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Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Transat 650 Charente Maritime – Bahia

Le surnombre pénalise les nouveaux prototypes

Le Blévec : « C’est une histoire de nombre » • Manuard : « les protos font l’attrait de cette classe »

mardi 19 décembre 2006Christophe Guigueno

En septembre 2007, 75 solitaires devraient prendre le départ de la Transat 650 entre La Rochelle et Salvador de Bahia au Brésil. Ce sera une édition historique puisqu’elle fêtera les 30 ans de la course. Avec près du double d’inscrits par rapport au nombre de places disponibles, il y aura encore beaucoup de déçus. Il y aura aussi beaucoup de concurrents de l’édition 2005 ce qui lui donnera un air de revanche de l’édition 2005.

On avait évoqué une édition des trente ans avec les anciens de 1977 au départ. Bruno Peyron ? Jean-Luc Van den Heede ? Quel bel hommage à cette grande course cela aurait été si au moins un « ancien » avait pu venir se frotter de l’étrave avec les jeunes loups de la course au large actuelle. Mais cela ne se produira pas. Il leur aurait été impossible de se qualifier pour cette édition (sauf si les organisateurs et la classe avaient créé une DCQ « Anciens »). Le succès de la « Mini-Transat Mini-Transat #MiniTransat  » des trente ans vient enfin, une fois encore, du nombre de prétendants qui se sont d’ores et déjà inscrits lors du salon Salon #Salonnautique nautique 2006.

Neuf mois exactement avant le départ de Fort Boyard au large de La Rochelle, ils sont 143 préinscrits comme l’a comptabilisé la Classe Mini : 143 pour 75 places (3 de mieux qu’en 2005), c’est presque 200% du nombre de candidats. Enorme. La Classe Mini qui a anticipé depuis longtemps ce phénomène a établi des règles strictes pour se qualifier. Il faut avoir parcouru 1000 milles en course et 1000 hors course avec son bateau pour être qualifiable. Ensuite, les skippers sont départagés sur leur date d’inscription (ils se sont tous inscrits au salon Salon #Salonnautique ), sur le nombre de milles parcourus et la date de validation de leurs qualifications. Ces bonnes intentions ont pourtant cette année un effet pervers mésestimé, les skippers qui pourront prendre le départ sont ceux qui ont terminé la Transat 650 de 2005 ou Les Sables – Les Açores – Les Sables de 2006.

La Transat 2005 ou la SAS 2006 obligatoires

C’est ainsi que l’on retrouve dans les qualifiés de la catégorie prototype, Alex Pella (2e en 2005), Adrien Hardy (5e), Sébastien Gladu (6e), Isabelle Joschke (14e), les Slovènes Kristian Hajnsek (19e) et Andraz Mihelin (13e)… En fait, ces récidivistes montrent que de plus en plus, les navigateurs établissent des programmes à long terme et restent sur une catégorie de bateaux qu’auparavant ils quittaient après une première participation. Cela ne fait en tout cas pas les affaires des skippers de nouveaux prototypes. C’est ainsi le cas d’Yves Le Blévec qui n’a pas pu participer à la grande course au large de cette année car il n’était pas qualifié. Il se voit donc « rétrogradé » en 113e place des préinscrits, soit en 37e place sur la liste d’attente… Le Blévec qui a monté son projet après son abandon sur démâtage lors de la précédente édition voit ainsi hypothéquer ses chances de participation.

« Je n’y peux rien ! Je ne pouvais pas faire mieux que ce que j’ai fait » explique au lendemain de la parution de la liste le skipper d’Actual, son prototype sur plans Lombard. « J’ai démarré mon projet fin 2005. On a commencé la construction en mars 2006 et terminé le bateau en quatre mois ce qui est déjà une belle performance. Je n’ai pas pu participer à Les Sables – Les Açores – Les Sables. D’ailleurs ce n’était peut-être pas raisonnable de prendre le départ d’une course au large avec un bateau d’un mois. Donc je n’ai pas de regrets. Mais des espoirs oui, car cela va évoluer. Cela reste quand même très impressionnant ! » Pour le moment, Yves Le Blévec poursuit donc la préparation de son prototype sans s’affoler. La saison 2007 elle ne commence qu’en avril.

Et elle commencera bien tôt pour quelques-uns d’entre eux. « Le Mini-Pavois (ndr : course organisée obligatoirement par l’organisateur de la Transat 650, GPO cette année pour la 4e fois) a été avancé au 27 avril » explique Sam Manuard, architecte naval et skipper du circuit. « Mais dans le calendrier, il y a une nouvelle course, en Italie, qui partira le 7 avril. Cela nous fait perdre un mois de préparation car il faudra être dans les premiers à la terminer. » Sam n’a pas terminé la Transat 2003. Il a démâté au large du Brésil. Un de ses bateaux a gagné en 2005 aux mains de Corentin Douguet. Cette année, il compte être au départ avec son nouveau prototype dont le moule femelle de coque se termine au chantier Tocatec. Et pour se qualifier, il compte sur une des trois places réservées aux prototypes de l’année.

