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Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

The Transat

Desjoyeaux file à deux jours de Boston

Stamm prend le contrôle des monocoques

dimanche 6 juin 2004Information The Transat

Les trois locomotives Géant, Sodebo et Groupama ont mis du charbon depuis la station Terre-Neuve : ils ont laissé le " tender " Banque Populaire se dépêtrer avec sa grand voile déchirée et les autres multicoques auront du mal à raccrocher les wagons... Avec au minimum une journée de retard, ils ont raté la correspondance météorologique et ce ne sont pas les vents de " traverse " qui vont lever le passage à niveau... Même topo pour les monocoques car les " Nordistes " sont sur des rails pendant que les " Sudistes " regardent les vagues passées. Le petit train des dépressions semble arrêter en gare de Boston pour faire place à une barrière anticyclonique américaine. Un problème d’aiguillage !

Conrad humphreys, seul skipper à envoyer des images du bord (d’Hellomotto)
Photo Conrad Humphreys

" Une tranche de pain tombe toujours du côté beurre " : ce principe mathématique est l’équivalent de la loi de Murphy qui précise que " si le pire existe, il ne manquera pas de se réaliser ". Or, certains solitaires ont eu le malheur d’en connaître la teneur. Ce fut d’abord Objectif 3 qui s’est fourvoyé dans la dorsale anticyclonique le lendemain du départ et a mis quatre jours à s’en sortir. La nuit dernière, c’est Fred Le Peutrec qui a vu le centre de la troisième dépression lui tomber dessus et Gitana 11 a concédé 200 milles en 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures ... Demain lundi, ce sont les monocoques qui ont privilégié la route directe, qui vont au moins encaisser une cinquantaine de milles de retard en plus sur les partisans de la ligne Nord !

Car cette douzième édition de The Transat The Transat #thetransat #ostar se caractérise par l’originalité de son parcours qui a considérablement favorisé la voie nordiste au point de faire frôler, pour les multis comme les monos, le 54° Nord ! Soit plus de 150 milles au dessus de la route directe (orthodromie). Mais si le chemin est plus long, la vitesse Vitesse #speedsailing est aussi plus grande puisque Michel Desjoyeaux est désormais attendu à Boston le mardi 8 juin au soir, soit après huit jours et demi de course avec une moyenne sur les 2 800 milles de la route directe, de plus de 13,5 nœuds... A comparer avec les 9 jours 23 heures de Francis Joyon lors de la dernière édition en 2000 : plus de 15% de temps en moins !

Difficile d’imaginer à deux jours de l’arrivée, alors que le mauvais temps est derrière et que la mer s’est aplatie, qu’un écart de plus de 200 milles puisse être comblé : Michel Desjoyeaux, Thomas Coville et Franck Cammas peuvent donc croire à un podium. Dans quel ordre ? Géant a certes 70 milles d’avance sur Sodebo mais la position de ce dernier, sous le vent, peut devenir favorable lorsque la brise de secteur Nord Ouest va tourner au secteur Sud Est puis Sud Ouest dans les derniers milles. De même, Groupama n’a pas dit son dernier mot pour grappiller une place voir deux. Du près, les trimarans vont passer au portant sous gennaker avec un vent d’une vingtaine de nœuds. Les compteurs vont de nouveau s’affoler à plus de 25 nœuds et il faudra aux solitaires barrer beaucoup pour ne pas risquer l’enfournement et le grand soleil (chavirage par l’avant) qui avait coûté la victoire à Francis Joyon (encore lui) en 1996 à ce niveau de la course.

En fait, une bulle anticyclonique se forme devant Halifax et les leaders n’auront pas de mal à l’éviter en suivant une courbe assez Sud alors que les poursuivants vont presque certainement la voir passer sur leurs têtes. Ceux qui ont plongé à l’image de Stève Ravussin ou de Philippe Monnet arriveront peut-être à la contourner par le bas ; ceux qui ont choisi de raser Terre-Neuve comme Alain Gautier (grand retour), Giovanni Soldini, Karine Fauconnier peuvent espérer l’éviter par le Nord. Mais de toutes façons, ils s’attendent à ralentir sérieusement lundi dans la soirée. Cette bulle anticyclonique est suivie par d’autres qu’il faudra gérer au coup par coup : il faut s’attendre à un " effet de pack ", comme les icebergs au Nord qui butent les uns sur les autres en arrivant à la côte. La quatrième place et les suivantes sont loin d’être acquises.

