handicap, l’empêchant de tirer dans les sangles de son trapèze dans la brise. Aujourd’hui, il se situe entre 5 et 8 dans la hiérarchie mondiale et il peut encore progresser ».

- Europe (Blandine Rouille 11e) : « Blandine a eu du mal à rentrer dans la régate. Elle était impressionnée par les J.O sans que ce soit contrôlable. C’est une forme de trac. Comme elle l’a dit, elle craignait tellement de faire dernière qu’elle s’est débrouillée pour terminer à cette place dès la première régate ! Et le lendemain elle est redevenue elle-même en étant capable de laisser sur place la future médaille d’or. Elle a alors montré toute son adresse et sa rapidité. Nous savions qu’elle était parmi les meilleures dans le petit temps et elle l’a prouvé.

- Laser (Félix Pruvot 15e) : « Félix a été irrégulier au début en raison de sa jeunesse. Cela lui a notamment coûté sa disqualification. Mais ses deux victoires ont été magiques et franchement en début de P.O nous pensions inenvisageable que l’un de nos laséristes, une sérié en pleine reconstruction après son absence de Sydney, gagne une manche aux JO. Alors deux ! Et en plus en les dominant de la tête et des épaules. Dans le même esprit, quand au départ de la P.O les français s’entraînaient avec les croates et les autrichiens, il y avait un fossé entre eux et nous. Résultat : à Athènes, Félix a régaté à leur niveau. Pour tout le groupe de nos solitaires, Europe comme Laser, tout cela est évidemment positif. »

- Mistral Femmes (Faustine Merret, Championne olympique) : « Faustine est parmi ceux qui n’avaient pas l’expérience des JO mais elle est la seule pour qui cela n’a pas pesé. Sans doute parce qu’elle rencontre ses principales adversaires depuis des années et qu’elle a une grande expérience des championnats du monde. Elle connaissait par cour leurs points forts et leurs points faibles. Elle a su également changé sa façon d’aborder les épreuves en rentrant très vite dans la régate. Et puis elle est arrivée à Athènes surmotivée : elles avaient déjà battu chacune de ses adversaires mais pas toutes ensemble. C’est ici qu’elle voulait le faire et elle l’a fait ! »

- Mistral Hommes (Julien Bontemps, 9e) : « C’est évidemment l’une de nos deux grandes déceptions puisque Julien est champion du monde. Il a connu un incident inexplicable en se trompant de mât le premier jour des régates (Julien a été disqualifié pour avoir gréé son mât de secours au lieu de celui qui avait été jaugé, ndr). C’est incompréhensible car c’est un garçon rigoureux et sans doute l’un de ceux dont la préparation a été la plus exemplaire. Après il n’a jamais pu retrouver toute sa sérénité. Mais pour l’avenir, il faut là aussi regarder le positif : il s’est accroché jusqu’au bout et n’est jamais « sorti » de l’épreuve. »

- 49er (Marc Audineau/Stéphane Christidis, 11e) : « C’est une très jeune équipage, puisque formé il y a un an ?, qui s’est retrouvé dans un type de conditions réclamant au contraire une grande expérience commune. Je ne doute pas qu’avec un peu plus de brise, ils auraient pu s’exprimer autrement. Leur fougue leur a néanmoins permis de remporter une manche et de rester, tout au long de l’épreuve, très volontaires. Ils ont su, sur l’eau et en dehors, communiquer cette volonté à toute l’équipe. »

- Tornado (Olivier Backès/Laurent Voiron, 4e) : « Leur 4e place constitue une belle performance si l’on veut bien examiner le palmarès et l’expérience de ceux qui les précèdent mais aussi de certains qui les suivent. Olivier et Laurent sont soudés et complémentaires. Ils se sont accrochés pour réaliser le meilleur final possible qui leur permet de gagner deux places dans la dernière régate et de rater la 3e d’un cheveu alors que l’on disait cela impossible. Je suis certaine que des conditions plus variables, leur auraient permis de monter sur le podium. »

- Star (Xavier Rohart/Pascal Rambeau, médaillés de bronze) : « C’était une série très difficile avec un podium difficile à donner avant l’épreuve. Avec un an d’expérience commune derrière eux, Xavier et Pascal ont été impressionnants. Leur avant dernière journée (3 et 1, ndr) a été énorme. Ils ont su tirer tous les avantages de leur particularité : ce sont deux barreurs de formation. Je retiendrais également le message de Xavier une fois sa médaille autour du cou : « cela récompense un travail entamé il y a 20 ans ». Cela démontre bien ce que représentent les JO et la somme d’expérience qu’ils requièrent. Xavier était passé de peu à côté de la médaille pour sa première participation à Barcelone et du coup il ne s’était alors pas rendu compte de cette difficulté. Il l’a appris par la suite et ici il était venu avec la volonté « d’aller la chercher ! ». Cette volonté c’est un peu le symbole de toute cette équipe. »

