La championne du monde, Alessandra Sensini, 38 ans, trois fois médaillée aux JO, dont d’or en 2000 et Barbara Kendall, 40 ans, le même nombre de breloques olympiques au compteur dont une d’or qui remonte à… 1992, ont dominé l’épreuve chez les filles en récoltant à elles deux 7 victoires de manches sur 10 courues. C’est un peu moins vrai chez les hommes puisque Tom Ashley n’a que 24 ans mais le nouveau champion du monde n’a cependant rien d’un débutant. Sa progression régulière depuis 2002 l’a notamment vu devenir vice-champion du monde en 2006 et remporter la SOF en 2007.

Plus jeune que l’italienne et la néo-zélandaise, Faustine Merret n’a pas grand-chose à leur envier en termes d’expérience et de palmarès. A quelques centaines de mètres près, elle aurait même pu offrir à ce championnat du monde un podium entièrement olympique en rajoutant sa médaille d’or obtenue à Athènes à celles de Sensini et Kendall. Car à l’entame du slalom final qui ponctue les Medal race en planche à voile, Faustine tenait fermement sa 3^e place. Et ce malgré des conditions musclées qui n’étaient pas jusqu’alors son fort sur RS :X. Hélas, elle se trompait de marque ce qui l’obligeait à remonter au près sur la bouée manquée. L’espagnole Marina Alabau, pas vraiment une débutante elle non plus, en profitait pour lui chiper in extremis la 3^e marche du podium. On imagine la déception de la compétitrice qu’est Faustine.

Le bilan de ce championnat est cependant tout autre puisque la brestoise a pu rivaliser dans la brise et les conditions de planning avec les meilleurs. « Inimaginable il y a quelques mois » s’étonne presque Chaullet. Et réjouissant pour le grand rendez-vous des JO si on veut bien se rappeler de son potentiel affiché dans les conditions de petit temps qui dominent en Chine. Il lui fallait donc monter en gamme dans la brise pour gagner en polyvalence et déjouer ainsi toutes mauvaises surprises. L’objectif est manifestement en passe d’être atteint. Si on ajoute qu’avec Charline Picon, 6^e, et Pauline Perrin, 10^e, partenaires d’entraînement de Faustine, les françaises offrent le meilleur bilan d’ensemble en Medal Race, on en conclura que l’année olympique débute plutôt bien pour les filles.

Plus difficile a été le parcours des garçons même si Samuel Launay, 8^e, et Nicolas Le Gal, 10^e, offrent deux places au camp tricolore en Medal race. Mais la 11^e place de Julien Bontemps, notre sélectionné pour la Chine, est évidemment en deçà du potentiel du Nantais et se ses espérances pour les JO. Julien s’était pourtant préparé sur place depuis plusieurs semaines en décrochant même une belle performance dans une épreuve de préparation. Faute d’avoir eu le temps de faire un bilan avec les planchistes, Pascal Chaullet restait prudent ce matin : « Il y a manifestement du travail à faire pour espérer un podium. Il faut sans doute que Julien « utilise » davantage ses partenaires français qui viennent de montrer leur potentiel en se classant dans la Medal race ».

La qualité d’ensemble des planchistes tricolores est sans nul doute l’un des enseignements les plus positifs de ce championnat quand on sait l’importance de disposer de partenaires d’entraînement de niveau international pour se préparer pour les JO…

Réaction de Pascal Chaullet, entraîneur national

Sur les féminines : « Ce championnat s’est disputé dans des conditions variées mais la Medal race s’est, elle, courue franchement dans la brise avec 20 nœuds de vent. Cela rappelait la Medal Race de la dernière Préolympique en Chine (août 2007) où Faustine avait perdu le podium voir la victoire. Cela a encore été le cas et pourtant avec un tout autre scénario qui est gage de gros espoirs. En effet, avant d’aborder le slalom, Faustine était bien installée sur le podium. Malheureusement elle s’est trompée de marque de parcours et le temps de remonter sur la bonne au près et de se relancer, elle avait perdu le podium. Elle s’en veut un peu mais moi ce que je tire comme enseignement c’est que désormais elle est capable de rivaliser dans la brise avec les meilleures et que cela était inenvisageable il y a quelques mois. Ses progrès en planning sont considérables et mentalement elle est complètement rentrée dans son objectif olympique. Elle est consciente de ses progrès. En outre elle va bénéficier de la qualité des autres françaises et de l’excellent état d’esprit qui règne entre elles. C’est bien sûr vrai avec Charline qui est revenue à son niveau après une fin de saison dernière difficile. La complicité avec Faustine paye et elle est aujourd’hui remotivée. Et malgré sa blessure la performance de Pauline Perrin est intéressante. » Sur la performance des « anciens » : « Une course en grosse flotte est une prime à l’expérience car il faut savoir gérer tactiquement un grand nombre de concurrents. Si en plus on conserve une bonne technicité et des capacités physiques cela paye ».

Sur les garçons : « C’est sûr qu’en comparaison avec les filles c’est un peu décevant. On ne va pas se le cacher. Pourtant Julien Bontemps avait fait un gros travail ici avant la compétition en arrivant tôt. Lors d’une épreuve de préparation, il avait largement dominé les autres français et s’était affiché parmi les meilleurs. Là il a été en deçà tout au long du championnat même s’il a mieux fini. Il y a pas mal de travail à faire pour espérer un podium. Je ne veux pas trop m’avancer car nous n’avons pas eu le temps de faire un bilan mais il faut sans doute que Julien utilise davantage ses partenaires français qui ont confirmé un beau potentiel en rentrant en Medal race. »

Philippe Gouard, DTN, présent sur place : « Dans les conditions que nous avons eu et notamment dans une Medal race très musclée, je suis très content que Faustine Merret ait tenu si bien le choc. Et la performance de Charline et Pauline est évidemment un gage de confiance pour la suite. Je remarque également que les anciens sont toujours au top. Cela entraîne deux réflexions. La première : nous avons eu raison de nous inscrire dans la durée quant à la sélection des athlètes. La seconde c’est que si ces filles, dont Faustine fait partie, ont une telle longévité au plus haut niveau c’est qu’elles ont une hygiène de vie et qu’elles sont à 100 % dans la compétition. Tout cela est à méditer. Je tire un autre enseignement, positif : pour décrocher une médaille il faut de la qualité, de la solidarité et de la complicité entre les partenaires d’entraînement. Or nous sommes sans doute la seule nation à posséder trois ou quatre planchistes de niveau international chez les garçons et les filles. Il est évident que si cela se met bien en place c’est un atout considérable pour amener dans les meilleures conditions possibles aux JO notre représentant. A nous de savoir l’exploiter. »