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Volvo Ocean Race

Où sont les femmes de la Volvo 2008/2009 ?

Christine Salen : le VO 70 est trop puissant"

mardi 13 janvier 2009Information Volvo Ocean Race

Pour la première fois dans l’histoire Histoire #histoire de la Whitbread/Volvo Ocean Race, aucune femme ne participe à la course. A la différence des séries olympiques, du Vendée Globe et d’autres circuits de haut niveau comme de celui des TP 52 TP 52 #TP52 , les « embarqués » de la Volvo Ocean Race 2008-2009 sont tous des hommes, bâtis pour la plupart comme des armoires à glace.

Pour la communauté de navigatrices professionnelles, la situation est préoccupante car elle reflète de nombreuses opportunités manquées au plus haut niveau et soulève des questions concernant l’avenir de leurs carrières même si le nombre de postes dit ‘de support’ n’a jamais été aussi important.

La gente féminine a pourtant joué un rôle majeur dans le succès puis l’évolution de cette course autour du monde, et ce dès sa première édition en 1973. De Paquita, l’épouse de Ramon Carlin, qui servait des cocktails à l’équipage vainqueur, Sayula II, jusqu’à très récemment, où les femmes ont gagné le respect de la communauté sportive mondiale en occupant des postes de skipper, de chef de quart, tacticienne ou barreuses.

Pour beaucoup, cette course a bouleversé leurs vies et leurs carrières. Au total, 109 femmes ont participé à la Volvo Ocean Race, ou Whitbread Round the World Race comme elle était auparavant nommée.

La plupart de ces navigatrices ont fait partie d’équipages exclusivement féminins, menés par des femmes skippers comme Tracy Edwards sur Maiden (la pionnière), Dawn Riley sur Heineken en 1993, Christine Guillou (Salen) sur EF Education en 1997 et Lisa McDonald sur Amer Sports Too en 2001.

D’autres marins au féminin ont couru en équipage mixte ; de 1973, où l’on comptait 10 femmes sur 7 bateaux différents jusqu’à l’avant-dernière édition de 2005-06, avec Adrienne Cahalan comme tacticienne de Brasil 1, lors de la première étape. Cas unique, la Britannique Clare Francis menait un équipage exclusivement masculin en 77-78.

Depuis les femmes brillent par leur absence sur cette course.

- Knut Frostad, le PDG de la Volvo Ocean Race : "Il suffirait pourtant qu’une femme décide de mener une campagne mais c’est vrai qu’elles sont rares à avoir l’expérience sportive pour le faire. Désormais l’argument « féminin » n’est plus suffisant pour lever des fonds, il faut être compétitif ; mais je ne vois aucune raison pour que les femmes ne le soient pas. Si ce n’est peut-être dans la difficulté de trouver des équipières de très haut niveau quand on sait que le recrutement masculin est déjà difficile malgré un plus grand réservoir potentiel. Mais nous serions vraiment très intéressés d’aider des femmes à entrer dans la prochaine édition. Cela serait vraiment formidable si des marins comme Ellen Mac Arthur ou Samantha Davis décidaient de se lancer dans cette aventure Aventure . »

Pour Christine Guillou Salen, skipper de l’équipage féminin d’EF Education lors de l’édition de 1993-94, le choix du Volvo Open 70 depuis 2004, comme bateau exclusif de la course est la principale raison expliquant la disparition des femmes sur cette course. Le VO 70, plus sophistiqué et plus puissant (2 mètres plus long pour 1 000 kg de moins, avec 60% de surface de voile en plus, vent arrière) que l’ancien VOR 60 a de fait sorti les femmes du débat, explique Christine, mariée à Johan Salen, le Racing Manager du Team Ericsson.

- Christine Salen : "Le principal changement vient du bateau" dit-elle. "Le VOR 60 était le maximum qu’un équipage féminin pouvait mener mais le VO 70 est trop puissant. La force est une capacité tellement essentielle pour faire avancer et maintenir le rythme de ces machines. Lorsqu’on sait qu’une seule voile peut peser jusqu’à 100kg – voire plus si elle est mouillée. Matosser, ce qui a dû être fait au moins 3 fois par heure sur l’étape Cochin-Singapour, devient l’un des efforts sportifs professionnels les plus physiques. Même la femme la plus forte du monde ne le serait pas assez et nous aurions besoin d’être au moins 30 pour être au même niveau que les hommes."

Ces déclarations font écho de celles de Lisa McDonald, qui avait tenté de créer un équipage mixte lors de l’édition précédente avec son mari Neal, après avoir skippé Amer Sports Too en 2001.

- Lisa McDonald : "Ces bateaux sont comme des animaux sauvages. Ils sont furieux et très puissants. Donc, jusqu’à ce qu’une nouvelle version soit créée, il sera difficile d’imaginer des navigatrices compétitives à bord. Cependant, avec un budget important et beaucoup de préparation, je pense qu’il y a suffisamment de régatières olympiques, de femmes marins navigant sur des Open 60 ou sur des class America qui pourraient être intéressées. Il est décevant de voir qu’aucune femme ne participe à cette édition, parce que cela signifie maintenant que deux éditions se sont écoulées sans elles et qu’elles ont manqué l’opportunité de développer leur expérience sur ce type de machine. Donc, même s’il y avait des navigatrices tentées par la prochaine édition, la session de rattrapage serait longue. On dit qu’un équipage féminin ne constituerait pas une nouveauté en soi, mais à chaque escale où je suis allée lors de cette édition 2008-2009 et lors de la précédente, les gens demandent pourquoi il n’y a pas de femme en course. Je pense donc que l’intérêt est toujours là. »

Christine Salen acquiesce, mais il semble que monter un équipage féminin relève plus du commercial et du marketing que de la compétition sportive.

"Avec EF Education nous avons eu une couverture médiatique plus importante que celle des hommes à bord de EF Language qui ont pourtant gagné la course ! Mais beaucoup de femmes douées et dotées d’expérience ne veulent plus participer à la course dans un équipage féminin, parce qu’elles ont l’impression d’être rassemblées à des fins médiatiques. Les meilleures veulent naviguer sur des bateaux compétitifs avec de réelles chances de victoire. Je connais beaucoup de femmes qui refuseraient de participer à la course parce qu’elles ne voudraient pas être impliquées dans une campagne entièrement féminine. Peut-être que la solution serait de faire venir les Open 60 dans la Volvo Ocean Race et de réduire les équipages à 5 ou 6 marins. Cela encouragerait probablement les navigatrices."

Kate Laven - Traduction : Chloé Daycard / www.volvooceanrace.org


Liste des principales navigatrices françaises ayant pris le départ d’une étape de la Volvo Ocean Race/ Whitbread Round the World Race depuis 1973 est disponible en pièce-jointe du communiqué.

- Florence Arthaud -1989-90 Charles Jourdan
- Isabelle Autissier -1997-98 EF Education
- Christine Briand -1997-98 EF Education et 2001-02 Amer Sports Too
- Patricia Colmant – 1977-78 - Traité de Rome
- Sylvie Delinondes Gabbay - 1977-78 33 Export
- Christine Guillou -1997-98 EF Education
- Marie-Claude Kieffer -1993-94 US Women’s Challenge/ Heineken et 1997-98 EF Education
- Michèle Paret -1989-90 Maiden et 1993-94 US Women’s Challenge/Heineken
- Pieta Rens -1973-74 Grand Louis
- Anne Maria Sabatier -1977-78 Japy-Hermès
- Marina Valcke -1989-90 With Integrity
- Sylvie Viant Vanek -1973-74 Grand Louis



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