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Trophée Jules Verne

Un tour du monde en moins de 49 jours au jour le jour

Retour sur le parcours de Franck Cammas et son équipage en 48 jours 7h44

dimanche 21 mars 2010Redaction SSS [Source RP]

Franck Cammas et ses neuf équipiers sont donc les septièmes détenteurs du Trophée Jules Verne inauguré en 1993 ! Mais le tour du monde effectué par Groupama 3 en 48 jours 7 heures 44 minutes fut très particulier car sa progression s’est faite par à-coups et n’a pris corps qu’après avoir repassé l’équateur, à 2 500 milles de l’arrivée !

La fenêtre de tir météorologique n’était pas la plus propice pour s’élancer sur le Trophée Jules Verne, mais le skipper Franck Cammas, le navigateur Stan Honey et le routeur à terre Sylvain Mondon décidaient tout de même de partir car l’hiver était déjà bien installé sur la Bretagne. Après sa deuxième tentative, avortée de novembre 2009, et un retour à Lorient Lorient L’actualité du port de Lorient et de sa région. pour renforcer la structure de Groupama 3, le temps du stand-by arrivait à son terme : une ouverture, même étroite, incitait donc à tenter le record Record #sailingrecord … Le golfe de Gascogne était paisible, voire trop, et il fallait d’abord passer correctement le cap Finisterre pour persévérer ou jeter l’éponge.

Équateur : 1j 07h 49’ d’avance

Cette première « marque de parcours » était en effet délicate à négocier : le vent de Nord-Ouest modéré au départ de Ouessant le 31 janvier à 13h 55’ 53’’ TU se renforçait dans la nuit pour mollir à l’approche des côtes espagnoles. Car le vent bascule à l’Est avec l’arrivée d’une bulle sans vent… Groupama 3 arrive à passer avant les calmes et touche les alizés portugais pour fêter les cinquante ans de Lionel Lemonchois au large de Madère ! Le train est en marche et ne fait qu’accélérer après un empannage à l’Ouest des Canaries, mais un nouveau piège est à négocier avant l’archipel du Cap-Vert : un centre dépressionnaire oblige à réaliser plusieurs empannages. Une fois passé, la descente vers l’équateur est très rapide dans des alizés modérés de secteur Nord-Est et après un Pot au Noir peu actif sur le 2° Nord. 5j 19h 07’ : c’est le deuxième meilleur temps au passage de la ligne de changement d’hémisphère…

Cap des Aiguilles : 7h 30’ de retard

Les alizés de Sud-Est sont bien là au large du Brésil et Groupama 3 choisit une trajectoire plutôt proche des côtes pour éviter l’anticyclone de Sainte-Hélène. La situation devient plus complexe quand Franck Cammas et ses hommes doivent patienter, à partir de la latitude de Rio de Janeiro, la bascule d’un vent qui faiblit de plus en plus… Après onze jours de mer, toute l’avance sur le temps de référence a fondu ! Le trimaran géant attend en fait l’arrivée d’une dépression brésilienne pour repartir à fond, mais la brise ne s’installe vraiment qu’une fois les Quarantièmes Rugissants atteints. Le retour est extrêmement rapide à plus de trente nœuds de moyenne pendant deux jours, jusqu’à ce que Groupama 3 bute sur un front qui stoppe son élan. 14j 15h 48’ : le passage de la longitude du cap des Aiguilles annonce deux jours difficiles avant d’attraper la dépression suivante…

Sud Tasmanie : 9h 56’ d’avance

Alors que Bruno Peyron et son équipage avaient dû multiplier les empannages dans l’océan Indien, Franck Cammas et ses hommes longent la face australe d’un gros anticyclone pendant plusieurs jours. Les moyennes sont hallucinantes et malgré une trajectoire très septentrionale sur le 45° Sud, Groupama 3 revient sur le temps de référence comme une balle : en cinq jours, il récupère plus de 550 milles et repasse devant Orange 2 à l’entrée de l’océan Pacifique. 23j 09h 27’ : le passage au Sud de la Tasmanie prépare encore des jours heureux (mais humides)…

