« Après ma deuxième victoire dans la Solitaire du Figaro, j’ai voulu créer ma propre caisse à outil pour gérer mes projets. Devenir chef d’entreprise équivalait à être skipper à terre, comme je l’étais déjà en mer » confie Michel Desjoyeaux.

La naissance de Mer Agitée coïncide avec le lancement de l’aventure PRB pour le Vendée Globe. Deux ans plus tard, en 2001, Michel Desjoyeaux remporte son premier tour du monde en solitaire sans escale. Ce succès servira de rampe de lancement à Mer Agitée : jusque-là vouée à un seul homme, la structure va se transformer en écurie de course au large.

Le bureau aménagé dans la maison familiale puis loué dans une annexe de la capitainerie de Port La Forêt devient vite trop étroit pour accueillir les projets qui tapent à la porte. Un bâtiment de 1000 m² émerge. La partie hangar/atelier est alors taillée aux dimensions du nouveau bateau du propriétaire des lieux - le trimaran Géant -, tandis que d’autres navigateurs posent leurs sacs dans ces nouveaux locaux pour une campagne Vendée Globe : Vincent Riou, qui reprend la barre de PRB et Sébastien Josse avec VMI.

Accompagner, de la conception à la navigation

2002-2005 est donc le début d’une nouvelle ère. L’entreprise gère trois projets de front – Géant, PRB, VMI- et les succès sont au rendez-vous. Il faut embaucher et rationnaliser l’activité. Jean-Paul Roux devient le directeur de la société, il le restera pendant 10 ans. Cette période va aussi sceller le standard « Mer Agitée ». D’abord au service exclusif de son skipper-fondateur, l’entreprise se démultiplie pour accompagner les coureurs dans leur projet architectural, technique, sportif, logistique et administratif.

« De la conception à la navigation, c’est cela notre marque de fabrique. Notre expérience, notre connaissance des enjeux, des timings et des risques permet de faire gagner du temps à des projets visant la performance » explique Mich’ Desj’.

C’est surtout une formule qui marche et qui, pour les jeunes marins, acquiert la réputation de passage obligé pour gagner.

Quatre victoires dans le Vendée Globe

En 20 ans, les trophées collectionnés sur les étagères de Mer Agitée se comptent par dizaines : 25 podiums sur les plus grandes épreuves de course de large, dont quatre victoires dans le Vendée Globe et trois sur la Route du Rhum, entre autres. Ce palmarès n’appartient pas qu’à Michel Desjoyeaux. Vincent Riou, Sébastien Josse, François Gabart et Paul Meilhat vont marquer leur empreinte dans l’histoire de l’entreprise, tandis que d’autres skippers vont faire appel à l’expertise de Mer Agitée pour des missions plus ponctuelles de chantier d’optimisation ou de mise au point. Dans le même temps, les grandes marques que sont PRB, VMI, Géant, Foncia, Macif et SMA vont se faire un nom en course au large, que ce soit en 60 pieds IMOCA, en trimaran Orma, en MOD70, en D35 ou en Figaro.

Agiter des idées, imaginer des solutions

En plus d’être un sublimateur de talents, Mer Agitée est aussi un incubateur d’idées.
« Je suis issu de la technique des bateaux avant d’être un compétiteur » reconnaît celui qui a crapahuté toute son enfance dans le chantier naval paternel. Customiser des pièces ou des systèmes, imaginer des solutions pour simplifier des manœuvres, alléger le bateau, fiabiliser, réfléchir et progresser dans le sens de la performance, tel est le crédo.

« Si ce qui existe en série sur le marché nous plait, on prend, sinon, on conçoit, on fabrique nous-même ou on le fait réaliser, ce qui a également généré des partenariats avec des fournisseurs ».

On doit à Mer Agitée de nombreux systèmes ou éléments aujourd’hui répandus dans la course au large : étai fixe avec système d’enrouleur, safrans relevables, pont en aile de mouette, goulotte pour les cordages, cadènes en composite, sans compter les multiples développements sur les pilotes automatiques, l’accastillage, l’ergonomie des plans de pont et du cockpit, mais aussi les procédures de gestion de crise offshore.

Aujourd’hui, les penons électroniques développés par la cellule R&D (brevet déposé) sont voués à connaître des débouchés qui dépasseront le simple réglage des voiles (éoliennes). L’entreprise planche par ailleurs sur des moyens de propulsion alternatifs pour les navires de commerce ou encore sur un procédé de détection du vent à distance (projet Lidar).

Ce penchant de Mer Agitée pour la création et la mise en œuvre a donné naissance au bureau d’étude Mer Forte. Les deux entités, aujourd’hui indépendantes, collaborent régulièrement. En 2015, elles ont imaginé « Z », un catamaran hybride (voile et moteur) construit en récupérant d’anciennes pièces de voiliers de compétition. Plateforme idéale pour embarquer des invités, le bateau est disponible à la location pour des opérations de relations publiques.

Un nouvel IMOCA à foil à l’eau dans deux mois et demi

Mer Agitée, ce sont enfin des hommes et des femmes investis et expérimentés, capables de travailler dans l’urgence, de s’adapter et de trouver au quotidien des solutions pour la gestion de projets complexes liés aux bateaux de course et à leur programme de compétition.

Aujourd’hui, ces hommes et ces femmes sont focalisés sur la construction du 60 pieds IMOCA Corum L’Epargne (plan Juan Kouyoumdjian) avec lequel Nicolas Troussel prendra le départ du prochain Vendée Globe. La mise à l’eau est prévue dans quelques semaines.

L’aventure se poursuit, passionnément, avec la volonté de construire des bateaux, d’accompagner des coureurs et des marques pendant les vingt prochaines années !