Le Comité de Course n’a pas voulu prendre de risque face aux conditions météorologiques très musclées de ce dimanche : vent de secteur Ouest à Sud-Ouest 25-30 noeuds avec rafales et surtout marée descendante de fort coefficient (111). Devant Port Louis, la mer se creuse et déferle. Bref, impossible de sortir de la rade de Lorient Lorient L’actualité du port de Lorient et de sa région. sans risquer un problème, les moteurs d’appoint des trimarans n’étant pas assez puissants pour faire face à ces creux de 2-3 mètres.

Cammas 3, Peyron 2

Ce Grand Prix du Pays de Lorient Lorient L’actualité du port de Lorient et de sa région. n’a pas pour autant été sans intérêt, loin de là ! Cinq manches courues avec minimum 17 noeuds et jusqu’à 25 noeuds avec des rafales à plus de 30 noeuds ! De quoi tester le matériel et la condition physique des équipages. De ce point de vue, seul le quatuor de tête n’a pas connu d’avaries majeures : Banque Populaire cassait ses lattes le premier jour, Foncia sa cale de dérive, Bayer CropScience sa fixation d’étai de trinquette, tandis que Sopra Group et Banque Covefi n’étaient pas franchement prêts à affronter les rafales à 40 noeuds de vendredi.

Ce Grand Prix du Pays de Lorient aura quelque peu tourné au duel entre Groupama et Fujifilm. Pourquoi ? Parce que Franck Cammas et son équipe ont une plate-forme certes " ancienne " (mise à l’eau en septembre 1998) mais parfaitement optimisée au fil des ans : l’apport cette saison de foils courbes a encore amélioré la diminution du tangage au près. Au portant, le bateau se cabre davantage et a moins tendance à enfourner son flotteur sous le vent. Le gain se joue à près de trois noeuds sous gennaker dans la brise !

Quant à Fujifilm, les problèmes de l’an passé sont désormais résolus et la simplification du bateau a porté ses fruits. Loïck Peyron et son équipage restent les plus rapides à l’heure actuelle au près, avec surtout une capacité à faire du cap qui lui permet de se sortir d‚un contact proche ou d’obliger un concurrent à virer s’il se met à son vent trop près. Au portant, Fujifilm gagne souvent quelques degrés de plus en descente, autre avantage pour réduire la distance à parcourir sous gennaker.

Quant aux autres trimarans, trois clans formaient la flotte : Banque Covefi tout juste re-mâté avec l’espar de Francis Joyon plus court d’un mètre, ne pouvait pas réellement régater à son niveau habituel. Sopra Group, mis à l’eau depuis une semaine, effectuait ses premières sorties sans foils et sans aucune expérience de ce nouveau plan Lombard. Pour ces deux multicoques, prendre le départ de deux manches avec 20 noeuds de vent était déjà une performance.

Pour Foncia aussi ce Grand Prix du Pays de Lorient avait plus valeur de test, surtout dans ces conditions musclées : quelques avaries (cale de dérive, chariot de grand voile coincé, foils bloqués) mais un potentiel qui a impressionné les observateurs. Pas de déficit au près malgré ces problèmes techniques et des performances au portant remarquables. Surtout, Foncia s’est montré très sain de comportement et très évolutif. Pour Bayer CropScience, ce premier rendez-vous était aussi une mise en jambe, bien que Frédéric Le Peutrec et son équipage aient déjà eu l’occasion de naviguer dans la brise depuis la mise à l’eau en mars. Rien à redire quant au potentiel, quelques problèmes techniques de mise au point (palans de bascule de mât, fixation d’étai de trinquette), un calage de coordination des manoeuvres et Bayer comblera rapidement son petit déficit.

Quant aux " anciens " de la saison passée, Banque Populaire n’a retrouvé réellement ses capacités que lors des deux dernières manches où il termine deux fois troisième dans le tableau arrière des deux leaders. Le renouvellement partiel de l’équipage est en partie la cause de ce début de Grand Prix laborieux. Bonduelle aussi a dû faire face à un changement partiel d’équipe et à un chantier important cet hiver terminé juste avant le rendez-vous lorientais. S’il n’a rien perdu de son potentiel, il n’a pas encore progressé comme les deux leaders ont pu le faire depuis l’an passé. Seul Biscuits La Trinitaine-Team Ethypharm a réussi à faire un bond en avant depuis la saison 2000 grâce à ses nouveaux flotteurs, son nouveau mât et le bon réglage de ses foils. Il n’a pas encore acquis l’aisance de la nouvelle génération de trimarans dans les phases de transition, mais est désormais capable de caper aussi haut que ses concurrents tout en ayant gagné en performances au portant et dans le petit temps (au vu des entraînements précédents le Grand Prix).

Mais ce qu’il faut retenir de cette semaine (les trimarans ont navigué tous les jours depuis lundi), c’est l’extrême réduction des différences de performances par rapport aux saisons passées. Si on élimine les paramètres problèmes techniques-avaries-mise au point, il faut constater (comme le précisent d’ailleurs tous les skippers) que les régates se jouent sur un cumul de petits détails : angulation du mât, profondeur du foil Foil #foil , bon enroulement du gennaker à l’empannage, bonne relance en sortie de virement de bord (plusieurs trimarans ont fait des marches arrière, suite à une mauvaise coordination), juste appréciation des lay-lines, capacité à supporter l’effort physique pendant quatre manches de brise à suivre !

Et malgré ces conditions météorologiques très musclées, jamais les écarts aux passages des bouées n’ont été aussi réduits ! Le Championnat 9 TELECOM s’annonce donc très disputé lorsque tous ces trimarans auront résolu leur problème de coordination d’équipage et de mise au point avec en sus, l’arrivée d’autres multicoques aux performances identiques (Belgacom, Sodébo, Géant) ainsi que des deux absents pour cause de Roma Per Due en Italie, Tim de Giovanni Soldini et Sergio Tacchini de Karine Fauconnier.

Prochaine épreuve : la Course des Phares Calais- Calais, départ le 19 mai.