Jean-Pierre Champion, Président de la FFVoile

Le bilan : « Il y a bien sûr la satisfaction d’être revenu avec deux médailles même si c’est un peu en dessous de l’objectif affiché. On ne peut donc parler de succès total mais que ce soit l’or de Faustine dans une discipline très prisée en France comme la planche ou le bronze de Xavier et Pascal dans une série dans laquelle, a l’inverse, notre pays n’avait jamais brillé, ces deux médailles sont importantes pour la voile française. Le résultat de nos staristes est l’aboutissement d’un long travail mené par Daniel Dahon avec un groupe de coureurs. Car non seulement il y a cette médaille mais je noterai également que Philippe Presti, qui faisait parti de ce groupe, est aujourd’hui 8e dans la hiérarchie mondiale du match racing. Autre belle satisfaction : l’élan est retrouvé dans toutes les catégories. Les deux manches remportées par Félix Pruvot en Laser en sont le symbole et démontrent à tous les jeunes régatiers français que rien n’est impossible même quand l’on part d’assez loin comme dans cette série. Bien sûr il y a un sacré pas à franchir entre remporter une manche et décrocher une médaille mais au moins a-t-on commencé à le faire. Cette volonté de qualifier toutes les séries était une vraie bonne idée de la Direction technique car il s’agissait d’un choix difficile, certains que nous étions de ne pas tenir les premiers rangs partout. Cela a redonné beaucoup d’espoir et constitue un élément d’avenir. Autre principe qui a fonctionné : une certaine autonomie donnée aux coureurs. Reste qu’il y a également quelques frustrations : nous échouons au pied du podium dans des séries très « françaises » comme le 470 ou le Tornado alors que nous avions la capacité d’y accéder. Et puis il y a « l’accident » de Julien en planche.

Tout ce que je viens d’énumérer prouve qu’une médaille nécessite du travail, du temps et toujours plus de professionnalisme. C’était déjà le constat fait après Sydney. Nous pouvons aujourd’hui le reprendre mais nous avons commencé à y remédier. Il faut poursuivre »

La suite : « Comme l’explique Jean-François Lamour dans une tribune dans Le Figaro, il est indispensable d’intégrer le rendez-vous de juillet 2005 dans la réflexion sur l’avenir du sport français. Car si Paris est alors retenu pour les JO 2012 on peut imaginer que le sport français bénéficiera de moyens plus importants. Si ce n’est pas le cas soit cela ne bougera pas soit cela baissera. Reste que l’on ne peut pas tout figer en attendant cette date. Sans tarder nous devons donc faire appel aux personnes les plus professionnelles possibles pour préparer les JO de Pékin. Cela passe déjà par conserver tous ceux - coureurs comme entraîneurs - qui y ont su faire preuve de ces qualités à Athènes. Ensuite il faut leur donner des moyens de se préparer car pour former un grand champion il faut du travail et des moyens. Il faut également être capable de proposer des échéances à ceux qui ne pourront pas accéder aux JO dès Pékin. Les épreuves internationales nous le permettent ».

Henry Bacchini, vice-Président de la FFVoile chargé du haut-niveau

L’impression générale : « ce groupe a fait preuve d’un esprit d’équipe, solidaire et enthousiaste. Le positif l’emporte évidemment largement et son défaut principal a été le manque d’expérience surtout pour les séries en équipage. Ce petit plus qui permet de réagir les yeux fermés ensemble nous aura coûté des podiums »

Des images : « Faustine juchée sur les épaules de Stéphane Christidis pour un tour d’honneur improvisé lors de la remise des médailles des Mistral hommes. Tout un symbole de l’enthousiasme de cette jeune équipe. A l’arrivée des Star : le calme de Xavier et Pascal en passant la ligne, forts de leur travail accompli. A l’inverse, juste après, le passage de Cayard fixant sans ciller le fond de son bateau. Enfin l’Equipe de France mettant le feu au Club France lors du retour des médaillés tard en soirée. J’ai l’intime conviction, même si c’est prétentieux, que le groupe des « voileux » constituait l’élément le plus enthousiaste de l’Equipe de France Olympique »

La suite : « Il faut conserver l’émulation à partir de groupes restreints de travail. Nul ne doit s’installer dans des certitudes car chez les non sélectionnés on trouvait également de la classe et de la race. Par contre, il faut évidemment conserver cet esprit et cette expérience en se servant des deux ou trois meilleurs comme force propulsive. Autre impératif : se rendre vite sur le site nautique des J.O de Pékin qui s’annonce extraordinaire au sens premier du terme ».


Voir en ligne : Plus d’informations sur www.ffvoile.net/equipedefrance



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