Trois DCQ prototypes pour les protos de l’année

Ces trois places sont ouvertes aux bateaux enregistrés et jaugés par la classe l’année de la Mini. Cela permet de garder de la place aux nouveaux, mais en fait, là encore, il y a surnombre. « C’est une course contre la montre à relever » ajoute Sam. Quand il était au bureau de la classe, l’architecte a beaucoup milité pour ces « DCQ prototypes ». Il s’explique : « les prototypes font l’attrait de cette classe dans le monde entier. Le bateau en lui-même intéresse les skippers de prototypes avant l’idée de traverser l’Atlantique en solitaire. » Mais pour 2007, il ne sera pas le seul à briguer une place dans les trois DCQ. Il y a Isabelle Joschke qui s’est inscrite sur son ancien prototype mais qui doit mettre à l’eau bientôt un nouveau plan Finot-Conq, sister-ship de l’Ecover de Peter Laureyssens (qui lui est qualifié – il a démarré son projet prototype avant le départ de la Mini 2005). Il y a aussi Erwan Leroux sur un bateau identique. Ou encore l’Allemand Jörg Riechers sur le nouveau plan d’Etienne Bertrand.

La liste des skippers en suspens de participation à la Transat 650 en catégorie prototype est ainsi impressionnante. Nicolas Charmet qui revient avec un nouveau prototype sur plans Canivenc est 124e sur la liste. Matthieu Cassanas et son proto Manuard lancé en 2006 est 108e. Stan Maslard, et son nouveau proto sur plans Andrieu est 137e, juste derrière Sam Manuard. Quant à son successeur à la barre du mini Crédit Agricole Skipper Challenge, le jeune François Duguet, il est un peu mieux placé, 87e… A 12 places de la qualification. Pour se placer dans l’entry-list, avoir participé à la Transat 650 en 2005 aidait bien, mais il ne fallait pas changer de bateau.

Quelles solutions ?

« C’est une histoire Histoire #histoire de nombre » explique Yves Le Blévec. « Personne ne vole rien à personne. On n’est pas obligé de trouver des solutions à tout » ajoute-t-il sereinement. C’est la catégorie mini 650 Mini 650 #mini650 qui est en fait victime de son propre succès. Nulle catégorie de course au large ne concerne autant de skippers de nationalités aussi différentes. Avec le système actuel de qualification « ça marche bien au niveau de la sécurité car plus on navigue, moins on fait de connerie » commente Sam Manuard. Mais « à force d’insister sur la sécurité, on a fait croire que participer à la Transat 650 est proche du risque zéro » compense Le Blévec. Et effectivement, la course est prise d’assaut par les prototypes et les séries (ndr : l’équilibre est quasiment respecté dans les préinscriptions).

La loi du nombre étant implacable, cette année, un plus grand nombre encore de « stars » vont rester à terre et voir leurs petits camarades s’envoler vers le Brésil sans eux. Pour éviter cela, Sam Manuard évoque l’idée de qualifications aux points à partir d’un classement aux points sur les épreuves précédentes. « Mais plein de gens ne perçoivent pas la Mini comme une course. Pourtant un classement qualificatif serait plus en phase avec ce qu’elle est devenu » pense-t-il avant de appeler que « la Mini doit être un Graal ». Un Graal que l’on peut aller conquérir non par le temps et les moyens mais aussi par les performances comme dans les séries olympiques. Il serait encore envisageable, vieux serpent de mer, de séparer les séries des prototypes. Mais cela dénaturerait la classe qui mêle depuis ses débuts les deux classes et il serait difficile de trouver un organisateur pour la transat des séries.

La solution est donc « dans le camp des organisateurs » affirme Le Blévec. « Si ce n’est pas un problème de sécurité mais un problème de places aux ports, cela doit pouvoir s’arranger… » Reste que le nombre de partant est monté cette année de 72 à 75. Peut-on envisager qu’un organisateur lance 100 bateaux de 6,50 mètres de long menés en solo vers le pot-au-noir, l’équateur et le Brésil, avec les responsabilités que cela présente en plus ? Difficile d’y répondre. En tout cas, plus que jamais, la course est un succès de participation et pour y participer, il faut s’y préparer tôt. Très tôt.


Note 1 : Et les séries ?

Dans la catégorie série, la participation à la course vers les Açores fait encore plus office de qualification obligatoire. Et pour se qualifier pour Les Sables – Les Açores – Les Sables, il fallait avoir bouclé les mêmes qualifications que pour la Transat 650.

Note 2 : Des milles, des milles, des milles

Le skipper qui a le plus de milles à son actif en prototype est l’Espagnol Alex Pella avec 14875 milles en mini. Isabelle Joschke en comptabilise 13370. Le jeune Adrien Hardy, comptabilise de son côté pas moins de 12070 milles en course ! Yves Le Blévec avec 7760 et Sam Manuard avec 13625 ne comptent pas leur mini 2005 et 2003 puisqu’ils n’ont pas terminé. En Série, Antoine Debled affiche au compteur 13385 milles.



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