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TROPHEE JULES VERNE

Pied de mât fissuré mais surveillé, Peyron continue

Plus de cinq jours d’avance à l’équateur

mercredi 24 avril 2002

Le passage de l’équateur n’est hélas pas la seule information du jour. A l’heure d’entrer dans l’hémisphère nord, Bruno Peyron a choisi de révéler qu’une ombre ternit le joli parcours du maxi catamaran dans l’Atlantique Sud ; la boule en titane qui supporte le mât est fissurée. Dans l’impossibilité d’évaluer en profondeur l’importance de cette fissure visible sur une demi sphère, l’équipage d’Orange a paré au plus pressé et effectué une réparation plus préventive que définitive. Le premier moment de doute passé, Peyron a décidé de poursuivre l’aventure Aventure . La météo s’y prête. Et l’analyse des performances ne trahit pas qu’une épée de Damoclès est à présent suspendue au dessus du destin d’Orange. L’allure au plus près du vent est désormais prohibée, comme le sont les sauts de vague et les embardées contre la mer. La route d’Orange vers Ouessant devra se paver de vents portants et de flots apaisés.

" Je dois aujourd’hui vous révéler l’avarie qui nous préoccupe depuis quelques jours. " Calmement, presque pédagogiquement, Bruno Peyron explique : " La boule en titane de 12 cm de diamètre sur laquelle repose les 1 200 kg du mât et du gréement, avec une compression parfois égale à plus de 60 tonnes, est fissurée dans sa partie inférieure sur une circonférence de 170 degrés. Si elle se brise, le mât tombe. "

Alertés par les grincements sinistres de la boule sur sa coquille à chaque flexion et oscillation du mât, Ronan le Goff, mécanicien du bord chargé du gréement, et Yves le Blévec, spécialiste en matériau composite, ont les premiers constaté l’avarie. La situation est grave, et l’idée de faire route vers Salvador de Bahia affleure un instant les esprits. Les échanges téléphoniques avec Yan Pernfornis, architecte et constructeur du bateau se multiplient et une première solution technique est définie. Yves le Blévec, orfèvre parmi les orfèvres, fabrique une merveille de coquille tout carbone pour enserrer la base de la boule.

Poussant plus loin la réflexion, les travaux de stratification sont élargis jusqu’au pont, afin d’assurer l’immobilisation totale de la sphère. " Ce manchon n’empêchera pas la boule de casser " explique Le Blévec, " En revanche, elle devrait empêcher la chute du mât ! " L’observation exacerbée du comportement du bateau ces dernières 48 heures a achevé de convaincre Bruno de poursuivre sa route. " Lorsque le bateau porte la toile du temps, nous avons constaté que le gréement bouge moins et que les frottements du mât sur la boule diminuent " raconte Peyron. " Dès que l’on réduit la voilure en pensant ménager le bateau, les mouvements naturels du mât en flexion et en torsion nous font craindre le pire. "

Orange poursuit donc sa route et le franchissement de l’équateur intervenait peu après 14 heures (françaises). Le long bord au Nord Nord Ouest va se prolonger aujourd’hui. " Tant que le bateau glisse sans heurt, nos performances demeurent honorables " poursuit Peyron, visiblement ravi de maintenir avantageusement la comparaison avec Club Med, vainqueur l’an dernier de The Race. Le franchissement du pot au noir n’inquiète pas outre mesure les navigateurs d’Orange. L’alizé de Nord Est en revanche, se présente sous un jour inhabituel et pénalisant pour le géant marseillais. Descendant plein Nord le long de l’Afrique occidentale, il va contraindre Peyron à un long sprint au Nord Ouest. La route de Brest Brest #brest se rallonge. Gagner la dorsale anticyclonique qui barre l’océan pourra, si l’état de la mer l’autorise, s’effectuer avec de la vitesse Vitesse #speedsailing . La difficulté interviendra plus tard, lorsqu’ Orange, parvenu sous nos latitudes, devra finalement mettre cap à l’Est...

Ils ont dit :

Bruno Peyron : " Je ne sais pas si notre navigation a été parfaite stratégiquement ou météorologiquement, mais je tiens pour certain que l’équipage pluridisciplinaire d’Orange a, depuis 52 jours, fait un boulot remarquable dans la maintenance et la préservation du bateau. L’explication de cette fissure ne sera connue qu’à l’examen radiographique à terre de la pièce. Nous avons seulement constaté que la pompe à graisse sensée lubrifier automatiquement le frottement entre la boule et la coquille de pied de mât ne fonctionne plus depuis 8 jours. Il a fallu toute l’ingéniosité de Ronan le Goff pour la déboucher. Avec le manchon réalisé par Yves (Le Blévec), nous continuons notre course, en choisissant une route plus longue, mais plus confort pour le mât, ce qui ne signifie pas forcément moins rapide, au contraire... "

Yves le Blévec : " En relation avec Yann Pernfornis de chez Multiplast, nous avons imaginé un manchon pour soutenir la boule et parer à une éventuelle défaillance. Il a fallu attendre que le bateau glisse dans l’alizé bien au sec pour construire et positionner ce carcan en pied de mât. "

Denis van den Brink/ Mer & Média

- NOUVEAU TEMPS DE REFERENCE - OUESSANT / EQUATEUR : 53 j 4 h et 49 m ; Avec 5 jours et 9 h d’avance sur record Record #sailingrecord actuel
- Passage de l’équateur : Mercredi 24 avril à 14 heures 25 heure française
- Cap Horn/ Equateur : 11 j 1 h et 57 m


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