Cap Horn : 8h 55’ d’avance

L’équipage de Groupama 3 peut distinguer la première terre depuis son départ de Ouessant 25 jours plus tôt : il rase l’île d’Auckland et peut plonger dans le Grand Sud. La trajectoire est très favorable jusqu’au 55° Sud et les vents portants sont au rendez-vous. Mais l’arrivée d’une très méchante dépression australienne change la donne : il faut modifier la stratégie et remonter sur le 50° Sud, puis sur le 47° Sud pour éviter le plus gros du coup de vent et surtout une mer forte et mal organisée. Le trimaran géant a beau foncer à plus de trente nœuds de moyenne, le rallongement de la route réduit l’avantage (qui avait atteint plus de 500 milles), à 200 milles quand Franck Cammas et ses hommes peuvent enfin plonger vers le cap Dur. Dans le détroit de Drake, la brise portante s’étiole, le vent bascule même au Nord-Est, imposant de virer de bord pour apercevoir le feu de ce bout du monde. 32j 04h 34’ : le multicoque n’a pas beaucoup de marge, mais l’équipage peut discuter avec les gardiens du phare du cap Horn…

Équateur : 1j 02h 04’ de retard

Difficile remontée de l’Atlantique Sud ! Tout commence par du près alors que Bruno Peyron et son équipage avaient bénéficié de vents portants jusqu’au Brésil en 2005. Puis les fronts orageux font basculer la brise au secteur Nord, pile dans l’axe de la route : avec du louvoyage dans un couloir étroit entre deux bulles sans vent, Groupama 3 s’en sort plutôt bien car il a été conçu pour ces conditions de petit temps variable, mais c’est tout de même la grande hémorragie ! Plus de 500 milles de retard alors qu’il y a encore 4 000 milles à courir… 12% d’écart pour les 17% du parcours restant autour du monde. La sanction est sévère au passage de la ligne de démarcation : 41j 21h 09’ pour franchir une deuxième fois l’équateur…

Ouessant : 2 jours 8 heures et 35 minutes d’avance

L’Atlantique Nord se présente heureusement plus favorablement. Comme lors de sa descente un mois plus tôt, Groupama 3 touche de bons alizés, puis arrive à éviter de s’enferrer dans une dorsale anticyclonique au large de l’archipel du Cap-Vert, enfin peut obliquer vers le golfe de Gascogne dès la latitude des Canaries. Bruno Peyron et son équipage n’avaient pas fait un score sur cette tranche de parcours cinq ans plus tôt, mais tout de même ! Ce n’est qu’au 46e jour de mer que Franck Cammas et ses neuf équipiers repassent devant le temps de référence… Les trois jours suivant sont rapides dans un flux perturbé et le trimaran géant ne fait qu’augmenter son avance jusqu’à Ouessant, écart qui atteint au passage de la ligne d’arrivée plus de 1400 milles.

Tour à tour

Au final, Groupama 3 aura effectué son tour du monde avec 22 jours en retard sur le temps de référence et 26 jours en avance sur Orange 2. Mais cette répartition n’est pas homogène puisque l’écart a joué au yo-yo pendant tout le Trophée Jules Verne, avec des pics et des creux : sur la base des pointages de 14h TU (correspondant au top départ de Ouessant le 31 janvier 2010), le trimaran géant avait 94 milles de retard le premier jour, 620 milles d’avance le 6e jour, 433 milles de retard le 18e jour, 560 milles d’avance le 27e jour, 492 milles de retard le 41e jour, pour finir avec plus de 1400 milles d’avance lors de son arrivée à Ouessant !

Cette progression par à-coups est la première de tous les précédents Trophée Jules Verne victorieux car chacun des multicoques en chasse après la première tentative réussie de Bruno Peyron et son équipage en 1993, avait toujours été en avance jusqu’à l’arrivée, dès le cap de Bonne-Espérance, voire au cap Leeuwin, à l’exception d’Olivier de Kersauson en 2004 qui avait dû patienter jusqu’à l’antiméridien… Le record Record #sailingrecord établi par Groupama 3 ce 21 mars 2010 améliore donc de 4% le précédent temps de référence ! Mais en cumulant les meilleurs temps réalisés lors des dernières tentatives sur les sept tranches de ce parcours de 24 375 milles (dont Groupama 3 détient cinq temps référence !), le bilan atteint 45 jours. Mais c’est une autre histoire Histoire #histoire  : Franck Cammas et ses hommes n’ont pas prévu de deuxième tour…

Info presse Welcome Onboard / www.cammas-groupama.com


Le Trophée Jules Verne

- 1993 : Commodore Explorer (FRA), catamaran 25m (Bruno Peyron) = 79j 06h 16’
- 1994 : Enza New Zealand (NZL), catamaran 26m (Peter Blake & Robin Knox-Johnston) = 74j 22h 17’
- 1997 : Sport Elec (FRA), trimaran 27m (Olivier de Kersauson) = 71j 14h 22’
- 2002 : Orange (FRA), catamaran 33m (Bruno Peyron) = 64j 08h 37’
- 2004 : Geronimo (FRA), trimaran 34m (Olivier de Kersauson) = 63j 13h 59’
- 2005 : Orange 2 (FRA), catamaran 37m (Bruno Peyron) = 50j 16h 20’
- 2010 : Groupama 3 (FRA), trimaran de 32m (Franck Cammas) = 48j 7 h 44’ et 52 »

