« Nous avons croisé toutes les prévisions possibles et aucunes d’elles ne sont vraiment d’accord. Les prévisionnistes disent que le vent devrait soit mollir à 7/8 nœuds soit qu’il ne devrait pas y en avoir du tout ! Cela va être long cette affaire, nous n’en avons pas fait encore la moitié » lâche Gaël Le Cléac’h, fidèle des fidèles de Roland Jourdain sur Sill et vainqueur de la Transat Jacques Vabre Transat Jacques Vabre #TJV2015 à ses côtés. Il faut dire que la météo prend des allures de Guiness mal tirée en ce moment au large des cotes irlandaises et le vent n’est pas vraiment celui qui était prévu dans les annales de la saison. Point de vent portant généré par des dépressions balayant l’Atlantique Nord mais une succession de systèmes météo complexes dus à une dépression jouant l’immobilisme au large du Royaume-Uni. Aussi, le vent est actuellement de Nord-Ouest de 12/20 nœuds et les bateaux font route directe vers Black Rock, distant de 35 milles dans les étraves.

« Il n’y a pas vraiment de coups météo à tenter constate bien impuissante Isabelle Autissier (VMI). Cela est un peu une course de chevaux de bois en ce moment et le plus important est la vitesse Vitesse #speedsailing du bateau. Donc on est dessus ! Mais c’est plutôt bien car nous avons des tas de petits camarades de jeu Jeu #jeu autour de nous. Il y a un gros bateau orange sous le vent avec une petite maison avec une cheminée dessinée dessus (ndlr : PRB) et un bateau tout rouge devant (ndlr : Sill) ». Même écho à quelques mètres de là, puisque Vincent Riou sur PRB, bord à bord avec VMI, ironise : « C’est plutôt une bonne idée que de faire courir les bateaux les uns à côté des autres ! ». Plus sérieusement, Vincent poursuit : « C’est génial et c’est rare d’avoir une opportunité comme cela de naviguer bord à bord en course. Cela permet de comparer les réglages et de nous étalonner par rapport à d’autres bateaux. Nous avons beaucoup travaillé la nuit dernière et c’est vrai que nous sommes un peu fatigués. Autrement pas de souci particulier… Nous avons réparé notre étai de trinquette et fait un brelage pour remplacer la pièce défectueuse. C’est clair que notre arrêt d’une demi-heure trois quart d’heure nous a fait perdre la tête de la course mais nous allons rester attentifs et la course est encore longue ! ».

Et si cinq bateaux se tiennent en 12,8 milles, tous alignés cap au Nord, on constate aujourd’hui un écart important avec le reste de la flotte. Team 888 pointe à 32,5 milles du leader, Arcelor Dunkerque à 66 milles, Objectif 3 à 98,9 milles et Garnier à 129 milles. Joint par téléphone à la vacation du jour, le régional de l’étape Joé Seeten (Arcelor Dunkerque) garde le moral : « Vous êtes gentils de parler d’un petit écart avec le reste de la flotte… Nous avons un problème avec une situation météo compliquée et n’avons pas pu suivre nos petits copains qui nous ont distancé. Nous n’avons pas su nous dégager suffisamment tôt. Cela ne va pas être facile de rattraper les milles de retard. Il se peut que la météo nous aide à revenir… ». En effet, Joé compte un peu sur le vent qui devrait mollir avant de basculer à l’Est dans la nuit. Un nouvel effet d’accordéon pourrait alors lui permettre de recoller à l’échappée. Même pensée sur Team 888 d’ailleurs…

Quoiqu’il en soit, la tête de la flotte pourrait naviguer au large de la pointe Nord irlandaise avant d’aborder l’Ecosse et les Hébrides distantes ce soir de 240 milles. Les Iles Shetland, rond point obligatoire avant de redescendre en Mer du Nord sont à 650 milles dans les étraves. De quoi connaître beaucoup de changements encore…

