Le programme sera respecté. Ainsi en a décidé la Direction de Course qui a tranché pour le premier parcours, celui qui doit conduire la flotte - cap nord, nord-ouest - vers le phare « Royal Sovereign », 86,5 milles plus loin outre-Manche. Une fois cette marque franchie (sans doute en fin de nuit), les 52 solitaires embarqués dans l’aventure de cette 35^e édition navigueront plein ouest, avec plusieurs marques à respecter avant la ligne d’arrivée, mouillée en plein Solent. Tous les coups tactiques seront donc bien permis pour tirer le meilleur de leur Figaro Bénéteau et déjouer les plus d’un tour de la Manche. Ce qui n’est pas pour déplaire aux plus solides solitaires. Kito de Pavant (Navy Lest) est le premier à le rappeler avant de monter à bord de son monotype dans le sas de Ouistreham ce mardi matin de très bonne heure et de bonne humeur ! « Ce sera une étape à haut risque, avec pas d’air et beaucoup de courant. Il y aura donc des écarts à l’arrivée. Il va falloir être très vigilant et avoir un peu de réussite pour rester dans les bons coups, juge-t-il. Cela va être très aléatoire et cela peut conditionner le classement final à Quiberon. Je ne l’espère pas, mais c’est le risque ! De mon côté, je suis assez confiant... On verra cela dans les trois semaines qui viennent ! »

Et il a raison Kito, le vainqueur du prologue Afflelou de croire en sa bonne étoile. Sous le soleil en baie de Seine, elle ne l’a toujours pas lâché. Au point, qu’à 12h30 tapantes, une fois le coup de canon libérateur donné dans vent faible de 3 à 4 nœuds, de secteur nord-nord-ouest, il s’échappe du bon côté. A gauche toute de la ligne ! Tout comme d’ailleurs un autre grand favori, le grand Gildas Morvan (Cercle Vert). Ces deux là, synchros, donnent le tempo alors que le flux bascule au nord et reprend un peu de tonus. C’est bien joué, tandis que de l’autre côté du plan d’eau, les partisans d’un départ à droite, font les frais de leur option. Armel Le Cléac’h (Foncia-TBS) et Jérémie Beyou (Delta Dore), partis tribord amures pour renvoyer aussitôt bâbord sont de ceux là. Devant, Morvan et de Pavant prennent, sous spi, la poudre d’escampette et affichent déjà plus de deux minutes et demi d’avance sur leur plus proche poursuivant à la bouée spectacle, Fred Duhil (Allmer). Le jeune bizuth, venu tout droit du circuit mini et de la planche à voile olympique, ne se laisse pas impressionner. La belle affaire, le voilà déjà aux avant-postes au départ de sa toute première Solitaire ! Mieux encore, bien accroché dans le sillage de la lanterne verte, Gildas Morvan toujours devant, il volera ensuite la vedette à deux gros bras du solitaire au passage de la Bouée Radio France : Eric Drouglazet et Kito de Pavant (Voir dans les Echos du large).

Ces leaders ne veulent pas traîner en si bon chemin alors que le pire les attend une fois la baie de Seine laissée dans les tableaux arrières. Le timide flux, qui a bien voulu accompagner les skippers sur le départ doit ensuite diminuer pour s’essouffler totalement dès la première nuit de course. Il rentrera alors progressivement par l’est, nord-est. Dans ces conditions, pas question de dormir. A mi-Manche, quand il n’y aura plus que les feux des autres bateaux comme repères, il sera impossible d’anticiper la moindre risée. Accrochés à la barre, les solitaires n’auront alors qu’une seule question en tête : suivre la flotte ou se décaler pour aller chercher un peu d’air..... Il leur faudra par ailleurs garder des idées claires dans le noir et dans ces parages fréquentés par les cargos. Courant contraire, vent aléatoire et trafic maritime... cette première étape s’annonce pour le moins stressante. « Il faudra surtout garder des neurones pour l’arrivée », expliquait de son côté Eric Drouglazet. Pour jouer des effets de côtes - du courant et du vent - en approche de la Grande-Bretagne. Et pourquoi pas... filer à l’anglaise !

Laure Faÿ

 
• Bouée Radio France : Morvan passe au vert !

Le passage à la Bouée Radio France a conclu le parcours côtier de cette première étape. Gildas Morvan (Cercle Vert) décoche les premiers honneurs de cette première étape Caen-Portsmouth. La flotte composée des 52 skippers se dirige maintenant vers le phare « Royal Sovereign », de l’autre côté de la Manche. 4 nœuds de vent lors du départ donné à 12h30, 5 nœuds à 15h26 lors du passage de la bouée Radio France, de quelle force et dans quelle direction il soufflera lorsque nos solitaires pareront le phare britannique ? Une question en forme de boutade tellement la météo est incertaine sur les prochaines 24 heures. Une chose est sûre. C’est bel et bien Gildas Morvan (Cercle Vert) qui occupe la première place au classement du jour établi à la bouée Radio France. Le géant vert, 3 fois 3^e en 99, 2000 et 2001, mais seulement 21^e et 14^e en 2003 et 2004, tient à montrer qu’il faut toujours compter sur lui. Avant le départ, il ne cachait pas qu’il voulait rapidement mettre les pendules à l’heure. Gildas était suivi à 15h29 par le bizuth Frédéric Duthil (All Mer), suivi dans la même minute par Eric Drouglazet (Crédit Maritime- Brokerline). Viennent ensuite Kito de Pavant (Navy Lest), Yann Eliès (Groupe Générali Assurances), Ronan Guérin (Camus Immobilier) etc...