Tableau de marche de Groupama 3

départ le 31 janvier à 13h 55’ 53’’ TU
- Jour 1 (1er février 14h TU) : 500 milles (retard = 94 milles)
- Jour 2 (2 février 14h TU) : 560 milles (avance = 3,5 milles)
- Jour 3 (3 février 14h TU) : 535 milles (avance = 170 milles)
- Jour 4 (4 février 14h TU) : 565 milles (avance = 245 milles)
- Jour 5 (5 février 14h TU) : 656 milles (avance = 562 milles)
- Jour 6 (6 février 14hTU) : 456 milles (avance = 620 milles)
- Jour 7 (7 février 14h TU) : 430 milles (avance = 539 milles)
- Jour 8 (8 février 14h TU) : 305 milles (avance = 456 milles)
- Jour 9 (9 février 14h TU) : 436 milles (avance = 393 milles)
- Jour 10 (10 février 14h TU) : 355 milles (avance = 272 milles)
- Jour 11 (11 février 14h TU) : 267 milles (retard = 30 milles)
- Jour 12 (12 février 14h TU) : 274 milles (retard = 385 milles)
- Jour 13 (13 février 14h TU) : 719 milles (retard = 347 milles)
- Jour 14 (14 février 14h TU) : 680 milles (retard = 288 milles)
- Jour 15 (15 février 14h TU) : 651 milles (retard = 203 milles)
- Jour 16 (16 février 14h TU) : 322 milles (retard = 375 milles)
- Jour 17 (17 février 14h TU) : 425 milles (retard = 338 milles)
- Jour 18 (18 février 14h TU) : 362 milles (retard = 433 milles)
- Jour 19 (19 février 14h TU) : 726 milles (retard = 234 milles)
- Jour 20 (20 février 14h TU) : 672 milles (retard = 211 milles)
- Jour 21 (21 février 14h TU) : 584 milles (retard = 124 milles)
- Jour 22 (22 février 14h TU) : 607 milles (retard = 137 milles)
- Jour 23 (23 février 14h TU) : 702 milles (avance = 52 milles)
- Jour 24 (24 février 14h TU) : 638 milles (avance = 208 milles)
- Jour 25 (25 février 14h TU) : 713 milles (avance = 370 milles)
- Jour 26 (26 février 14h TU) : 687 milles (avance = 430 milles)
- Jour 27 (27 février 14h TU) : 797 milles (avance = 560 milles)
- Jour 28 (28 février 14h TU) : 560 milles (avance = 517 milles)
- Jour 29 (01 mars 14h TU) : 434 milles (avance = 268 milles)
- Jour 30 (02 mars 14h TU) : 575 milles (avance = 184 milles)
- Jour 31 (03 mars 14h TU) : 617 milles (avance = 291 milles)
- Jour 32 (04 mars 14h TU) : 492 milles (avance = 248 milles)
- Jour 33 (05 mars 14h TU) : 445 milles (avance = 150 milles)
- Jour 34 (06 mars 14h TU) : 464 milles (avance = 62 milles)
- Jour 35 (07 mars 14h TU) : 389 milles (retard = 91 milles)
- Jour 36 (08 mars 14h TU) : 317 milles (retard = 326 milles)
- Jour 37 (09 mars 14h TU) : 506 milles (retard = 331 milles)
- Jour 38 (10 mars 14h TU) : 321 milles (retard = 384 milles)
- Jour 39 (11 mars 14h TU) : 255 milles (retard = 309 milles)
- Jour 40 (12 mars 14h TU) : 288 milles (retard = 473 milles)
- Jour 41 (13 mars 14h TU) : 496 milles (retard = 492 milles)
- Jour 42 (14 mars 14h TU) : 445 milles (retard = 405 milles)
- Jour 43 (15 mars 14h TU) : 482 milles (retard = 216 milles)
- Jour 44 (16 mars 14h TU) : 401 milles (avance = 72 milles)
- Jour 45 (17 mars 14h TU) : 441 milles (avance = 412 milles)
- Jour 46 (18 mars 14h TU) : 583 milles (avance = 844 milles)
- Jour 47 (19 mars 12h TU) : 588 milles (avance = 1 165 milles)
- Jour 48 (20 mars 14h TU) : 650 milles (avance = + de 1400 milles)


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