Tour du monde en solitaire

Thomas Coville annonce 32 mètres

Dans un an, il tentera de passer sous la barre des 71 jours

jeudi 30 novembre 2006Redaction SSS [Source RP]

Le 2 Février 2005, Ellen MacArthur réussissait l’exploit de tourner seule autour du globe en 71 jours et 14 heures, à bord d’un trimaran de 23 mètres. La navigatrice battait le record établi quelques mois auparavant par Francis Joyon. A ce jour, Ellen et Francis sont les deux seuls marins à avoir réussi ce tour du monde en multicoque sans escale et sans assistance.


Après 7 années de courses et de records en monocoque et en multicoque de 60 pieds (18,28m), le skipper Thomas Coville - troisième de la Route du Rhum - et le groupe Sodeb’O ont décidé de s’attaquer à la performance de la jeune anglaise. En juin dernier, Sodeb’O a lancé au chantier Boat Speed au Nord de Sydney, la construction d’un trimaran de 32 mètres (105 pieds) dessiné par Nigel Irens et Benoît Cabaret.

48 000 kilomètres en solitaire sur trois coques

Dans un an à la même période, Thomas Coville s’attaquera à l’un des défis sportifs et humains les plus engagés qui soient. Passer sous la barre des 71 jours pour faire le tour du monde seul en multicoque, c’est réussir à maintenir une moyenne de 16 nœuds (référence Ellen MacArthur : 15,9 noeuds) sur une distance de 27 000 milles nautiques, soit plus de 48 000 km. Un sprint d’un peu plus de deux mois avec la planète pour terrain de jeu. Trois océans, trois caps, un seul homme et un bateau, une histoire simple et pourtant. De la grosse houle des mers du Sud, aux icebergs, des grains du Pot au Noir aux calmes de Sainte-Hélène, le voyage est complexe, complet, ultime.

Cette année, Sodeb’O a mené parallèlement deux programmes : celui du 60 pieds à bord duquel Thomas a battu en solo le record de la Manche et celui du Tour des Iles Britanniques, avant de se classer troisième de la Route du Rhum début novembre. En même temps, il a fallu concevoir et construire le Maxi Sodeb’O à l’autre bout du monde. Pour remplir cette mission, Thomas s’est bien entouré et a organisé le travail à distance. Nigel Irens, basé en Angleterre, et Benoît Cabaret, à Vannes, dessinent le bateau, comme ils l’ont fait en 2003 pour Ellen MacArthur et également aujourd’hui pour Francis Joyon. Un autre anglais, John Levell calcule la structure. Le spécialiste en hydrodynamique Yann Roux réfléchit et teste numériquement depuis Le Havre les formes des coques et des appendices. Vincent Marsaudon et l’équipe de Lorimat réalisent à Lorient le mât et la bôme. A la Rochelle, Jean-Baptiste Le Vaillant et Yann Andrillon de chez Incidences conçoivent et fabriquent les voiles. Chaque membre de l’équipe technique Sodeb’O à La Trinité pilote un secteur selon sa spécialité (voile, hydraulique, électronique, accastillage, etc…). Thomas Coville reste bien sûr au centre des décisions. En Australie, c’est Thomas Gavériaux qui suit au quotidien la construction du bateau chez Boat Speed. Il coordonne le travail avec Peter et Sari Ullrich, les responsables du chantier. Les logiciels de communication en temps réel permettent à chacun d’échanger des idées et des fichiers en direct. La distance n’est plus aujourd’hui une barrière à l’efficacité. Les plannings de conception et de construction ont été jusqu’ici totalement respectés.

Un trimaran de 32 mètres, une forme originale, une cellule de vie de plain-pied

Puisqu’ils ne sont pas soumis à une jauge, les maxi multicoques permettent d’explorer en toute liberté de nouvelles voies architecturales. Nigel Irens et Benoît Cabaret ont dessiné le Maxi Sodeb’O en partant du principe que pour accélérer en sécurité dans la grande houle des mers du Sud, il faut avoir de la stabilité longitudinale grâce à des coques fines et effilées. Le bateau doit aussi rester contrôlable par un seul homme. Le nouveau trimaran Sodeb’O possède donc une coque centrale plus longue que celles des flotteurs soit 32 mètres (105’ pieds), 10 mètres de plus que le B&Q/Castorama d’Ellen MacArthur. S’il est long, il n’est large que de 16,50 mètres pour limiter la puissance. La surface de voile est de 25 % plus grande de celle de l’actuel Trimaran Sodeb’O 60’. Les milles accumulés depuis quatre ans en solitaire par Thomas l’ont amené à concevoir un cockpit innovant. Dans les bateaux « classiques », le marin descend dans son bateau ce qui risque de le couper de l’environnement extérieur et de retarder son temps de réaction en cas d’urgence. Abrité sous une bulle en partie transparente, Thomas pourra barrer, manœuvrer, travailler à la table à carte, manger et dormir dans une cellule de vie de plain-pied, sur un même niveau à l’extérieur comme à l’intérieur. « Il est finalement moins stressant pour un marin de dormir sur le pont bien protégé que dans sa bannette tranquille à l’intérieur » explique Nigel Irens.

