Le moins que l’on puisse dire est qu’Eole, légèrement asthmatique, joue avec les nerfs des concurrents. « C’est un peu stressant de voir les autres revenir, avoue Gaël Le Cléac’h, navigateur sur Sill Plein Fruit. On s’y est préparé pendant 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , mais c’est toujours énervant de voir tout le travail qu’on a pu faire anéanti. » Difficile pourtant de détrôner les équipiers de Roland Jourdain de leur position de leader. Empannage après empannage, les équipiers de Bernard Stamm ont fini par avoir raison de leurs adversaires pour… 0,2 milles ! « On essaye de passer mais pour l’instant Bilou contrôle, expliquait le skipper de Bobst Group-Armor Lux à la vacation de midi. Il faut aller là où est le vent, car ce soir il va y avoir une mistoufle (pas d’air). »

Du côté de Kingfisher, le moral en a pris un coup ce matin. Revenus au contact des premiers hier soir, Nick Moloney et ses équipiers ont tiré au nord vers l’Espagne pendant la nuit. La sanction fut immédiate : 40 milles de retard samedi matin, et près de 50 milles le soir. « On avait des infos qui donnaient un vent de nord, résume Hervé Jan, équipier de Kingfisher. Avec les brises nocturnes de la Sierra Nevada, cela aurait dû se renforcer. Mais dans la pratique, ce n’était pas le cas. C’est une spécialité méditerranéenne : s’il n’y a pas de gros système lourd installé, il y aura encore d’autres choses de ce genre là. On a parié… et payé très cher ! » Le bonheur de Dominique Wavre se ressentait à la vacation de ce matin. Refaire 90 milles de retard en 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures était un peu inespéré, mais le skipper suisse de Temenos y a toujours cru. « Ce sont des conditions de lac, savoure Dominique Wavre en connaisseur. Cette nuit va être très calme, il faudra être très attentif. Mais tout le monde est bien en forme à bord. »

Tous s’accordent à dire que la situation risque d’être encore plus compliquée dans les 24 heures à venir. « Je pense qu’après le cap de Gata, il y a une bulle de haute pression, explique Simone Bianchetti (Tiscali). Il y a une possibilité de changement complet dans le classement. Nous, on privilégie la vitesse Vitesse #speedsailing , sans trop s’éloigner de la route qu’on avait prévu. » « Le vent devrait revenir par devant, ajoute Bernard Stamm. Pour l’instant, le vent est sud-ouest, mais il va revenir par le nord. »

Pour Virbac, la course est désormais terminée. L’avarie de rail de mât aura eu raison des efforts intenses de l’équipage. Après une escale à Malaga pour débarquer trois équipiers, Jean-Pierre Dick continue avec un seul équipier vers Barcelone. « Cette décision n’a pas été facile à prendre, déclare Jean-Pierre. Mais naviguer avec deux ris dans la grand-voile en permanence n’est pas évident. Tout le monde était attristé de ne pas continuer, surtout qu’il y a une superbe bagarre devant. Je vais m’entraîner un peu au solitaire pour aller jusqu’à Barcelone où nous pourrons réparer le mât. » Pendant plus de trois jours, les hommes de Jean-Pierre Dick auront fait preuve de ténacité pour tenter de réparer et de rester dans la course.

A moins de 700 milles de l’arrivée, les concurrents doivent encore contourner les Baléares, à mi-chemin entre leur position actuelle et Santa Margherita, le petit port italien du golfe de Gênes. De nouvelles options en perspective. Et un classement sûrement remanié pour la énième fois.

Loïc Le Bras

Ils ont dit

Dominique Wavre (Temenos) : « C’est un peu délicat. Le vent tombe, tombe, tombe… Ça va vers la calmasse ! On voit Sill Plein Fruit et Bobst Group-Armor Lux. Là, on fait tous la même chose. »

Jean-Pierre Dick (Virbac) : « La décision n’a pas été facile à prendre. Mais l’intervention pour réparer est délicate. Il y a néanmoins plein de bonnes choses à tirer de cette course. On a beaucoup appris pour le prochain bateau. »

Bernard Stamm (Bobst Group-Armor Lux) : « C’est toujours pareil. Mais il fait plus chaud ! C’est ça la pétole en Méditerranée. »

Jean-Baptiste Epron (Sill Plein Fruit) : « C’est relativement calme depuis Gibraltar. Il y a eu pas mal de manœuvre cette nuit. On navigue à vue depuis ce matin. »

Simone Bianchetti (Tiscali) : « On a travaillé toute la nuit. Pour l’instant, ça n’a pas trop payé ! Mais c’est assez intéressant. La suite ? Pour l’instant on travaille sur les pâtes ! »

Nick Moloney (Kingfisher) : « Nous avions du bon vent cette nuit, mais nous sommes entrés dans une zone sans vent. J’espère que cette zone va rattraper les autres, et le vent revenir par le nord-ouest. Temenos et Virbac sont bien revenus en 24 heures. On espère faire la même chose. »