Sea, Sail & Surf news

Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Volvo Ocean Race • étape 2

Sidney Gavignet : "La plus grande sensation, c’est celle d’avoir eu 400 milles d’avance"

"Nous avons vraiment passé notre temps à lever le pied et à faire attention"

samedi 21 janvier 2006Redaction SSS [Source RP]

L’équipage d’ABN AMRO ONE peut enfin baisser sa garde et c’est en vainqueur que Mike Sanderson et ses 9 hommes d’équipage, dont le Français Sidney Gavignet, ont franchi, à 10h 08, ce matin - heure Paris, la ligne d’arrivée de cette longue étape sur l’Océan Indien, entre Cap Town (Afrique du Sud) et Melbourne (Australie). Au passage, ABN AMRO ONE empoche 7 points, ce qui porte à 29 points son cumul de points après 4 manches et le place largement en tête du classement général provisoire de cette Volvo Ocean Race 2005-2006.

Il aura fallu en effet un peu plus de 24h à ABN AMRO ONE pour couvrir, sous un soleil de plomb et par une faible brise de 10 nœuds de Sud-Sud-Ouest, les derniers 200 milles de ce parcours qui en comptait 6 100, soit à une moyenne de 8 nœuds ces dernières 24h, qui laisse à des années lumières les 23.46 nœuds du record Record #sailingrecord de Sébastien Josse et de son équipage du 11 janvier dernier. Premiers commentaires de Sidney Gavignet après la victoire.

Les dernières 24h ont du être très pénibles ?
- Non, pas vraiment parce qu’on a gagné. Mais quand on pense aux autres qui sont en mer, on est vraiment soulagés que cela soit fini. Même si nous sommes un peu ereintés. Par rapport à la première étape, je dirais qu’on est en bien meilleure forme. Je ne sais pas si nous sommes plus préparés ou si on a été agréablement surpris de ne pas en avoir trop bavé dans les 40es comme on s’y attendait. C’est vrai que la portes des Kerguelen et les « Ice gates » nous ont évité de courir trop de risques et d’avoir vraiment très très froid. Pour moi, ces portes sont une bonne idée. Ce n’est pas forcément nécessaire d’aller en prendre plein la figure en descendant trop sud.

Quelles sensations avez-vous eues sur cette étape ? Quelque chose de nouveau ou du déjà vu pour vous qui avez déjà fait deux tours du monde ?
- La plus grande sensation, c’est celle d’un plaisir, celui d’avoir eu, à un moment, 400 milles d’avance. C’était quelque chose que je n’avais jamais expérimenté jusqu’ici. Et j’espère que cela se représentera à nouveau et qu’on tiendra cette avance jusqu’au bout cette fois. Mais ce qu’il y a de vraiment particulier comme sensation sur cette Volvo en général, c’est que nous avons des bateaux très puissants, mais qu’il faut en permanence faire attention à ne pas casser. C’est un sentiment que je n’ai pas connu lors de la précédente édition, en 2001-2002. J’ai eu aussi un peu d’inquiétude quand on a rencontré des mers très difficiles, très dures, qui nous ont obligé à faire particulièrement attention au bateau. Et un peu d’inquiétude aussi quand on a su que Brasil 1, qui a le même mât que nous, avait démâté. Nous avons vraiment passé notre temps à lever le pied et à faire attention.

Cette vigilance vient-elle du contexte de cette deuxième étape de large dans les mers du Sud, ou tient au fait que plusieurs bateaux ont eu des avaries de structure et de quille importantes ?
- Les deux. Mais, c’est vrai que la jauge de nos VO 70 qui imposent un poids global maximum de 14 tonnes a amener des solutions architecturales qui peuvent laisser perplexes. Avec cette barre maxi de 14 tonnes, tout le poids que tu gagnes dans la coque, tu peux le mettre dans le bulbe pour améliorer la stabilité du bateau et donc ses performances, sachant que nos mâts font 31 mètres. Nos coques sont donc ultra light. Et parfois, c’est limite-limite. Et même plus que limite vu la casse sur cette manche.

