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Route de l’Or

Gitana 13 de New York à San Francisco en 43 jours

Lemonchois : "le passage du Cap Horn reste le moment fort de cette traversée"

vendredi 29 février 2008Redaction SSS [Source RP]

Gitana 13 a franchi la ligne d’arrivée de la Route de l’Or, située dans la Baie de San Francisco non loin de la célèbre île d’Alcatraz, à 18h07 (heure française). Après plus de 43 jours 38 minutes de mer, dans lesquels il faut compter les cinq jours et demi de stand by forcé au Cap Horn, Lionel Lemonchois et ses neuf équipiers améliorent le temps de référence détenu depuis 1998 par Yves Parlier et ses hommes de 14 jours 2 heures et 43 minutes. Le maxi-catamaran aux couleurs du Groupe LCF Rothschild aura parcouru les quelques 16 398 milles (distance réellement parcourue sur l’eau) qui séparent New York de San Francisco à la vitesse Vitesse #speedsailing moyenne de 15,88 nœuds et décroche le premier chrono de sa campagne de records 2008.

Partis de New York le 16 janvier dernier, Lionel Lemonchois et son équipage ont rallié San Francisco ce jeudi 28 février peu après le lever du soleil sur le Golden Gate Bridge. Au terme de plus de six semaines de navigation, ils inscrivent leurs noms au palmarès de ce record Record #sailingrecord mythique, imaginé en l’honneur des chercheurs d’Or du XIXe siècle. Le vainqueur de la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum 2006 à la barre de Gitana 11, devenu le « capitaine » du maxi-catamaran, nous livre ses premières impressions.

Interview de Lionel Lemonchois

Vous améliorez le temps de référence détenu par Yves Parlier depuis 1998 de plus de 14 jours. Est-ce comparable, quelles sont vos premières impressions ?
- « C’est évident que le potentiel du bateau de Yves Parlier (monocoque 60 pieds Aquitaine Innovations, ndlr) et celui de Gitana 13 sont sans comparaison. Ce qui est par contre intéressant à comparer ce sont les conditions météo. En 1998, Yves avait - je m’en souviens puisque j’y étais -, bénéficié de conditions plus avantageuses : le cap Horn ne l’avait pas fait patienter pendant cinq jours et la remontée du Pacifique avait été très favorable. Pour ma part, c’est la troisième fois que je fais ce parcours, et j’ai toujours retrouvé la même complexité météorologique. La route est truffée d’embûches et de passages délicats à négocier. Et puis c’est très long ! Ce record Record #sailingrecord demande de gérer parfaitement le bateau : pour ne pas casser, il faut savoir quand aller vite et quand lever le pied. »

Pourquoi avoir choisi de vous attaquer à la Route de l’Or, alors qu’aucun maxi-multicoque ne s’y était attaqué à ce jour ?
- « C’est justement parce qu’aucun maxi-multicoque ne s’y était jamais attaqué que je voulais être le premier à le tenter [1]… J’espère que cela donnera l’idée et l’envie à d’autre de s’y lancer. La Route de l’Or propose, pour moi, l’un des parcours les plus intéressants et il a une véritable légitimité historique. Puis, il s’inscrit parfaitement dans le programme de Tour du Monde en record que nous nous sommes fixés cette année avec le Gitana Team.
- Lors de mes deux participations aux côtés d’Isabelle Autissier, je n’étais que « simple équipier ». Personnellement, repartir sur New York – San Fransisco en tant que skipper d’un catamaran de 33 mètres et de commander un équipage de neuf hommes pendant plusieurs semaines, était aussi pour moi un véritable défi. »

Le Cap Horn s’est montré peu hospitalier avec vous, comment ont été vécus ces cinq jours d’attente par l’équipage ?
- « Rester bloqué devant le Cap Horn était une éventualité que nous avions envisagé avant de partir. Evidement, nous ne pensions pas y rester cinq jours, mais nous avons pris ça comme une fatalité et l’important dans ce genre de trajet est de finir .Il n’était, de toutes façons, pas envisageable de se retrouver au vent de la côte patagonienne avec des vents de 60 noeuds et plus, cela aurait suicidaire. »