Ca fume pour Cheminées Poujoulat-Armor Lux ! En choisissant de faire feu de tout bois au grand Nord de la route, l’ex-bûcheron suisse a scié la branche sur laquelle se reposaient les partisans du Sud. En fait, plus l’option était extrême, plus elle s’est avérée payante : Bernard Stamm a été le premier à toucher les vents portants et déboulait à plus de 14 nœuds sous spinnaker pendant que les deux leaders anglo-saxons de la veille ramaient encore dans des vents modérés et instables. Le second à en profiter fut Vincent Riou et PRB est désormais confortablement installé à la seconde place à une dizaine de milles du nouveau leader. Les deux Mike (Sanderson-Pindar AlphaGraphics et Golding-Ecover) ont perdu plus de cinquante milles en une journée. Dur. Tout ça pour un écart en latitude d’une soixantaine de milles... Car tout roule au Nord, alors qu’au Sud, c’est encore du vent mou ou du contraire, voir les deux... La dépression qui a secoué la flotte des monocoques Imoca Imoca #IMOCA et des 50 pieds est donc passée mais derrière, elle génère des vents de secteur Nord-Est là-haut et plutôt Ouest-Nord Ouest en bas. La vitesse Vitesse #speedsailing de Bernard Stamm (53°10 N) est deux fois supérieure à celle de Marc Thiercelin (45°45 N) ! Ce bon flux portant devrait se caler au secteur Nord dans la nuit pour 25 nœuds et, alors que Cheminées Poujoulat-Armor Lux a franchi ce lundi après-midi la mi-parcours, il pourrait être sur les bancs de Terre-Neuve dans deux jours... Une grosse semaine pour traverser l’Atlantique d’Est en Ouest en monocoque, voilà qui fait remonter à l’époque des paquebots du début du 20e siècle. Mais il y aura ensuite plus de 700 milles à parcourir jusqu’à Boston dans une situation météorologique moins évidente avec certainement plusieurs arrêts buffet dans des bulles anticycloniques. Attention à ne pas rester sur le quai... des brumes !

- Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat-Armor Lux), nouveau leader des monos 60 : " C’est sûr que c’est sympa d’être au portant. C’est mieux que de recevoir des cailloux ! On a deux ou trois jours devant nous où l’on ne va pas remonter au vent. Quand ça glisse au portant, même s’il y a des efforts, on n’a pas l’impression de tout casser le matériel. "

- Vincent Riou (PRB), 2e mono 60 : " Cette nuit, on a un peu contourné un petit minimum par le nord. Les heures à venir vont être décisives. Pour nous, cela ne va pas être facile de redescendre sur la route maintenant. On verra le résultat de notre option dans les 24 prochaines heures. On a navigué au près depuis le départ, et maintenant on est au portant. Mais la météo est toujours la même : gris, brouillard, températures très basses... On ne s’est pas trompé de parcours : c’est bien la Transat Anglaise ! "

- Dominique Wavre (Temenos), 5e mono 60 : " Là, j’ai encore du petit temps, et je continue à avoir beaucoup de boulot sur le pont. J’ai une trinquette explosée. Etre dans le coup est extrêmement gratifiant pour tout le boulot qu’on a fait cet hiver. Ca fait très plaisir pour toute l’équipe de voir que toutes les transformations qu’on a faites ont fonctionné, et que le potentiel de vitesse du bateau est nettement meilleur en 2004 qu’en 2003. "

- Franck Cammas (Groupama), 3e multi 60 Multi 60 #ORMA  : " Je ne pense pas que Mich’ Desj’ va se planter dans la bulle anticyclonique. Il va gérer comme il a tout bien gérer les coups d’avant. Il faut vraiment qu’il fasse une grosse erreur ou qu’il casse quelque chose pour pouvoir revenir de 150 milles. Il n’y pas de système météo qui puisse vraiment le bloquer et qu’il soit obligé de franchir en s’arrêtant dedans. Il a toute la marge de manœuvre qu’il veut pour éviter les petits coups de mou qu’il y a devant lui. Donc a priori, cela va être difficile de revenir sur lui. Moi je fais avancer mon bateau pour arriver à Boston le plus vite possible. On verra à l’arrivée combien il y a de bateau devant, combien derrière... "

- Alain Gautier (Foncia), remonté de la 9e à la 5e place des multis 60 en 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures  : " S’il y a une possibilité de monter sur le podium, je vais la prendre. Même si cela fait pas mal de distance. On va tout faire pour. Sans prendre de risque inconsidéré. Il y a des petites bulles anticycloniques devant. Cela peut jouer en notre faveur.

