Sea, Sail & Surf news

Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Vendée Globe • J18

Jérémie Beyou pose pied à terre et abandonne

Delta Dore a rejoint Recife au Brésil • Cinq avaries répertoriées à bord

mercredi 26 novembre 2008Redaction SSS [Source RP]

Jérémie Beyou, skipper de Delta Dore, a signifié son abandon à la Direction de course du Vendée Globe ce mercredi matin, jugeant absolument impossible de réparer son monocoque sans une intervention extérieure importante.

Il le pressentait mais tant que la terre n’était pas en vue et qu’il n’avait pas ausculté le gréement, il voulait espérer et retarder l’échéance d’une des décisions les plus cruelles à prendre dans sa vie de compétiteur : Abandonner la course, son premier tour du monde en solitaire, alors qu’il a toujours son bateau et un mât. C’est donc ce mercredi matin, en arrivant dans le port brésilien de Recife, que Jérémie Beyou a pris cette décision inéluctable, après 16 jours et demi de course.

Maudites barres de flèche. Au 14e jour de course, Jérémie Beyou constate des dégâts importants dans le gréement de son monocoque : une barre de flèche désolidarisée du mât, puis une deuxième. En conséquence, le gréement dormant et le mât sont également endommagés.

Mettre le pied à terre signifie abandonner. Si cela s’était produit près des Sables d’Olonne peu après le départ, les règles de course autorisaient DELTA DORE à revenir au port de départ et à réparer, avec l’assistance de son équipe technique et de nouvelles pièces de ses fournisseurs, à condition de repartir dans les 10 jours suivant le départ. Mais au-delà de ce délai, il est formellement interdit de toucher terre et de d’être assisté. C’est là toute l’essence de cette course unique, course autour du monde en solitaire à la voile, sans escale et sans assistance.

Jérémie ne peut pas réparer comme l’avait fait Yves Parlier en 2000. Dans le Vendée Globe 2000 - 2001, Yves Parlier avait démâté dans les mers du sud et s’était arrêté à l’abri de l’île Stewart, proche de la Nouvelle-Zélande. Il avait pu stratifier et manchonner son mât auto-porté (sans barres de flèche mais avec outriggers) sans assistance extérieure. Dans le cas de DELTA DORE, le mât est fractionné avec trois séries de barres de flèche. Il est conçu différemment avec des pièces en titane cassées, irremplaçables et non usinables à bord. Le gréement dormant tribord (cables en textile qui maintiennent le mât et retiennent plusieurs tonnes d’efforts) est non réparable et est à changer intégralement. DELTA DORE et les nouveaux bateaux sont plus extrêmes, plus techniques qu’il y a 8 ans, avec des contraintes sur le gréement bien supérieures.

Extrait du mail adressé par Jérémie Beyou à l’entreprise DELTA DORE

La mer a fait son travail de sappe sur le gréement déjà bien abîmé du bateau, et le revoir naviguer rapidement et en sécurité m’apparaît à ce jour impossible.

Mais le coup le plus dur a été reçu lorsque j’ai constaté l’avarie il y a 3 jours : devoir me retirer du match dans lequel j’étais si bien installé fût un crève-cœur. Le bateau allait bien, le bonhomme aussi. Je peux vous affirmer que mon bateau était en parfait état, parfaitement préparé, jusqu’à cette "tuile".

Ma déception est immense, et j’imagine que la vôtre l’est aussi. L’accumulation des désillusions dans ce projet est lourde à porter. Je ne peux juste que vous remercier du soutien que vous m’avez apporté. Vous remercier de m’avoir donné l’opportunité de défendre mes chances, nos chances, et de montrer que je suis capable du meilleur, pour peu que les ennuis techniques me laissent le faire. Mais notre projet a de la valeur et une belle image malgré tout, soyez en sûrs !

Remerciez tous les salariés de ma part : ils sont toujours derrière moi. Ils auront du mal à comprendre ce nouvel événement, mais il faut qu’ils sachent que l’on ne commande pas à la mer, et que même si c’est extrêmement frustrant, il faut parfois se rendre à l’évidence : On ne peut jouer avec elle avec un bateau meurtri, même si on le souhaite ardemment.

Il va falloir apprendre à vivre en dehors de cette course mais continuer à supporter mes amis en course. Et puis rebondir vers d’autres courses, en Imoca Imoca #IMOCA 60’ pourquoi pas, vers un prochain Vendée Globe sûrement, parce qu’il faut tout de suite "remonter sur le cheval après une chute" sous peine d’avoir trop peur ensuite !

Merci en tous cas de votre présence au départ (immense moment !), de vos messages de soutien, de toute la volonté que vous avez mis dans ce projet.

Jérémie

Info presse Kaori / www.voile.deltadore.com

- Photo Gilles Martin-Raget / www.martin-raget.com


Cinq avaries répertoriées à bord de DELTA DORE

- Les pièces mécaniques d’ancrage (appelées tang) des barres de flèche 2 et 3 tribord sont cassées. Il n’y a aucune possibilité d’en usiner de nouvelles à bord ni de les réparer. Ce sont des pièces en titane usinées avec précision dans la masse et ajustées à leurs parties femelles sur les barres de flèche.

- Les deux barres de flèche en carbone numéros 2 et 3 tribord sont cassées. Une stratification serait possible à bord mais leur résistance mécanique serait très amoindrie après une réparation de fortune. Cela nécessite de réaliser une expertise avant toute stratification.

- Le gréement dormant périphérique tribord, en fibre textile PBO, est très endommagé par les chocs répétés des barres de flèche : les haubans (verticaux 2 et 3), les diagonaux 3 et 4 sont hors d’utilisation.

- La bastaque tribord est également fortement endommagée (fibre sectionnée).

- Le tube du mât en carbone est lui-même partiellement délaminé par les chocs répétés des barres de flèche.



A la une