Un mot sur le bateau ? Et sur vos neuf hommes d’équipage ?
- « Gitana 13 n’est pas un bateau récent ; il a plusieurs tours du monde à son actif et est passé dans plusieurs mains : Loïck puis Bruno Peyron, Ellen MacArthur. Les nombreuses améliorations apportées par le Gitana Team depuis le rachat du Baron Benjamin de Rothschild en 2006 ont permis d’améliorer ses performances et sa viabilité. Gitana 13 ne nous a vraiment pas déçu.
- Chaque personne présente à bord de Gitana 13 pendant ce record a été choisie pour ses compétences maritimes mais aussi pour ses qualités humaines. Faire cohabiter dix personnes dans un espace restreint pendant plusieurs semaines est un véritable défi en soi. L’ambiance a bord est restée la même du début à la fin et tout le monde a parfaitement rempli son rôle dans une très grande convivialité et un très grand respect de l’autre. Et ce même dans les moments difficiles … Personne n’a songé à se plaindre et tous sont fières d’être à bord de Gitana 13. »

Si vous deviez garder un souvenir particulier de ce record, lequel serait-il ?
- « Il est évident que sur ce genre de parcours, le passage du Cap Horn reste le moment fort de cette traversée. L’arrivée aux abords du « caillou » en fin de journée avec son coté sombre et imposant ne nous a pas laissé indifférent, surtout pour ceux qui venait le défier pour la première fois. Cela reste à chaque fois une grande émotion ! Je remercie le Baron Benjamin de Rothschild de nous avoir fait confiance et de nous avoir laissé la chance de nous attaquer à ce record. »

Quel est votre programme et celui de Gitana 13 pour la suite ?
- « Notre prochain objectif est le record San Francisco – Yokohama (détenu par Geronimo en 14 jours 22 heures 40 minutes), avec un départ prévu d’ici trois à quatre semaines. En attendant, le bateau restera en stand by à San Francisco et nous patienterons afin de profiter de conditions optimales pour ce parcours. Ce sera également l’occasion d’un repos bien mérité pour mes équipiers après plus de six semaines de mer. Tout l’équipage rentre quelques semaines en France, à l’exception d’une personne qui restera ici pour veiller sur Gitana 13. »


Voir en ligne : Info presse LCF / www.gitana-team.com


Les chiffres du record

Nouveau temps de référence établi par Gitana 13 : 43 jours 38 minutes (Temps provisoire en attente d’homologation du WSSRC) Lionel Lemonchois et ses neuf hommes d’équipage améliorent le temps de Yves Parlier de 14 jours 2 heures 43 minutes.

- Départ de New York : Mercredi 16 janvier, à 17h29 (heure française)
- Passage à l’équateur (Côté Atlantique) : Mercredi 23 janvier à 8h24 (heure française),
- Temps de passage - 6 jours 14 heures 52 minutes
- Passage du Cap Horn : Vendredi 8 février à 00h54 (heure française),
- Temps de passage - 22 jours 7 heures 25 minutes
- Passage à l’équateur (Côté Pacifique) : Mardi 19 février à 1h56 (heure française),
- Temps de passage - 26 jours 17 heures 32 minutes

New York - San Francisco, le tableau d’honneur

Le parcours de New York à San Francisco est dénommé la Route du L’Or depuis l’organisation d’une course en équipage en monocoques de 18 mètres en 1998. Yves Parlier avait remporté cette unique édition devant Isabelle Autissier qui embarquait à l’époque un certain Lionel Lemonchois. Depuis 10 ans, ce temps de 57 jours n’avait pas été amélioré.

1 2007 Gitana 13 (catamaran 32m) Lionel Lemonchois & équipage 43 jours, 0 heures, 38 minutes
2 1998 Aquitaine Innovations (monocoque 60 pieds) Yves Parlier, Lalou Roucayrol, Thomas Coville, Hervé Jan 57 jours, 3 heures, 21 minutes, 45 secondes
3 1994 Ecureuil d’Aquitaine 2 (monocoque 60 pieds) Isabelle Autissier, Pascal Boimard, Lionel Lemonchois, Luc Bartissol 62 jours, 5 heures, 55 minutes et 14 secondes
4 1998 Geodis (monocoque 60 pieds) Isabelle Autissier, David Adams, Luc Bartissol, Lionel Lemonchois, Jean Saucet 62 jours 13heures 19 mn
5 1998 PRB (monocoque 60 pieds) Christophe Auguin Stéphane Auguin, Jacques Caraës, Marc Fontaine, Yves Le Bouvier 64 jours 11h 54 mn
6 1993 Great American 2 (trimaran 53 pieds ) Rich Wilson et Bill Biewenga 69 jours 20 heures
7 1853 Northern Light (clipper) 76 jours et 6 heures

[1NDLR : Des multicoques ont déjà tenté ce record. C’est le cas d’Anne Liardet sur le trimaran Finistère Bretagne en 1988 et des deux Américains Rich Wilson et Bill Biewenga sur le trimaran Irens de 16 mètres. CG



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