Sea, Sail & Surf news

Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Le champagne de la victoire pour Nicolas (à gauche) et Armel

Transat AG2R

Armel Le Cléac’h : "La course a été caractérisée par un grand nombre de système météo"

"C’est la molle de la dernière dépression qui a déterminé le hiérarchie finale"

jeudi 13 mai 2004Information Transat AG2R

Armel Le Cléac’h (Groupe SCE-Le Télégramme), vainqueur de la Solitaire du Figaro Solitaire du Figaro #LaSolitaire 2003 et de la Transat Ag2r 2004 avec Nicolas Troussel revient sur sa victoire en analysant les différentes phases de cette septième édition. Une course sans escale qui se caractérise par des séquences bien définies.

Le champagne de la victoire pour Nicolas (à gauche) et Armel
Photo : F.Mousis

« La course a été caractérisée par un grand nombre de système météo et donc beaucoup d’options possibles par rapport à la précédente édition qui privilégiait une route directe. Il y a donc eu plusieurs passages importants :

le cap Finisterre, après la traversée du golfe de Gascogne, imposait de ne pas trop raser la côte pour attraper le vent de Nord-Est et il fallait donc être positionné un peu au large. C’est ce que nous n’avons pas bien fait avec Banque Populaire alors que nous étions en tête : nous n’avons pas assez arrondi le cap parce que nous voulions plonger le plus vite possible vers Madère. Nous nous sommes retrouvés dans de la molle alors que les filles de Trophée BPE ou Cercle Vert étaient plus au large et ont pris la tête. Une première petite erreur mais qui ne provoquait pas trop de retard.

La descente vers Madère, où il fallait recroiser pour gagner dans l’Ouest avec un vent de Nord-Ouest qui est rentré assez fort. Nous avons fini au largue serré vers l’archipel et plus les Figaro étaient dans l’Ouest, plus ils pouvaient attaquer sous spinnaker. Nous n’avons pas assez traversé le plan d’eau et nous avons perdu un peu de terrain par rapport à Thales ou Delta Dore par exemple. Nous passons alors troisièmes à la porte de Madère, avec 36 minutes et 3 secondes de retard sur Banque Populaire, premier, et derrière Cercle Vert. En fait, Madère s’est transformé en « nouveau départ » parce que les écarts n’étaient pas significatifs et que les favoris étaient au contact.

Le contournement de la dépression de Madère. Certains comme Cercle Vert ou Trophée BPE sont passés au Nord de l’île tandis que nous avons choisi avec Banque Populaire, Thales, Delta Dore... de glisser au Sud. Nous savions qu’il fallait passer au Nord de la dépression ce qui nous a obligé à lofer après l’île : nous avons perdu du terrain sur les nordistes qui avaient plus de vent et qui pouvaient nous « écraser » après le passage du front. Nous voulions toutefois rester à « l’intérieur » en restant caler un peu plus Sud car nous avions décidé de plonger après le passage de la dépression dont nous avons rasé le centre. Comme elle se déplaçait vite, il fallait s’échapper rapidement car l’anticyclone allait se reconstituer derrière elle avec donc moins de vent sur la route directe qu’au Sud. C’était un peu dur sur l’eau car nous avons bénéficié de moins de vent et il a fallu jouer avec les nuages pour s’en sortir, en sachant qu’au classement, nous allions perdre des places.

La plongée vers le Sud-Ouest. Après le passage du front, il fallait plonger à 40° de la route directe pour toucher les alizés plus tôt. Nous nous sommes glissés à fond sous spi avec de l’air pour conserver l’écart en latéral par rapport à nos concurrents, et seul Banque Populaire a suivi approximativement cette option mais en restant toujours un peu plus dans notre Nord. Même si nous avons perdu une cinquantaine de milles par rapport aux nordistes, rapidement l’écart s’est stabilisé par rapport au but.

Les alizés. A moins de 2000 milles de l’arrivée, nous avons touché les alizés qui nous ont permis d’allonger la foulée. Banque Populaire a compris aussi qu’il fallait gagner dans le Sud et s’est progressivement rapproché de nous en latéral. A posteriori, nous regrettons de ne pas avoir persévéré encore plus dans le Sud mais tactiquement, il fallait quand même garder le contact avec la flotte.

La dépression antillaise. A quatre jours de l’arrivée, un minimum dépressionnaire s’est creusé devant nos étraves, légèrement dans notre Nord-Ouest. Il n’y avait donc pas de vent dans le Sud de cette dépression et surtout, il ne fallait pas trop raser le centre où les calmes étaient installés. La situation n’était pas facile car les cartes météo sont moins précises dans ces zones tropicales. Après une molle de 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , nous avons réussi à nous recaler plus au Nord que Banque Populaire et Port Trébeurden, alors que tous les poursuivants avaient plongé au Sud et qu’il n’y avait plus que Cercle Vert très au Nord. Nous avons alors perdu du terrain sur Banque Populaire mais dans la nuit, nous avons passé le front et touché le vent de Nord plus tôt. Surtout qu’ensuite, plus les Figaro étaient dans l’Ouest, plus ils touchaient du vent se renforçant, donc les écarts augmentaient les deux derniers jours à l’avantage des premiers.

Le final dans les alizés rétablis. La course ne se jouait plus qu’entre Groupe SCE-Le Télégramme et Banque Populaire, car Port Trébeurden avait déjà 70 milles de retard après la dépression, alors qu’il n’en avait qu’une dizaine avant... Nous nous situions au vent (20 milles plus au Nord) de Pascal Bidégorry et Sidney Gavignet avec trente milles d’avance mais il fallait empanner pour se recaler devant leur route. Deux jours avant l’arrivée, nous avons joué pas mal avec le vent pour enchaîner des empannages afin de se glisser doucement vers le Sud Ouest jusqu’à la veille de l’arrivée où le pointage ne nous mettait plus qu’à cinq milles plus au Nord que Banque Populaire et 20 milles devant : nous avons alors pris la route directe vers Saint Barth.

