GP La Trinité
Karine Fauconnier et Franck Cammas se tiennent en un point
Partie close-combat pour la finale entre Sergio Tacchini et Groupama
samedi 1er mai 2004 –
Rien à dire, le Grand Prix de la Trinité sur Mer a pris des allures de duel entre Sergio Tacchini et Groupama. Dans la brise, les deux meilleurs acteurs de cette première séquence de la saison n’ont pas chômé. Ils ont donné une leçon à leurs poursuivants. Seul Michel Desjoyeaux sur Géant est parvenu une fois à les détrôner. Tout se jouera dimanche entre la seule femme du circuit et le champion Orma en titre.

Samedi, il fallait aller sur le plan d’eau de la Trinité pour admirer le ballet puissant et aérien des dix multicoques dans la brise, coques fumantes entre deux trouées de soleil. Clou du spectacle : un bord de largue très musclé au début du parcours côtier, où l’on a vu les trimarans partir en survitesse à plus de 35 nœuds, planter brutalement les étraves et sortir les safrans !
Le vent d’Est est resté soutenu, entre 18 et 25 nœuds (voire 30 en fin de journée), et le clapot s’est levé au fil des grains. Ce fut donc une journée pour gros bras, faisant la part belle à la fiabilité des bateaux et à la perfection des manœuvres.
Deux parcours banane et pour finir un grand côtier de 40 milles ont été lancés où les multicoques sont allés longer la côte sauvage de Quiberon, avant de revenir sillonner la baie de la Trinité.
Karine Fauconnier et Franck Cammas en combat singulier
Sergio Tacchini et Groupama ont eux échappé aux vicissitudes de la régate dans la brise et se partagent à ce jour les victoires de cinq des six manches. Ces deux équipages survolent le Grand Prix depuis son coup d’envoi et paraissent au point dans tous les compartiments du jeu, tandis que leurs adversaires semblent encore en phase de réglage. Rapides à toutes les allures, à l’aise en tactique et sur les départs, Karine Fauconnier et ses dix équipiers sont ce soir en tête du classement, un point devant Groupama. Leur journée aurait pu être parfaite s’ils n’avaient commis une erreur de virement dans la manche 4 alors qu’ils étaient en tête...Les voilà donc partis pour défendre dimanche leur petite avance, face à un Franck Cammas qui n’a pas l’intention de donner dans la galanterie. « Demain, celui qui termine devant l’autre aura gagné » commente Benoît Briand, régleur de voile d’avant sur Groupama, « et il vaut mieux parfois être dans le rôle du chasseur que celui du chassé ». A bon entendeur...

Gloires et déboires
Derrière, le peloton est plus homogène que la veille, et on a pu assister à de belles empoignades. Dans ce groupe composé de sept bateaux, chacun a eu aujourd’hui son heure de gloire mais aussi ses moments de déboire. Dans la brise, la moindre erreur de manœuvre, la moindre défaillance technique se payent cash.
Au chapitre des déboires, Banque Covefi termine dernier de la manche 4 pour cause de gennaker récalcitrant... une mésaventure qui a bien faillit se reproduire lors de la régate suivante. Banque Populaire, souvent aux premières loges, connaît des soucis d’étai dans la manche 5, et fermera la marche. Gitana 11 sera quant à lui non partant lors de cette même manche, pour cause d’une pièce cassée dans la transmission de barre... une avarie qui lui coûte très cher au classement général. Même punition pour Foncia qui a eu la malchance de déchirer sa grand-voile, et ne termine pas le parcours côtier.
En revanche, Géant, Banque Covefi, Sopra Group ou encore Gitana X ont de quoi se réjouir puisqu’ils signent aujourd’hui leur meilleur résultat.
Michel Desjoyeaux et son équipe, notamment, semblent avoir retrouvé la forme et surtout une certaine consistance en terme de vitesse et de tactique. Et cela se voit au classement général provisoire. En progression constante samedi, ils terminent en beauté en remportant le parcours côtier, grâce à une bonne gestion de la puissance du bateau. « 4, 3 et 1, ça commence à ressembler à quelque chose en terme de résultat » avoue Michel Desjoyeaux satisfait en arrivant à quai.
Dimanche, le verdict
Demain dimanche, si les deux premières places sont pratiquement acquises, il faut s’attendre à une partie close-combat entre Sergio Tacchini et Groupama pour la victoire. Géant, troisième est relativement à l’abri sur le podium. En revanche, ce sera rude entre le reste de la flotte pour les régates de classement.
• Classement général provisoire après 6 manches
– 1 Sergio Tacchini - Karine Fauconnier, 1+3+1+2+1+2 = 10 points
– 2 Groupama - Franck Cammas, 2+1+2+1+2+3 = 11 points
– 3 Géant - Michel Desjoyeaux, 4+7+4+4+3+1 = 23 points
– 4 Banque Populaire - Lalou Roucayrol, 3+4+3+ 5+9+7 = 31 points
– 5 Gitana 11 - Fred Le Peutrec, 6+2+6+3+11+ 4 = 32 points
– 6 Banque Covefi - Steve Ravussin, 5+6+7+10+4+6 = 38 points
– 7 Sodebo - Thomas Coville, 9+5+9+6+7+5 = 41 points
– 8 Sopra Group - Philippe Monnet 8+8+8+7+5+8 = 44 points
– 9 Foncia - Alain Gautier, 7+9+5+8+6+11 = 46 points
– 10 Gitana X - Marc Guillemot, 10+10+10+9+8+9 = 56 points
– Karine Fauconnier, Sergio Tacchini : "C’était vraiment chaud. Nous aurions pu prendre un ris mais tous les bateaux ont gardé grand voile haute. Et cela donne une belle pointe à 35 nds ! Nous avons une nouvelle dérive plus longue, au maximum de la limite autorisée, comme tout le monde finalement. Il n’y a donc plus de trous de vitesse notamment au près où Groupama conservait toujours un avantage sur nous."
Info Champs Médias - Julia Huvé
– Michel Desjoyeaux : « Quatre, trois et un ... ça commence à ressembler à quelque chose ! Nous dirons que la journée a été plutôt bonne à bord de Géant. Puis cette victoire pour conclure ça fait du bien. Et, chose importante, nous avons pris vraiment beaucoup de plaisir dans le côtier. Sur les parcours bananes, au près, nous trouvons difficilement la cadence malgré que nous ayons remplacé notre nouveau Solent - le S4 - par l’habituel. Il y a du mieux mais pas au point d’accrocher le duo de tête qui a haussé son niveau surtout Karine. C’est sans doute une affaire de réglages. Par contre au portant Géant est toujours impressionnant et rassurant par sa stabilité, ce qui fait que je n’hésite pas à appuyer sur l’accélérateur. Nous le voyons dans les bords de portant des bananes où nous parvenons toujours à remonter des concurrents et puis bien sûr dans le côtier où nous avons pris la tête dans le passage de la Teignouse. Nous n’avons également pas fait d’erreurs et bien naviguer. Cela va incontestablement mieux ! »
Info Effets Mer
– Thomas Coville, Sodébo : « Le bateau est vraiment facile, même dans ces conditions météo avec des rafales parfois assez fortes, 25-27 nds réels. Nous devons progresser sur les manoeuvres. Aujourd’hui, le niveau est encore monté et une erreur, même petite, coûte trois ou quatre places. On n’est pas assez sûr de nous et du coup, on perd du temps ».
Info Corine Renié-Péretié