 Des nouvelles de Garnier… « Des problèmes électriques et informatiques ne nous ont pas permis de communiquer jusqu’a présent. Après un départ quelconque, nous avons bien marché jusqu’à la dernière marque de parcours de Boulogne en respectant les points de passage. Malheureusement, juste avant celle-ci, notre unique spi a éclaté. Contraint de faire route sous gennaker, il était évident qu’à suivre les autres nous aurions aujourd’hui perdu toute chance dans la course. Nous avons donc décidé d’opter pour une stratégie différente, adaptée à notre handicap : celle de la louche belge ! (suivez la route). Nous avons passé Bishop par 49,24 N, 6,45 W à 2 heures et faisons route vers le Fastnet dans une mer formée par 14 noeuds de Nord-Ouest. »

 Tourisme… « Nous sommes au large d’une grande baie déclare Gaël Le Cléac’h (Sill). Ce matin, c’était très joli. Ils ont construit plein de phares ces gens-là ! »

 Croissants… « Nous étions tellement près de VMI ce matin remarque le même Gaël que l’on aurait pu récupérer les croissants (cf l’animation proposée par VMI sur le village de la Calais Round Britain Race où des boulangers fabriquaient pains et viennoiseries chaudes sur le stand). Je ne sais même pas s’ils ont eu le temps de faire du pain ce matin ! ».

 Rêves de mousse… « Nous avons senti l’Irlande avant de la voir lâche Mark Denton sur Team 888, en avons parlé et avons tous rêvés d’une Guiness… ».

 Dure réalité… « A chaque marque de parcours, nous avons l’impression que nous recommençons la course lâche Isabelle Autissier embarquée sur VMI. Par contre, on arrive à en larguer quelques uns au fur et à mesure… ». Rien d’autre que la dure loi de la régate…

 Avec le temps… « Vous savez quoi : j’ai quarante ans aujourd’hui lâche Fred Dahirel sur Objectif 3. C’est la première fois que je me réveille en mer le jour de mon anniversaire en étant comme cela à la table à cartes, sans avoir à faire de quart… Cela me fait tout drôle ! ». Allez bon anniversaire Fred, mais interdiction de s’arrêter en Irlande pour boire une Guiness !

 Curieuse… « Nous sommes tellement prés de PRB qu’avec un peu d’attention on pourrait voir ce qu’ils sont en train de manger en ce moment ! » remarque Isabelle Autissier sur VMI à la vacation du jour.

 Fataliste mais combattant… « Il nous faudra un sacré coup de pouce pour rattraper les autres avec 70 milles de retard avoue Joé Seeten sur Arcelor Dunkerque. Mais la route est encore longue et l’on ne sait pas ce qu’il peut se passer ! ».

• Flash dernière minute : Avarie de solent sur Sill (source Sill)

 « C’est arrivé en début d’après-midi. La voile s’est décousue sur quatre à cinq mètres, de son milieu vers le point d’écoute. Nous l’avons rapidement enroulée puis remplacée par la trinquette qui est beaucoup plus petite. L’ami Bernard en profite pour s’échapper progressivement alors que l’on parvient encore à contenir PRB et VMI qui sont à nos trousses » décrivait Roland Jourdain (Sill). « Nous ne pourrons rien faire avant d’avoir paré la pointe de Portacloy dans une cinquantaine de milles. A cet endroit là, nous pourrons abattre pour affaler la voile sur le pont et la recoudre. Le faire avant serait trop pénalisant car nous allons devoir envoyer un homme dans le mât pour défaire le point de drisse. Et puis nous naviguons dans une mer trop forte pour le faire sans risques Je ne comprends pas ce qui s’est passé car la voile sort de révision. C’est vraiment frustrant ».

Pierrick Garenne

• CLASSEMENT 16/07/03 à 16 heure, heure française
 1 ;Bobst Group Armor Lux à 1192.2 milles de l’arrivée
 2 ;Sill à 3.5 milles du premier
 3 ;PRB à 6.9 milles du premier
 4 ;VMI à 8.0 milles du premier
 5 ;Ecover à 12.8 milles du premier
 6 ;Team 888 à 32.5 milles du premier
 7 ;Arcelor Dunkerque à 66.0 milles du premier
 8 ;Objectif 3 à 98.9 milles du premier
 9 ;Garnier à 128.9 milles du premier

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