Actuellement, l’ensemble des grosses pièces de carbone - coque centrale, bras, flotteurs, cloisons - sont bientôt prêtes à être pré-assemblées. Une opération qui se déroule en deux étapes. Chacune des pièces a été fabriquée en plusieurs parties – presque 50 au total - qui vont d’abord être réunies. L’ensemble viendra ensuite composer l’intégralité de la plateforme. Aménagement intérieur, accastillage, motorisation, électricité, électronique, hydraulique, peinture, finitions, ….constitueront le travail des prochains mois. La mise à l’eau du bateau est programmée en mai 2007.

Un demi tour du monde pour commencer… Le Maxi Sodeb’O naviguera pendant un mois en baie de Sydney pour effectuer les premiers tests à proximité du chantier. Thomas ramènera ensuite le bateau par la mer : en équipage d’abord puis en solitaire jusqu’à La Trinité Sur Mer, son port d’attache. Un demi-tour du monde d’entraînement et de prise de repaires pour le skipper qui s’élancera quelques semaines plus tard pour un tour du monde en solo.

Thomas Coville, skipper : « Je suis impatient d’être en Australie. De rencontrer pour la première fois ce bateau qui occupe mon esprit depuis près d’un an. Je vais prendre conscience de sa taille, le toucher enfin. C’est un bateau comme nous l’avons souhaité, innovant, simple et à taille humaine. Lorsque j’ai coupé la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre, je pensais à lui, je me projetais déjà dans cette nouvelle aventure tellement enthousiasmante. C’était bon aussi pour nous tous cette année d’avoir un avenir même s’il était impliquant pour chacun de travailler en parallèle sur les deux bateaux. Quelle ambition de se lancer dans un an pour ce record ! Le duel avec Francis (Joyon) s’annonce aussi très excitant, cela ajoute une nouvelle dimension au défi. »

Nigel Irens, architecte : « Les technologies permettent aujourd’hui de travailler en temps réel à distance. Avant je m’installais près des chantiers pour suivre la construction des bateaux. Là, nous menons nos réunions sur « Skype », nous recevons tous les jours des photos d’Australie, nous voyons le trimaran évoluer et cela permet d’impliquer plus de compétences autour du projet.

Il y a une parfaite étanchéité entre les équipes de Sodeb’O et d’Idec (F.Joyon). Nous y tenions avec Benoît (Cabaret). Personne ne pose de question, chacun respecte le travail de l’autre. Il est très intéressant de voir comment ces deux bateaux issus au départ du même avant-projet seront en réalité très différents. Chaque skipper y a mis sa patte, suivant son expérience et son caractère. »

Thomas Gavériaux suit la construction en Australie : « Je suis les yeux de l’équipe au chantier. Mon rôle est aussi bien technique que humain. Je fais le lien entre tous les interlocuteurs du projet, en France, en Angleterre et à Sydney. Peter et Sari Ullrich (responsables de Boat Speed) construisent des bateaux depuis 25 ans. Ils ont commencé par des 18 pieds australiens qui demandent rigueur et précision, ils gèrent aujourd’hui une équipe de 25 à 35 salariés avec la même exigence. Ici, le jour se lève à 5h30 et se couche à 19h30. Les gens font du sport aux aurores et commencent le travail vers 6h30, un rythme de vie différent mais très agréable. Autre contraste amusant : en ce moment, c’est l’été, il fait 40 degrés et l’on croise des gens déguisés en père Noël ! »

Patricia Brochard, co-présidente du Groupe Sodeb’O : « Ce projet de maxi trimaran représente la continuité de ce que Sodeb’0 a entrepris depuis le début de notre engagement dans la voile en 1998 en tant que partenaire d’un monocoque, puis d’un multicoque et d’une course comme le Vendée Globe. Ce projet qui a pour premier objectif un tour du monde en solitaire, regroupe ce qui nous passionne dans la voile : le solitaire, le tour du monde, le multicoque. Ce nouveau bateau représente à la fois une fin et un début. Notre expérience de ce milieu nous permet de tout construire autour de ce magnifique projet ».

AGENDA

 Mai 2006 : début de la construction chez Boat Speed (Australie)
 Mai 2007 : mise à l’eau et premières navigations de tests à Sydney
 Automne 2007 : retour du bateau en Europe en équipage puis en solitaire
 Hiver 2007-2008 : tentative de record en solitaire autour du monde en multicoque

Info PRESSE / CHAMPS.MEDIAS / www.sodebo-voile.com


Caractéristiques comparées des plans Irens Cabaret

Nom

SODEB’O

IDEC

B&Q / Castorama

Skipper Thomas Coville Francis JOYON Ellen MACARTHUR
Mise à l’eau 2007 2007 2004
Chantier Boatspeed, Australie Marsaudon Composites / Lorient Boatspeed, Australie
Construction carbone verre – epoxy sous infusion
Lht 32.00 m 29.70 m 22.9 m
longueur flotteurs nc 24.5 m nc
largeur 16.50 m 16.50 m 16.20 m
Poids nc 11 t 8.3 t
Surface de voilure au près nc 350 m2 nc
Surface de voilure au portant nc 520 m2 nc
Hauteur de mât nc 32 m 30.6 m


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