- Karine Fauconnier (Groupama), 7e multi 60 Multi 60 #ORMA  : " On a passé le centre de la dépression (la troisième) cette nuit. On est en train d’en sortir avec toujours du vent et de la mer. Sinon, j’ai vu et touché une baleine sans gravité. La coque du flotteur a dû taper dedans. J’ai alors vu le safran passer à côté d’un aileron d’orque je crois. C’est vraiment miraculeux. D’autant que j’allais à 20 nœuds. Ca aurait pu faire des dégâts... "

- Eric Bruneel (Trilogic), 1er multi 50 : " c’est vrai que je me suis senti un peu orphelin sans Franck-Yves (Escoffier, abandon pour dérive cassée). D’un autre côté, j’ai quand même des choses à gérer jusqu’à la fin. J’ai encore deux dépressions à passer. Le bateau est extrêmement performant dès que la mer est plate dans tous les types de temps. Par contre, c’est pas des bateaux faits pour affronter les grosses dépressions comme celle qui était au nord. Moi, j’ai repiqué au sud pour redescendre dans la vallée. "

DBo./LLB

• CLASSEMENT DES MULTICOQUES 60’ A 13H00 HEURE FRANCAISE

Rang Nom Ecart Latitude Longitude Vitesse Cap
- 1 GEANT 0,0 43 59.88’ N 52 22.76’ W 22,0 215,0
- 2 SODEBO 77,9 44 20.08’ N 50 34.48’ W 19,1 242,0
- 3 GROUPAMA 153,3 45 19.92’ N 48 42.36’ W 19,3 212,0
- 4 BANQUE POPULAIRE 267,6 46 12.40’ N 46 10.60’ W 14,0 255,0
- 5 FONCIA 323,9 47 06.64’ N 44 55.12’ W 20,3 220,0
- 6 TIM-PROGETTO ITALIA 326,2 47 06.92’ N 44 50.80’ W 22,3 236,0
- 7 SERGIO TACCHINI 326,4 46 00.00’ N 44 44.88’ W 21,0 241,0
- 8 SOPRA GROUP 363,3 44 19.76’ N 43 55.16’ W 14,1 236,0
- 9 BANQUE COVEFI 430,9 43 56.00’ N 42 23.40’ W 15,4 226,0
- 10 GITANA XI 611,6 47 04.36’ N 37 50.96’ W 9,2 306,0
- 11 MEDIATIS REGION AQUITAINE 657,6 49 48.40’ N 36 49.76’ W 2,0 249,0
- ABD GITANA X

• CLASSEMENT MONOCOQUES DU 06/06/04 15:00:00 GMT

Rg Nom Skipper Dist Vit
- 1 CHEMINEES POUJOULAT-ARMOR LUX STAMM Bernard 1378 13,20
- 2 PRB RIOU Vincent 1389 12,80
- 3 PINDAR ALPHAGRAPHICS SANDERSON Mike 1400 12,10
- 4 ECOVER GOLDING Mike 1405 11,80
- 5 TEMENOS WAVRE Dominique 1465 11,6
- 6 VMI JOSSE Sébastien 1522 3,90
- 7 HELLOMOTO HUMPHREYS Conrad 1538 11,20
- 8 SKANDIA MOLONEY Nick 1552 6,20
- 9 UUDS LAURENT Herve 1562 8,10
- 10 PRO-FORM THIERCELIN Marc 1562 6,50
- 11 QUIKSILVER EDITION LIARDET Anne 1670 4,50
- 12 AUSTRIA ONE SEDLACEK Norbert 1769 8,70
- 13 ATLANTICA-CHARENTES MARITIMES LEIBOVICI Karen 1821 8,20
- 14 OBJECTIF 3 HEDRICH Charles 1931 10,50
- ABD VIRBAC DICK Jean-Pierre



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