Comment va votre bateau ?
- Pour nous, pas de casse importante, mais il était temps qu’on arrive. On avait de l’eau qui rentrait par la cloison qui est près de la quille...

Un souvenir marquant ?
- L’un des chefs de quart, Mark Christensen est resté à terre en Afrique du Sud parce qu’il s’était blessé sur la 1re étape, et c’est moi qui l’ai remplacé au pied levé sur cette manche. Comme cela s’est très bien passé, c’est vrai que j’en retire une satisfaction personnelle.

L’ambiance à bord ?
- Formidable. Je dirais même de mieux en mieux. Très pro comme toujours, mais aussi très cool et très simple. Jamais d’énervement dans les cas de figures un peu critiques. Et quand les « Kids » nous ont remonté, il y a eu du stress forcément mais pas outre mesure parce que nous savions que nous faisions tous le maximum, avec peu d’erreurs. Pendant la régate in-shore à Cap Town, qui s’est disputée par 30-35 nœuds de vent, il n’y avait pas eu un mot plus haut que l’autre à bord, alors que tous les bateaux partaient en vrac dans tous les sens. A bord, il y a vraiment une complémentarité entre tout le monde. Chacun à un rôle précis sur le bateau, mais quand cela est nécessaire, nous savons tous nous adapter. Par exemple pendant les manœuvres, les trous se bouchent, les gens prennent la place des autres de façon très fluide.

A propos de ABN AMRO TWO, comment vivez-vous de les voir si bien se battre ?
- C’est agaçant (rires). Bien sûr que cela nous agace (re-rires). Il va falloir qu’on arrête de les cocooner. Mais, c’est clair, il n’y a pas photo, ce sont eux nos adversaires principaux. Avant le départ, nous savions que c’était un scénario possible, mais maintenant c’est une évidence. Ils font un super boulot. Ils naviguent très bien et nous sommes très contents qu’ils nous aient piqué le record Record #sailingrecord des 24h, car cela reste dans la famille. Bref, on est très content pour eux, mais c’est clair qu’ils nous agacent, sympathiquement, j’entends.

Un mot pour conclure ? C’est une sensation très particulière. Pendant la course, tu en as plein les bottes, tu te dis c’est fini, j’arrête. Plus jamais cela. Tu en arrives à espérer te casser une cheville pendant l’escale suivante pour ne pas réembarquer. Et quand tu touches terre, c’est fini. Cela passe instantanément.

Info Anne Massot / Team ABN Amro


Voir en ligne : www.abnamro.com/team


Sidney Gavignet : Chef de Quart sur cette étape - ABN AMRO ONE

Sidney Gavignet : 36 ans. Marié, deux enfants. Savoyard d’origine, il réside avec sa famille à La Courneuve depuis plusieurs années. Marin professionnel. Bref CV : Navigue depuis l’âge de 14 ans. Premières armes en compétition sur Laser. Préparation olympique en Tornado pour les JO de Barcelone en 1992. Dispute Québec-Saint Malo en 92. Embarque aux côtés de Eric Tabarly sur la Poste pour la Whitbread 93-94. Fait partie du syndicat de Marc Pajot pour la Coupe de l’America 94-95, puis devient tacticien sur le circuit de Match Racing aux côtés de Thierry Péponnet. Quatre Tours de France à la Voile à son actif dont une victoire et deux places de 2e. Dispute la Transat en double Jacques Vabre sur le trimaran La Trinitaine avec Marc Guillemot en 97. Dispute deux éditions de La Solitaire du Figaro en 99 et 2000. Compte 10 Transats à son actif, dont la dernière en 2000 avec Isabelle Autissier, sur Figaro-Bénéteau pour la Transat Lorient St Barth. Et une Volvo Ocean Race, en 2001-2002, sur Assa Abloy, classé 2e au général. En 2004, il fait la Transat Québec-St Malo sur le Trimaran Banque Populaire. Il sera barreur-régleur sur ABN-AMRO One.



A la une