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Trophée Jules Verne

Geronimo en survie perd du terrain • Cheyenne accélère en Atlantique Nord

Olivier de Kersauson : "Nous ne sommes plus en course, nous subissons"

lundi 29 mars 2004Christophe Guigueno, Redaction SSS [Source RP]

La tension monte à bord de Geronimo et l’équipage d’Olivier de Kersauson se fait sérieusement secoué à l’entrée du Pacifique. L’Amiral qui en a vu d’autre est surpris par la force des éléments et confie que l’hiver les a déjà rattrapés. Heureusement, le trimaran gris reste maniable dans ces conditions même s’il reste encore la moitié du parcours à combler pour les Bretons. De l’autre côté, en Atlantique Nord cette fois-ci, les Anglo-saxons (en majorité) viennent de s’offrir deux nouveaux records à leur tableau de chasse. Et celui d’un tour du monde en 61 jours semble de plus en plus à leur portée.

A bord de Geronimo dans la baston !
Photo ALC / Rivacom

• A bord de Geronimo : « survie » pour les 11 hommes du bord

Depuis près de quatre jours, les 11 hommes de Cap Gemini et Schneider Electric vivent dans le « tambour d’une machine à laver » et tentent de s’extraire d’une mer casse bateau.

« Nous ne sommes plus en course, nous subissons. La mer est d’une violence inouïe, dangereuse, dure, glacée et dense. Elle se déplace depuis la banquise jusqu’à nos latitudes et au-dessus, à 30/35 nœuds. Je suis souvent passé ici, je n’ai jamais été attaqué de cette façon, j’ai l’impression que c’est l’hiver, et qu’on est trop tard ».

Dans la bouche d’Olivier de Kersauson ces mots ont une résonance d’une portée exceptionnelle. « La mer vient du sud et le vent est en travers de la route. Sous toilé, nous faisons des surfs à 35 nœuds. Ce n’est pas le vent qui nous maltraite, sinon il suffit de réduire la toile et Geronimo reste maniable. Là, c’est la mer qui décide, elle nous envoie au lof, où elle veut. C’est un jeu Jeu #jeu de massacre. On est en train de se faire jeter du Sud, si ça continue comme ça, on ne pourra même pas passer le Horn. La dépression est au nord et très active. Elle nous barre la route et nous oblige à remonter jusqu’à 48 ou 46 °, on se fait mettre sur la touche. On n’a encore rien pété sur Geronimo, soit il est très solide, soit c’est un miracle. Ce qui est sûr c’est que ça ne peut pas durer encore très longtemps comme ça, on va finir sur le toit. Je regarde de tous les côtés et je ne vois pas de sortie. La porte est fermée. La dépression fait 5° du nord au sud et 20° d’est en ouest. Nous sommes déjà remontés de 4°, mais ça ne suffit pas. On va être éjecté de 8 à 9°, soit près de 1000 kilomètres... Pour être clair, on est mal ».

A l’entrée du Pacifique, à mi-parcours après 32 jours de mer, en survie, l’équipage de Geronimo vit des journées épouvantables. « Il n’y a plus de jeu Jeu #jeu , plus de compétition, ça n’a rien à voir avec un record Record #sailingrecord . Notre équipage est fait pour attaquer, depuis quatre jours nous faisons le dos rond, nous subissons. Les gars sont usés physiquement. A l’intérieur, c’est impossible de dormir et dehors, c’est la java. Avec le mat seul, Geronimo part en surf Surf #Surf à 25/27 nœuds. C’est ingérable et épuisant. Didier (Ragot) est dans la bannette depuis trois jours et demi, il s’est pris un coup dans les reins. Sinon, il n’y a rien de cassé, pas de fracture, d’arcade ouverte, juste des contusions et une fatigue terrible. Nous vivons dans la brutalité en se faisant jeter de tous les côtés. C’est de la survie athlétique. »

Malgré une accalmie qui devrait intervenir dans les 12 heures, Olivier de Kersauson reste septique quant à la suite des événements. « On ne peut pas lofer. D’ici 48 heures, je n’ai aucune hypothèse, je ne sais pas. Je n’ai jamais vu ça. La porte du monde se ferme, je ne sais pas quoi faire. C’est impraticable, je ne peux pas faire la route, c’est trop dangereux. On finirait sur le toit. En météo, on dit que le pire n’est jamais sûr et si on ne se le dit pas, il vaut mieux arrêter tout de suite. Ce qui est sûr en revanche, c’est que je ne ferai pas n’importe quoi pour réussir à passer le Horn. Si ça n’évolue pas, nous devrons fuir et oublier le record Record #sailingrecord . On n’est pas en Atlantique dans la tempête, ou il y a du monde sur l’eau. Ici, si on se met sur le toit, on est mort ».

