Karine Fauconnier et son équipage au large de Terre Neuve

Photo Sergiio Tacchini / http://www.karinefauconnier.com

" Hola, on est à 32 nœuds en ce moment... " lâche Antoine Mermod sur Sergio Tacchini en plein milieu de la vacation de milieu de journée. Il faut dire que le trimaran de Karine Fauconnier va vite et aux bons endroits. 497,5 milles parcourus en 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , 45,6 milles d’avance au pointage de 15 heures sur Tim Progetto Italia, Sergio Tacchini navigue proprement comme l’on dit. Pendant ce temps-là, l’escadrille de chasse essaye de revenir au contact mais doit tout d’abord se battre entre elle. Si Giovanni Soldini a 20 milles d’avance sur le 3^e, Sodebo, Géant, Gitana XI et Foncia luttent à vue. La flotte Orma, en milieu de journée, était clairement coupée en deux. Le groupe de tête naviguait dans de belles conditions océaniques avec 20 nœuds de vent d’Ouest/Sud-Ouest tandis que la queue de la flotte quittait juste le courant du Labrador, son froid humide et son brouillard. Et si les leaders continuent de mener ce rythme cela les amèneraient à Saint-Malo lundi dans la matinée. Une arrivée alors sous haute surveillance puisque susceptible de battre le record Record #sailingrecord de l’épreuve en vigueur.

" Nous marchons autour de 25/28 nœuds en permanence " explique Antoine Mermod (Sergio Tacchini) à la vacation du jour. " Nous avons 28 nœuds de vent actuellement et nous commencions à enfourner un peu trop. Aussi, nous avons pris notre premier ris dans cette course il y a quelques minutes. Nous sommes par contre vite sortis du courant du Labrador et maintenant nous avons une bonne visibilité.. Nous avons fait un bon recalage au Nord cette nuit et notre timing a payé. On a dû reprendre 5/6 milles depuis... Le paysage est maintenant assez océanique et nous sommes dans une ambiance TGV ". Et à ce train là, Sergio Tacchini se construit un petit matelas d’avance sur la flotte de derrière. " Oui, ça part un petit peu par devant " concède Michel Desjoyeaux sur Géant, actuel 4^e. " Nous sommes sortis du royaume de l’ombre et c’est déjà bien. Maintenant chacun essaye de longer l’anticyclone. Plus on s’en approche, plus on a des angles de vent intéressants mais moins on a de vent. Il s’agit de trouver la bonne alchimie. Une chose est sûre il vaut mieux être devant et au Nord que derrière et au Sud. Les modèles semblent s’accorder ce matin. On devrait garder ces conditions pendant quelques jours et réussir à rejoindre la dépression présente sur l’Europe du Nord ". La bonne alchimie : voilà la question fondamentale du jour.

" C’est clair, il y a plus de pression dans le Nord. Mais le but du jeu Jeu #jeu est bien de longer cette bordure anticyclonique sans tomber dedans " explique de son côté Yann Guichard sur Gitana 11. " Nous sommes comme tout le monde sous grand voile haute et gennaker et nous faisons du 30 nœuds sans trop de risques. Par contre, c’est une belle bagarre à vue ! ". Même combat sur Sodebo où Jacques Vincent poursuit : " Ce sont des conditions parfaites de régate. Par contre, il faut être très vigilant et empanner quand il faut... On a vite fait de perdre 5 milles ou d’en gagner. En fait, nous avons tous la même problématique...". Sodebo est 3^e au classement de 15 heures à 64,5 milles du leader.

Une flotte coupée en deux...

Ambiance différente derrière... Banque Populaire, Sopra Group, Banque Covefi et Gitana X naviguent bien au portant mais étaient pour certains encore aux prises avec le courant du Labrador et sa brume persistante. " Depuis Terre-Neuve, nous avons un brouillard très très épais " explique Sidney Gavignet (Banque Populaire). " Nous sortons du brouillard petit à petit mais avions à un moment pas plus de deux longueurs de visibilité. Nous sommes même passés à côté d’un bateau dont nous avons senti la fumée ! ". " Nous sommes toujours dans le brouillard et ce n’est pas très très chaud pour un mois de juillet quand même ! " lâche de son côté Philippe Monnet sur Sopra Group. " C’est clair que lorsque tu es devant tu as l’avantage de prendre toujours les phénomènes le premier, ce qui est pas notre cas. Ce serait sympa de leur part de nous attendre ! ". Même ambiance aussi sur Gitana X pour Marc Guillemot qui termine la vacation : " C’est vrai qu’il y a des hautes pressions sur la mer d’Irlande et ce ne serait pas forcément pour nous déplaire ! ". Est-ce que cela pourrait permettre à l’arrière garde de revenir au contact ? A suivre...

Situation à venir...

Aussi, à quoi peut-on s’attendre dans les prochaines 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures  ? " Nous devrions être au portant jusqu’au Fastnet (Irlande) " prévoit Armel Le Cléac’h (Foncia). " Le vent devrait mollir un peu dans les prochaines heures mais nous devrions atteindre l’Irlande assez rapidement ". Aussi, la flotte des multicoques Orma devrait donc continuer de naviguer sur la bordure Nord de ce fameux anticyclone. Les vitesses devraient rester entre 20 et 22 nœuds de moyenne et les premiers avaler près de 500 milles par jour. A ce rythme, même si la situation tamponne à l’approche de Saint-Malo, les premières arrivées pourraient être dans la matinée de lundi. Si c’était le cas, le record Record #sailingrecord de Loïck Peyron sur Fujicolor II établi en 1996 (7 jours, 20 heures et 24 minutes) pourrait tomber. Pour cela, il faudrait arriver avant lundi après-midi 15 heures 14. Aussi tout est possible !

