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TROPHEE JULES VERNE

Orange repart enfin

lundi 22 avril 2002

Certes, il n’y avait guère d’alternative au long bord à l’Est poursuivi depuis 8 jours par le maxi catamaran Orange. Mais le contournement par l’Est de l’énorme dépression venue d’Argentine et le franchissement avant-hier de la dorsale anticyclonique était un exercice osé dont la réussite résidait autant dans le formidable potentiel de vitesse Vitesse #speedsailing du bateau que dans l’adresse des hommes à dessiner les bonnes trajectoires. A 23 noeuds de moyenne vers l’équateur, Bruno Peyron apprécie aujourd’hui avec modestie la justesse d’un parcours d’Atlantique Sud qui, s’il a rallongé la route vers Ouessant de 23%, a aussi préservé le matériel et " posé " le Géant sur la route des alizés, véritable boulevard vers la prochaine grande difficulté de ce Trophée Jules Verne, le pot au noir.

" Nous touchons les dividendes de notre long investissement à l’Est. " Le ton est clair et précis, comme au premier jour. Bruno Peyron plaisante avec son navigateur, Gilles Chiorri, en racontant la clémence d’un alizé bien établi, en force et en direction, et la glisse sans heurt du grand catamaran sur une mer plate et bleu azur. " Depuis notre virage à gauche hier, nous marchons à belle allure, près de 30 noeuds cette nuit, sous grand voile haute et solent, tribord amure, avec un excellent angle de vent " décrit le skipper d’Orange. " Nous sommes au bon endroit, au bon moment avec le bon vent et la bonne mer " sourit-il. " Nos satisfactions sont multiples : en évitant le gros de la dépression au près, nous avons préservé le bateau. Avec une bonne vitesse Vitesse #speedsailing , nous avons aussi maintenu notre progression en latitude dans des proportions similaires aux " sister-ships " de The Race qui, l’an dernier, louvoyaient à petite vitesse Vitesse #speedsailing le long des côtes brésiliennes. " En attaquant le pot au noir par l’Est, Peyron et ses hommes se donnent également le choix du passage, plus ou moins Ouest ou plus ou moins Est, dans l’hémisphère nord. " La porte d’entrée semble se situer entre 22 degrés de longitude Ouest et 23 " précise Chiorri. Avec une foulée de nouveau rallongée et plus de 500 milles couverts par 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , Orange entrera dans les calmes de la fameuse zone de convergence intertropicale mercredi 24 en milieu de journée. Par le travers de Salvador de Bahia, les hommes de Peyron retrouvent des conditions de vie clémentes et des latitudes plus fréquemment empruntées par les navigateurs français. " La parole est plus que jamais aux barreurs " souligne Peyron. " Le solent nous aide à fabriquer du vent apparent. Il faut alors barrer finement pour conserver la vitesse. " Le franchissement du pot au noir s’annonce sans difficulté majeure, dans du vent faible orienté à l’Est. Orange ne commencera à ralentir que demain en fin de soirée. Le vent passera alors doucement sur l’arrière du bateau et c’est grand gennaker déployé qu’Orange s’engagera dans le pot au noir à la recherche de nouveaux alizés, ceux de l’hémisphère nord.

Ils ont dit :

Bruno Peyron : " Dès le passage du Horn, il nous a fallu voir à long terme, car devant nous, la situation était sans espoir. Faire route directe, c’est à dire la route communément empruntée par les navigateurs le long de l’Amérique du Sud, c’était prendre de gros risques pour le bateau, sans certitude de gains conséquents sur notre tableau de marche. Nous sommes heureux d’être entrés sans casse dans l’alizé qui nous permet de nous concentrer déjàsur le passage de l’équateur. Le bateau est bien sec, très sain et en bon état. Les températures restent clémentes et les poissons volants sont de retour... "

Gilles Chiorri : " De mon passage dans la marine Marine Marine nationale marchande, j’ai gardé une vive curiosité pour les marins au long cours. Nous avons croisé hier un cargo chinois qui effectuait la liaison Argentine-Namibie et j’ai eu plaisir à converser à la VHF avec le capitaine. L’Atlantique Nord sera sûrement plus fréquenté. Nous avons d’ores et déjà rallumé notre flash strobo en tête de mât, en lieu et place des feux situés sur les coques qui la nuit ont tendance à gêner le barreur. Ce Trophée Jules Verne est passionnant. J’en tire énormément d’enseignements, sur le plan météo bien sûr, mais aussi sur le plan sportif et humain. "

Denis van den Brink / Mer & Média



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