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Vendée Globe

Arnaud Boissières : "En course, j’aime la solitude en mer"

"C’est lors de la Mini 99 que je me suis dit que c’était possible de passer en 60 pieds"

dimanche 19 octobre 2008Redaction SSS [Source RP]

Tous les bizuths du Vendée Globe ne sont pas logés à la même enseigne. Car si plus de la moitié des engagés part pour la première fois sur le tour du monde en solitaire et sans escale, plusieurs ont déjà eu un aperçu des Mers du Sud, souvent en équipage à l’occasion de records. Il faut donc chercher un peu plus pour trouver les vrais bizuths, ceux pour qui les trois caps mythiques sont « terra incognita ».

« Cali » était bien à bord de Géronimo en 2005 mais la tentative d’Olivier de Kersauson s’était achevée en raison d’une avarie au large de l’Australie et le grand trimaran était passé par le Canal de Suez pour rallier l’Indien. Pas de Cap de Bonne Espérance donc pour cet ancien étudiant en géographie qui aborde le Vendée Globe dans la peau du découvreur. Pour lui, au Sud de Salvador de Bahia, tout sera nouveau, à commencer par le temps passé en mer puisque ses 17 traversées de l’Atlantique n’ont jamais excédé les trois semaines. Impatient de vivre l’aventure Aventure , il ne cache pas son enthousiasme et quand il évoque ces mers du bas, toujours qualifiées d’hostiles, c’est pour lâcher un candide : « ça va être chouette ».

Bien sûr, il admet que le temps sera peut-être long dans le Pacifique mais en homme qui connait la valeur des choses, il sait qu’un tel périple est trop précieux pour supporter les jérémiades. Car Arnaud a beau être un bizuth, il est loin d’être un bleu. Rien que sur ces deux dernières années, il a parcouru plus de 20 000 milles à bord de son monocoque, soit l’équivalent d’un tour du monde, et le plus souvent en course. Bref, l’Arcachonnais part vers de nouveaux horizons tout en gardant la tête sur les épaules. Affable, il ne compte pas ses mots pour parler de son grand tour. Rencontre avec un skipper qui n’attend qu’une chose : y aller.

A quel moment as-tu commencé à rêver d’un tour du monde ?

- C’est lors de la Mini 99 que je me suis dit que c’était possible de passer en 60 pieds. Nous avons eu de grosses conditions et j’ai démâté lors de la première étape. Malgré ça, je n’ai pas baissé les bras et j’ai réussi à finir mon projet. C’est à ce moment là que j’ai senti que je pouvais le faire. Sur le Bassin d’Arcachon, j’avais eu l’occasion de naviguer à bord d’Aquitaine Innovation, ça me paraissait énorme mais quand tu as ton propre projet, tu te rends compte que c’est accessible car sur un projet mini, il faut savoir tout faire. Cette Mini Transat 99 a été une grosse transition pour moi.

Quand tu penses Vendée Globe, quelles sont les premières images qui te viennent à l’esprit ?

- J’avais suivi la préparation de Titouan Lamazou en 1989. A l’époque, les mecs partaient et on se demandait si ce qu’ils faisaient était possible. J’ai envie de faire le parallèle avec la Transat Anglaise car on se rend compte que tout évolue. Je voyais cette course comme une course dure et finalement, c’est possible.

Est-ce que ça t’inquiète de passer trois mois en mer en solitaire ?

- C’est quelque chose qui travaille forcément mais c’est aussi ce que je cherche. En course, j’aime la solitude en mer, c’est une chance. J’attends ça avec impatience.

Depuis que tu sais que tu va faire un tour du monde, est-ce que ta perception en a changé ?

- Ma perception de la course a changé en même temps que la course elle-même. Au début, en 89, c’était une course de barjots, ce n’est plus le cas. Aujourd’hui ça me parait moins flou et moins inabordable.

Même s’il est tôt pour tirer un bilan, quel regard portes-tu sur les deux premières années qui viennent de s’écouler ?

- Au sujet du bateau, je suis content de son évolution sportive. Nous avons fait pas mal de travail sur le poids et avons réussi à gagner de la puissance en réfléchissant sur les voiles. Il y a également le dossier de l’énergie à bord que nous avons bien travaillé. Nous avons de bons repères car nous savons ce que Sébastien Josse avait emmené avec lui. En matière de nourriture par exemple, je gagne 130 kilos par rapport à ce qu’il avait emmené. A part un petit plat préparé pour le dimanche, je n’emmène que du lyophilisé.

Quelles images attends-tu de voir dans ce Vendée Globe ?

- S’il y a bien un truc à voir, c’est un iceberg mais je ne voudrais pas être trop prêt. J’aimerais aussi croiser un autre concurrent dans les mers du sud. J’ai eu quelques images du Sud avec Geronimo mais pas longtemps. Je me souviens en particulier de ce ciel bas et gris avec des albatros. Tu te demandes ce que tu fais là.

Comment imagines-tu ton arrivée sur le Cap de Bonne Espérance ?

- C’est la porte d’entrée du gros morceaux. C’est la découverte d’un cap extrêmement important, ça va être chouette. J’attends de la grosse houle et un ciel gris et il faut rester prudent car c’est là que Thomas Coville avait tapé un iceberg lors de sa tentative de record Record #sailingrecord de tour du monde. (…) On parle beaucoup de cette zone et on raconte des choses extraordinaires. Je vais pouvoir le voir de mes propres yeux et il n’y a pas eu beaucoup de navigateurs à y être passés. Surtout que là, on n’y va pas pour une journée mais pour plusieurs semaines. Je pense que le bonhomme et le bateau n’en ressortent pas intacts. Il y aura plein de coups à jouer. Le fait qu’il y ait de la longueur et que ce soit difficile augmente la stratégie, et ce, malgré la présence de portes. D’ailleurs, malgré elles rien ne dit qu’on ne verra pas d’icebergs. Ce sont trois semaines intenses avec une part de stress qu’il faudra gérer au mieux.

Et le Cap Horn ?

- Il marque la fin des mers hostiles et c’est souvent mémorable. L’idéal est de le passer de jour, au petit matin pour voir le caillou. Je ne sais pas si je ferais un détour exprès mais j’aimerais bien le voir. Il faut savoir qu’il est arrivé plusieurs fois que des skippers, même parmi les meilleurs, fassent un crochet pour l’apercevoir. C’est le rêve de n’importe quel coureur au large que de passer le Cap Horn en solitaire et en course.

Info presse Agence Effets Mer / www.akenaverandas.com/voile/Pour vous désabonner, cliquez ici



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