Pour ce qui est des 50 pieds, c’est le statu quo total. Crêpes Whaou ! est le leader en multicoques et Ciment Saint-Laurent mène en monocoques. Les deux flottes sont sous Terre-Neuve et naviguent au près dans des conditions de vent entre 18 et 25 nœuds.

 Yann Guichard (Gitana 11) : " On a passé une nuit avec pas mal d’air, à 25-30 noeuds sous gennaker, c’était très sympa. On allait vraiment vite. Il fallait être aux écoutes avec le risque d’enfourner à chaque fois. On se relaie à la barre avec Fred et tout le monde se remplace à la manœuvre. On navigue à vue avec Sodebo. On l’a dans notre travers arrière à environ un mille ".

 Antoine Mermod (Sergio Tacchini) : "La mer est plus agitée, on a de l’écume sur les crêtes des vagues. En fait, ça allume carrément, on est rarement en dessous des 25 nœuds alors ça peut devenir fatiguant mais on est super motivés. On a fait un bon calage au Nord cette nuit, avec un bon timing, et ça a payé... On vient de faire une pointe à 32 nœuds, c’est qu’ils doivent être énervés sur le pont !"

 Michel Desjoyeaux (Géant) : " Depuis quasiment le lever du jour, on est sorti des brumes matinales et de l’hiver. On a même vu un bout de soleil tout à l’heure et ça ne va pas tarder à être lunette de soleil - crème bronzante. Ca change de cette nuit que nous avons passé au radar. Nos camarades de jeu Jeu #jeu sont devant nous, au large. Et là nous avons tout dessus, gennaker et grand-voile haute. On marche en permanence entre 22 et 26 nœuds. Il y a trois personnes sur le pont prêtes à choquer en cas de survente. Nous allons continuer avec ces conditions de navigation jusqu’en Europe. Il faudra juste faire attention de ne pas trop se rapprocher de l’anticyclone ".

 Jacques Vincent (Sodebo) : "La vie à bord n’est pas éprouvante, on n’est pas en survie, on pousse la machine, c’est passionnant. Par contre, il faut être sur les réglages et empanner au bon moment. Nous avons Gitana 11 dans notre axe et Foncia qui croise 4 à 5 milles derrière nous sur l’autre bord. On s’est un peu rapproché de Tim. C’est génial, tous les matins, c’est la chasse à l’horizon, on scrute avec nos jumelles et on repère les traits noirs ".

 Sidney Gavignet (Banque Populaire) : " On vient de voir Groupama derrière sortir du brouillard. C’est bien, même si on préfèrerait avoir Sergio Tacchini en vue ! Depuis le début de la course, nous avons eu des doutes sur notre vitesse Vitesse #speedsailing , et là, de nouveau nous avons repris confiance. C’est passionnant de vivre cette course. Il s’y passe beaucoup de choses au plan tactique, stratégique. Nous apprenons aussi beaucoup du bateau et puis entre nous, c’est super, il y a une très bonne atmosphère à bord. C’est vrai que nous ne sommes pas sous les feux de la rampe, mais on est quand même à fond sur la machine ! Nous sommes une douzaine de bateaux et ça se bagarre dur. C’est vraiment un régal, d’autant que nous avons des conditions idéales pour un multi. "

 Franck Cammas (Groupama) : " Ca avance vite. Toute la nuit, nous avons été au portant avec 20 nœuds de vent, à une vitesse Vitesse #speedsailing de 20-25 nœuds, dans le brouillard. On est sorti de la zone des glaces. On a vu Banque Populaire croiser tout à l’heure et nous allons le contrôler par derrière. C’est humide, on navigue avec nos combinaisons étanches de survie mais la partie la plus froide est derrière nous. Pour l’instant, l’objectif pour nous est d’aller vite, il n’y a pas grand chose à faire, si ce n’est attendre qu’il se passe quelque chose devant. Il y aura un col à passer pendant cette traversée et peut-être que les premiers seront ralentis, ce qui nous permettrait de revenir sur eux. "

 Kevin Escoffier (Crêpes Whaou !) : " On vient de passer devant Saint-Pierre et Miquelon dans le brouillard : exactement le même passage qu’il y a quatre ans sur cette même course avec mon père. Je n’ai toujours rien vu de ces îles. Nous sommes bâbord amures, au près pour sortir vers l’Atlantique. Nous avions pris un ris puis nous l’avons renvoyé. Nous marchons à 10 noeuds, tout va bien à bord. "

 Marc Guillemot (Gitana X) : " Même si nous avons un bateau qui n’est pas très performant, il faut avouer que nous avons fait une petite erreur après Saint-Pierre et Miquelon, nous avons tardé à envoyer le gennaker et du coup, nous nous sommes retrouvés plus Sud que ce que nous aurions voulu. A part ça, Karinette et ses bonshommes ont super bien navigué depuis le début. C’est très bien pour elle. Elle l’a vraiment mérité. "

Pierrick Garenne