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Transat BPE

Eric Drouglazet : "je vais rentrer seul à l’ancienne"

"deux à trois milles litres d’eau qui se sont engouffrés dans le bateau"

samedi 11 avril 2009Redaction SSS [Source RP]

Eric Drouglazet, le skipper du Figaro Luisina, a abandonné la Transat BPE. Et c’est un "Droug abattu, décomposé, vidé, les tripes en vrilles" qui répond aux questions de son attachée de presse, Sophie Grimaud. Déception.

« C’était chaud j’ai pensé à mes gosses, j’ai failli passer à la baille. J’étais sous spi, 45 nœuds et le bateau à 20 nœuds, y avait baston. J’ai vu un grain arriver. J’ai senti qu’un truc se passait, j’ai voulu abattre mon spi lourd, il a fallu que j’affale, le bateau s’est enfourné sous une grosse vague. J’ai ouvert le capot, le bateau s’est enfoncé, l’eau est rentrée, le bateau a sanci »

Sanci c’est quoi ?

« Sanci c’est comme ça qu’on dit. Sanci, c’est rentrer dans l’eau comme quand on plonge. Le bateau était à 30° sous l’eau. Les deux safrans étaient hors de l’eau, j’ai été expulsé à l’arrière du bateau. J’ai été éjecté dans la filière arrière qui n’a pas cassé. Le spi était gonflé sous l’eau. Ça a chargé le bateau, le spi a explosé sous l’eau. Le bateau est ressorti de l’eau. J’ai ramassé le spi, vidé pendant une heure l’eau du bateau. Y a deux à trois milles litres d’eau qui se sont engouffrés dans le bateau. Ensuite, j’ai tout regardé. Aucun des pilotes ne fonctionnait plus, le 2e pilote est naze, la prise extérieure a tété noyée. J’ai tout tenté. J’ai démonté les cartes électriques, que j’ai séchées avec du PQ, et après avec la flamme du briquet. J’ai bidouillé, ca a remarché un moment. J’étais rassuré et replongeais dans la course. Puis ça a replanté. J’ai appelé les informaticiens longuement, tout est mort. Là, je sais même pas où je suis

Mon abandon, c’est terrible, c’est ce qu’il y a de plus dur comme décision à prendre. C’est une décision mûrement réfléchie, j’ai tout tenté. »

Cela t’est arrivé quand ?

« Euh... on est quel jour aujourd’hui, je sais même plus… »

Vendredi, à la vacation aujourd’hui tu as demandé à parler en privé en privé à Jean Maurel « Ah oui, cela m’est arrivé, il y a 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures . J’ai réussi à re-bidouiller, mais tout s’est redétraqué. J’avais remis direction nord. Ça fait 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , tout qui est parti en couilles. Il faut que je remette de l’ordre dans le barda. Je vais naviguer à l’ancienne, je ne sais pas trop comment faire pour ramener le bateau mais je vais y arriver. Je vais mettre le cap sur la Bretagne et rentrer. Là je ne sais même pas où je suis. Mais je vais y arriver. Je vais pouvoir dormir avec la barre amarrée ce qu’on n’a pas le droit de faire en course. J’ai plus de pilotes, plus d’électronique à bord, que dalle. C’est la fin d’une belle échéance parce que cette course est en solitaire … J’étais à fond dans mon option… Celle de Chabagny je n’y crois pas ».

Là, boucan d’enfer dans l’irridium … Droug c’est quoi ?

« Ce sont les alarmes tu les entends ? »

Oui…

« Elles se déclenchent toutes seules, j’ai les alarmes qui se mettent à gueuler. Silence un moment. J’étais parti le plus au sud, j’étais parti pour une belle histoire Histoire #histoire , j’ai la scoumoune, je me sens comme un Bidochon. J’ai les boules. Je suis déçu pour tous ceux qui croyaient en moi... .La coque du bateau est nickel, pas éventrée. j’ai pas de voile de déchirée en dehors du spi, putain c’est tout l’électronique qui est mort, naze, rien de rien qui fonctionne, ce n’est pas réparable à bord. »

Pardon pour cette question débile, comment te sens-tu ?

« Cela fait des heures que j’ai la gerbe, abandonner. J’ai failli y passer, j’ai pensé à mes gosses. Après avoir réparé, j’étais heureux de me remettre dans la course à fond. Et quand tout a replanté, que rien n’était possible au téléphone avec les techniciens… J’ai cogité, ne pas abandonner, j’ai mûrement réfléchi. J’ai appelé Annie ma boss (PDG de LUISINA) et lui ait dit. J’ai eu peur de perdre mon sponsor. Elle a réagi top. J’ai appelé Jean Maurel pour déclarer mon abandon. Toute l’équipe va être super déçue. Annie a eu une super réaction « Droug tu es en vie, sain et sauf. Tu as une femme et deux enfants. Ce qui aurait été terrible c’est de retrouver le bateau LUISINA sans toi à bord. Ce n’est qu’une course et des courses il y en aura d’autres ».

Je me rassure aussi en me disant que je n’ai pas le cancer, que je ne suis pas tombé dans l’eau.

J’ai la scoumoune, cela ne m’est jamais arrivé. Là, tout part en vrille depuis quelque temps. C’est merde sur merde. J’ai les boules. Mais la roue va tourner. J’ai plus de position, je sais même pas où je suis. Putain, je sais même pas où je suis. Mais je suis en sécurité, pas de soucis, je vais rentrer seul à l’ancienne. Heureusement que j’ai la possibilité de barre amarrée .... faut que je m’active pour savoir où je suis et rentrer. »



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