En fait, c’est la molle de cette dernière dépression qui a déterminé le hiérarchie finale mais ce n’était pas évident sur les cartes, et il fallait regarder les nuages, observer le baromètre : j’étais à la barre à ce moment et il y avait deux nœuds de vent quand j’ai décidé d’empanner à 90° de la route pour aller chercher la bande de vent qui arrivait tout doucement par le Nord. Nous avons pu alors partir à huit nœuds au reaching sur la route directe tandis que dans notre Sud, nos poursuivants n’avaient toujours pas de vent... » 


• Arrivées à Saint Barthélemy 

- 1- Armel Le Cléac’h-Nicolas Troussel (Groupe SCE-Le Télégramme) en 20 jours 08 heures 49 minutes 03 secondes à 7,69 nœuds de moyenne
- 2- Pascal Bidégorry-Sidney Gavignet (Banque Populaire) en 20j10h 19’ 15’’ à 1h 30’ 12’’ du premier
- 3- Romain Attanasio-Nicolas Bérenger (Port Trébeurden) en 20j 15h 20’ 33’’ à 6h 31’ 30’’ du premier
- 4-Charles Cuadrelier-Antoine Koch (Bostik-Findley) en 20j 16h 05’ 50’’ à 7h 16’ 47’’ du premier
- 5- Jeanne Grégoire-Samantha Davies (Trophée BPE-St Nazaire-Cuba) en 20j 18h 39’ 50’’ à 9h 50’ 47’’ du premier
- 6-Jérémie Beyou-Kito de Pavant (Delta Dore) en 20j 19h 33’ 50’’ à 10h 44’ 47’’ du premier
- 7-Marc Thiercelin-Eric Drouglazet (Triskel-Brokerline) en 20j 23h 38’ 00’’ à 14h 48’ 57’’ du premier
- 8- Erwan Tabarly-Jean Luc Nélias (Thales) en 21j 00h 51’ 36’’ à 16h 02’ 33’ du premier
- 9- Christophe Arthaud-Laurent Pellucuer (Petits Petons) en 21j 00h 53’ 05’’ à 16h 04’ 02’’ du premier
- 10- Marc Lepesqueux-Bertrand Lecharpentier (Maisons Pierre) en 21j 01h 13’ 45’’ à 16h 24’ 42’’ du premier
- 11- Gildas Morvan-Dominic Vittet (Cercle Vert) en 21j 01h 24’ 45’’ à 16h 35’ 42’’ du premier
- 12- Philippe Massu-Patrice Carpentier (Guyader-L’esprit de la mer) en 21j 02h 44’ 46’’ à 17h 55’ 43’’ du premier
- 13- Rodolphe Jacq-Bertrand de Broc (Skipper AG2R) en 21j 03h 25’ 10’’ à 18h 36’ 07’’ du premier
- 14- Jean-Marc Sparfel-Benoït Lequin (Groupe Coupechoux) en 21j 06h 25’ 17’’ à 21h 36’ 14’’ du premier
- 15 -Armel Tripon-Damien Grimont (Gedimat) à 21j 06h 39’ 55’’ à 21h 50’ 52’’ du premier
- 6- Gérard Veniard-Yannick Bestaven (Charente Maritime-Scutum) en 21j 07h 35’ 36’’ à 22h 46’ 33’’ du premier
- 17- Benoît Petit-Thierry Chabagny (Défi Santé Voile) en 21j 07h 58’ 35’’ à 23h 09’ 32’’ du premier
- 18- Bruno Jourdren-Jean Christophe Mourniac (D’Aucy) en 21j 11h 04’ 30’’ à 1j 02h 15’ 27’’ du premier
- 19- Jean Paul Mouren-Alexandre Toulorge (Marseille Entreprises) en 21j 13h 14’ 32’’ à 1j 04h 25’ 29’’ du premier
- 20- Alberto Spina-Olivier de Roffignac (Monaco Marine Group) en 21 jours 14h 04’12’’ à 1j 05h 15’ 09’’ du premier
- 21- Yannig Livory-Tangi Caron (Entreprendre au Pays de Lorient) en 21j 16h 28’ 30’’ à 1j 07h 39’ 27’’ du premier
- 22- Yannick Cano-Arnaud Boissières (Béziers Méditerranée) en 21j 17h 06‘ 00’’ à 1J 08h 16’ 57’’ du premier
- 23- Christian Bos-Pierre Yves Moreau (Raynal & Roquelaure) en 21j 20h 25’ 00’ à 1j 11h 35’ 57’’ du premier
- 24- Sander Bakker-Ian Munslow (Egeria) en 22j 00h 35’ 25’’ à 1j 15h 45’ 33’’ du premier
- 25- Jean Baptiste Dejeanty-Barnabé Chivot (THT-Thirard-Caen la Mer) en 22j 01h 07’ 15’’ à 1j 16h 18’ 12’’ du premier
- 26- Jacques Einhorn-Eric Péron (Connivence) en 22j 12h 35’ 50’’
- 27- Lionel Péan-Florence Arthaud (L‚esprit d‚équipe) en 22j 13h 28’ 30’’
- 28- Christophe Bouvet-Arnaud Guillouet (SOR-TMC) en 22j 19h 24’ 42’’
- 29- Hervé Favre-Guillaume Neu Pietri (Aurélia France) en 22j 21h 31’ 06’’
- 30- Jan Hamester-Jens Hulsebusch (Spacetime) en 22j 22h 34’ 22’’
- 31- Antonio da Cruz-Olivier de la Motte (Little Black Shark)



A la une