D’ici deux à trois jours, le team Cap Gemini/Schneider Electric évaluera la réalité du risque à poursuivre sa chasse au record. Actuellement, Olivier de Kersauson ne peut que constater l’impossibilité à « passer » au beau milieu de montagnes russes d’eau glacée qui se déplacent avec une violence et une rapidité effroyables. « Si on ne trouve pas le moyen de sortir de là d’ici 72 heures, si les vents restent comme cela je ne descends pas, je fais demi-tour et je bâche, c’est trop dangereux. C’est un coup à se retrouver sur le toit et à péter le bateau. Si l’on réussit à trouver un système cohérent... mais je ne sais pas, on est dans la grande interrogation. J’ai demandé à terre, à ceux qui s’occupent de la météo pour nous, de trouver un passage. Mais aujourd’hui, le passage n’existe pas du tout...... »

• Position Jour 32

Geronimo : 51°00S 179°01W
- Distance en 24H : 448 milles
- Moyenne : 18,67

Record 2002 : 54°04S 147°09E
- Distance en 24H : 489 milles
- Moyenne : 20,4

• Temps de passage à l’Antiméridien
- Geronimo : 31 J 22H 53 mn
- Record 2002 : 34 J 9 H 20 mn
- Avance Geronimo : 2 Jours 11 Heures 07 minutes

Information Rivacom pour Geronimo. A suivre sur http://www.trimaran-geronimo.com


• A bord de Cheyenne : moins de 3000 milles du but

Depuis dimanche, Steve Fossett et son équipage son de retour en Atlantique Nord. Le catamaran géant a perdu du temps avant son arrivée au Cap Horn mais sa remontée le long des côtes Brésiliennes lui ont été profitables.

Alors qu’Orange, en 2002, avait traversé l’Atlantique Sud en diagonale, Cheyenne a pu, cette année, couper au plus vite du sud au Nord. C’est ainsi qu’il a remonté sur avance sur le chrono du record autour du monde en équipage sans escale à trois bonnes journées. Malgré une journée de Pot-Au-Noir à 269 milles au compteur pour une moyenne de moins de 12 noeuds, plus rien ne devrait empêcher le détenteur du record de l’Atlantique Record de l'Atlantique #SailingAtlanticRecord de s’attribuer le nouveau temps de référence. Il suffit au 15 de Cheyenne de rejoindre Ouessant à 9,23 noeuds de vitesse Vitesse #speedsailing moyenne pour s’offrir le trophée (mais pas le Trophée Jules Verne pour lequel l’équipage américain ne concourt pas).

Entre temps, le maxi-catamaran de 38 mètres de long s’est offert deux nouveaux records ! En rejoignant l’équateur après 50 jours 3 heures et 3 minutes depuis Ouessant en passant par les trois caps (Bonne Espérance, Leeuwin et Horn), Cheyenne a amélioré le temps d’Orange de 3 jours et une heure (ce qui le place vers un tour du monde en 61 jours et 7 heures). Il s’est aussi attribué le record entre le Cap Horn et l’Equateur avec un temps de 10 jours 6 heures et 47 minutes, soit 7 heures de mieux que Club Med (sister-ship d’Orange 1) lors de The Race en 2001.

Le premier surpris est Steve Fossett. Le multi-milliardaire multi-recordman commentait ce matin : "Nous sommes très surpris d’apprendre que nous avons établi un nouveau record sur le segment du parcours entre le Cap Horn et l’équateur. Nous pensions que nous n’avions pas de chance avec la météo car on a ralenti cinq fois à cause du manque de vent. Sans doute que l’Atlantique Sud est toujours difficile et que les autres équipages ont connu les mêmes soucis."

CG

• Day 51

- Latitude : 03 48.000 N
- Longitude : 28 59.000 W
- Avg Speed : 18.29 kts
- Dist. to Finish : 2960.32 nm
- Required Avg Speed : 9.23 kts
- Avance : 1125 milles
- Passage à l’équateur après 50 jours 3 heures et 3 minutes depuis Ouessant

Source Fossett Challenge



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