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34e Coupe de l’America

Les Français d’Aleph partent à la pêche à 50 millions d’Euros

Philippe Ligot : "convaincre des partenaires sur un projet collectif, accessible et populaire"

jeudi 30 septembre 2010Christophe Guigueno

Philippe Ligot, ancien champion du monde de Melges 24, et Bertrand Pacé, barreur et navigateur de classe « America », ont présenté ce matin, au siège de la Fédération Française de Voile, leur projet d’équipe française pour la 34e Coupe de l’America. Ils cherchent d’ici mars prochain, un, ou des, partenaire(s) titre(s) à hauteur de 50 millions d’Euros sur trois ans.

Le Coupe de l’America en multicoque, c’est parait-il, une bonne affaire pour les Français. Même « un atout pour la France » comme le déclare Jean-Pierre Champion, le président de la FFV qui se souvient avoir rêvé d’une Coupe de l’America en multicoque à l’époque où il assistait aux grand prix de la défunte classe ORMA (trimarans de 18 mètres). Le président constate qu’il y a un « savoir faire tant en marins qu’en architectes » du coté de l’hexagone mais la Coupe, c’est avant tout une affaire de finances. Et pour cela, l’équipe d’Aleph [1] s’est lancée pour défi de trouver un partenaire titre, ou plusieurs, à hauteur de 50 millions d’Euros sur trois ans.

Pour Philippe Ligot, le directeur général d’Aleph Team France, « le projet existe depuis un an. On n’imaginait pas alors que l’on aurait une jauge de multicoques qui favorise les Français ». Mais « il faut convaincre des partenaires sur un projet collectif, accessible et populaire ». Lui qui était déjà investi dans la Coupe de l’America à l’époque du French Miss de Marc Pajot en a profité pour rappeler la belle opération qu’était ce défi en 12MJI pour son partenaire de l’époque. « On avait un budget officiel de 83 millions de Francs mais on disposait plutôt de 60. Pourtant, un mois après la présentation officielle du bateau, les retombées estimées pour le sponsor (ndr SSS les clefs minutes Kis) étaient évaluées à 86 millions d’Euros. » Cela pour rappeler qu’un investissement en sponsoring Sponsoring #Sponsoring rapporte en général trois fois plus que ce qui est mis sur la table des équipes sportives. Avis aux amateurs.

L’équipe sportive, menée par Pacé (lire ci-dessous), aura d’ailleurs besoin d’argent pour rivaliser avec les Kiwi ou les Américains qui disposent déjà de sponsors titres. « 40 à 45 % du budget correspond à la masse salariale » ajoute Ligot sachant qu’ils ont conservé 20% des espaces sur le bateau pour les partenaires techniques. « Ce qui fait un budget global de 55 millions d’Euros pour une campagne à deux bateaux ». Deux bateaux car la prochaine Coupe sera divisée en deux séries avec, dès 2011, un championnat en AC45 AC45 #AC45 avant l’arrivée des AC72 AC72 #AC72 (lire ici) l’année suivante. Mais les Américains ont eu l’intelligence de créer des circuits annuels, ce qui devrait permettre d’offrir aux sponsors des retombées annualisées. Revers de la médaille, en particulier pour Aleph, c’est au plus vite qu’il faut la majorité des fonds afin de concevoir et faire construire un AC45 AC45 #AC45 et le futur 72 pieds pour la 34e Cup, sans oublier leurs ailes, et les nombreux éléments de rechange à prévoir en cas de casse.

Le timing est assez serré car il faudra être présent l’année prochaine sur le circuit des 45 pieds. L’équipe d’Aleph en a d’ailleurs conscience et ils se donnent jusqu’en mars prochain pour trouver le ou les partenaires titres à qui donner le nom du défi. Reste donc à trouver des entreprises françaises motivées par un tel défi international et aptes à mettre 10 à 50 millions d’Euros sur la table. Les hommes d’Aleph ont aussi insisté sur le fait que leur défi devait être populaire, une condition pas toujours proche de la voile et de la Coupe de l’America en particulier. Dans cette optique, ils se sont rapprochés de la Fédération Française de Voile qui, pour une fois, n’a pas alloué son titre d’Equipe de France à la légère mais offert son soutien. « On n’a pas donné le label d’équipe de France, mais on se base sur l’équipe de France de match-racing match-racing #MatchRacing  » s’est défendu Jean-Pierre Champion. Un intérêt à ce rapprochement quand même puisqu’un partenaire d’Aleph pourrait être le remplaçant d’Orange en tant que partenaire des Ecoles de Voile Françaises.

Orange qui n’est plus impliqué dans la course au large pourrait d’ailleurs être une cible privilégiée des chasseurs de sponsors de cette « équipe française ». Rebondissant sur le côté populaire mis en avant par Philippe Ligot, la journaliste de l’Equipe présente à la conférence de presse a émis l’idée d’aller voir les sponsors déçus de l’équipe de France de football. Imaginez un catamaran de 21 mètres avec une aile géante voler sous les couleurs de Carrefour lors d’une Louis Vuitton Trophy et faire du match racing face à un autre catamaran, italien, sponsorisé par Prada ? Pourquoi pas…

Christophe Guigueno


Pacé prépare son équipe dans un timing serré

Côté sportif, Bertrand Pacé peut donc se baser sur l’équipe de France de match-racing et il ne devrait pas tarder à recevoir les CV de nombreux marins ou régatiers spécialistes du multicoque. Côté bateau, il avoue avoir « lancé début juillet une étude auprès d’un cabinet français » dont il a tu le nom. Si l’on pense forcément à Van Peteghem et Lauriot-Prévost, les architectes du trimaran vainqueur de la 33e Cup et à leur éventuelle exclusivité avec BMW Oracle Racing, Pacé a rappelé qu’un design team était bien différent d’un cabinet d’architecture navale. Donc une partie d’un cabinet peut-être intégrée ou travailler pour un autre design team… Si tout le monde est au diapason pour dire que la France est le pays du multicoque, reste que le nombre d’architectes capable de concevoir un catamaran de 21 mètres équipé d’une aile ne sont pas si légion. Outre VPLP, il peut y avoir Guillaume Verdier (l’architecte d’Actual), Yves Loday (le concepteur des Extreme 40) ou Benoît Cabaret, l’associé de l’Anglais Nigel Irens (Idec, Sodeb’O, Oman Air). Faudra donc faire vite pour signer des accords.

Bertrand Pacé avoue que ce « timing va être serré ». Il faut « lancer la construction en mai - juin ». Et, si lui dispose d’une culture de match-racing, il va devoir aller chercher d’autres compétences. « Il faudra réunir des compétences en aérodynamique pour la conception des ailes ; en calcul de structure pour rendre l’aile opérationnelle et concevoir un bateau de 22 mètres pour 5,6 tonnes ; et en hydrodynamique pour concevoir les safrans, foils et tout ce qui est immergé… » De même, pour l’équipe sportive. « J’ai deux compétences, il m’en manque une », à savoir celle du multicoque. Cela fait donc beaucoup de travail et de compétences à réunir pour l’équipe d’Aleph et ce, en peu de temps. Car si les Français sont sans doute avantagés pour l’expérience du multicoque, le temps et les finances sont encore loin d’être de leur côté.

- Plus d’info sur le défi sur http://aleph-sailing.com


[1Aleph : Alpha, première lettre de l’alphabet hébreu, lire les histoires d’A de l’America



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