Le prochain classement officiel, disponible sur le site, sera mis en ligne sur le site officiel vers 22H00.

Nicolas Raynaud.

Echos de pontons

– Dominic Vittet (ADAO Audio System) : « Nous ne dormirons pas sur cette étape qui devrait nous prendre entre un jour et un jour et demi. Une chose est sûre : ce sera du petit temps donc concentration et, paradoxalement pas beaucoup de temps pour dormir. On va être dessus... Cela va se jouer au mètre gagné ! Cela devrait être assez mou cette traversée de La Manche. Et plus on va avancer, plus il y aura de petits airs. C’est pour ça que cela va se jouer dans la première moitié de la course. Le vent ensuite s’établira et les jeux seront faits. Les 12 premières heures seront donc décisives. Pour aller virer la bouée Royal Sovereign, il y aura des coups à tenter. La flotte passera soit près d’Antifer ou plus au large, ce sera intéressant et la traversée pourra se faire à différents endroits. »

– Frédéric Duthil (All Mer) : « La situation météo fait que l’on se retrouve dans un centre anticyclonique au moment du départ. Cela va générer des vents très, très faibles dont la direction s’avère plutôt changeante. Il n’y a pas vraiment de prévision très fiable. Il faudra donc rester assez proche de la route directe et éventuellement tenter des options le long de la côte anglaise sur la fin de l’étape pour aller chercher les brises thermiques lors des dernières heures de course. C’est une étape qui peut occasionner des gros écarts à cause des courants qui peuvent générer des passages à niveau. Il va falloir rester très concentré et accrocher le bon paquet, le bon wagon de tête. Il va être très important de rester dans le rythme. »

– Charles Caudrelier (Bostik Findley) : « Quand il y aura du vent, le seul souci sera de s’avoir s’il faut aller le chercher ou, au contraire, attendre qu’il nous arrive dessus. Je pense que sur cette étape, il faudra rester dans le paquet. Je ne pense pas que beaucoup tenteront des options. Je crois que la flotte sera vraiment serrée. C’est un peu stressant de démarrer la Solitaire Afflelou Le Figaro comme cela. Ce qui sera vraiment dangereux sur cette étape, ce sont les approches de marque à cause du courant. »

– Armel Le Cléac’h (Foncia-TBS) : « Tous les concurrents sont dangereux. C’est très ouvert. La régate sera d’autant plus belle. Je suis très content d’attaquer cette course, de me confronter aux autres skippers. Pour être au départ cette année, j’ai pris des risques. La voile, je suis très heureux d’en faire un métier. Je prends beaucoup de plaisir à faire des compétitions aussi bien au niveau local qu’à ce niveau là. Gérer le vent, la météo, les concurrents...t’oblige à une constante concentration. Il va falloir être vigilant : notamment sur cette étape, avec la traversée de la manche et l’arrivée dans le Solent entre Cowes et Portsmouth, est piégeuse. Et le Figaro est une course qui se joue au temps. J’ai une grosse motivation sur cette 35^e édition. J’espère être aussi bon ! »

Info O.Leblanc / Voyez Large

– Jeanne Grégoire (Banque Populaire) : " J’ai très bien dormi depuis une semaine, c’est certain que ma place au prologue m’a calmée et m’a donnée confiance. Ce résultat et l’expérience sont réducteurs de stress mais je sais que j’aurai quelques bouffées de chaleur demain avant le coup de canon du départ ! maintenant je dois me concentrer sur l’essentiel et ce sera pareil à bord".

Info C.Concetti / Mille et une Vague

– Nicolas Troussel (D’Aucy) : « Je ne stresse jamais la veille des départs, en général ça commence un peu le soir et surtout le matin du départ. En fait, ce n’est pas vraiment du stress, c’est que je suis déjà dans la course, je ne suis réceptif qu’aux choses qui concernent la compétition, et à rien d’autre ! »

Info C.Ecarlat / Voyez Large

Benoit Lequin : "Mon objectif sportif c’est le classement des bizuths et un coup d’éclat quelque part ; l’équipe Nanni a fait un boulot extraordinaire, le bateau est au top. J’ai retrouvé de bonnes sensations dessus au cours d’entraînements improvisés avec Fred Duthil et Franck Legal...bref, tout va bien ! Maintenant j’ai hâte de prendre le départ et de donner le meilleur de moi-même. Un coup est toujours jouable sur la course, mais je pense qu’il faudra s’accrocher au maximum au groupe de tête, sinon avec la météo et les marées en manche, il peut déjà y avoir des phénomènes de passage à niveau et les écarts peuvent être impressionnants, même sur cette première étape ».

Info Céline Gordon